Opinion
Feiglin, Hitler et
Netanyahou : compétition au Likoud
Alain
Gresh
Alain
Gresh
Lundi 30 janvier
2012
« Faisons du Pays des Juifs un Pays
Juif. » Cette fière devise surplombe le
site
Manhigut Yehudit (« Leadership juif
»), dont le fondateur est Moshe Feiglin,
un député du Likoud. Le 31 janvier, il
affronte Benyamin Netanyahou pour le
leadership du parti. Que cet homme qui
vit dans une colonie de Cisjordanie,
condamné à six mois de prison (commués
en travaux d’intérêt général) pour sa
campagne de désobéissance civile contre
les accords d’Oslo de 1993, puisse
briguer la direction du principal parti
d’Israël en dit long sur la dérive
fascisante de ce pays. On connaissait
déjà Avigdor Lieberman, le ministre des
affaires étrangères, que ses thèses
racistes auraient rendu persona non
grata dans n’importe quelle démocratie
qui se respecte. On a maintenant Feiglin,
qui n’a pas hésité à faire l’éloge
d’Adolf Hitler.
On ne peut en tout cas pas lui
reprocher de cacher ses opinions. Il a
salué « l’acte de résistance »
que représente, selon lui, le meurtre
par l’extrémiste juif Baruch Goldstein,
en févier 1994, de vingt-trois fidèles
musulmans qui priaient dans la mosquée
de Hébron. Bien évidemment, il est
favorable à l’annexion de tous les
territoires palestiniens et prône le
transfert des Palestiniens, comme
l’indique la devise de son site prônant
de transformer la terre en « pays juif
».
La solution est d’autant plus facile
que, pour lui, comme d’ailleurs pour les
candidats républicains à la primaire aux
Etats-Unis (Newt Gingrich et Mitt
Romney), les Palestiniens n’existent pas
: il n’y a que des gens parlant arabe
qu’il faut encourager à aller
s’installer dans un pays arabe. Pour
cela, rien de plus facile : couper l’eau
et l’électricité aux habitants non juifs
de la Cisjordanie.
Dans un entretien au quotidien
Haaretz, en 1995, il disait : «
Hitler était un génie militaire inégalé.
Le nazisme a fait passer l’Allemagne
d’un bas niveau à un niveau physique et
idéologique fantastique. Les jeunes
loqueteux ont été transformés en une
catégorie propre et ordonnée de la
société et l’Allemagne a disposé d’un
régime exemplaire, d’un système de
justice adéquat et de l’ordre public.
Hitler aimait la bonne musique. Il
pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas
une bande de voyous. » (lire Khalid
Amayreh,
« Likud Leader, Moshe Feiglin, Israel’s
Emerging Hitler, to Join Parliament »,
Al-Jazeera, décembre 2008.)
Pour les Français de l’étranger qui
voteront aux élections législatives dans
une dizaine de circonscriptions, le site
de Feiglin appelle les Israéliens
disposant d’un passeport français à
voter pour Philippe Karsenty, un
illuminé qui se bat depuis des années
pour essayer de montrer que le
journaliste de France 2 Charles Enderlin
est un imposteur et que l’affaire de
l’enfant palestinien tué aux premiers
jours de la seconde Intifada, Mohammed
Al-Doura, est une mise en scène. Selon
ce site, ce « combattant de la vérité
» est un « véritable ami d’Israël
». De l’Israël que représente
Feiglin, cela ne fait aucun doute…
En 2008, le gouvernement britannique
a décidé de l’interdire d’entrée sur le
territoire. Mais Feiglin est-il un
marginal ? on peut en douter. Lors des
primaires d’août 2007 du Likoud, il
obtenait 24% des voix et, en décembre
2008, il arrivait à la vingtième place
sur 140 candidats pour la liste des
députés (il sera rétrogradé par
Netanyahou). On le crédite de 25 à 30%
des suffrages dans la compétition du 31
janvier au sein du Likoud.
Comme le fait remarquer Akiva Eldar
dans Haaretz du 30 janvier («
Netanyahu or Feiglin, Israel’s future
still looks dark »), Feiglin sert
aussi à faire apparaître Netanyahou
comme un « modéré », alors même que le
premier ministre israélien applique à la
lettre la politique voulue par ces
extrémistes, refuse toute véritable
négociation et étend la colonisation.
Eldar conclut ironiquement en appelant à
voter pour Feiglin-yahou !
Les
chrétiens d’Orient
Université populaire à
Paris, samedi 4 février
2012.
Séance 1 : L’histoire des
chrétiens d’Orient, avec
Joseph Maïla (professeur de
sociologie politique et de
relations internationales,
directeur de la prospective
au ministère des affaires
étrangères).
Séance 2 : Appréhender
les « minorités religieuses
» au Proche/Moyen Orient,
avec Rudolf El-Kareh
(professeur de sciences
sociales et politiques ayant
exercé au Liban [UL], en
France à l’IEP
d’Aix-en-Provence,
l’Université d’Aix-Marseille
et au Canada...).
Séance 3 : Les coptes
d’Egypte, par Laure Guirguis
(Doctorante à l’EHESS, Paris
et au CEDEJ, Le Caire).
Participation : 20 euros
par cycle (12 euros pour les
étudiants et les demandeurs
d’emploi). Formule
d’abonnement annuel : 120
euros pour l’ensemble des
sessions (80 pour les
étudiants et les demandeurs
d’emploi).
Horaires : séance 1,
10h30-12h30 ; séance 2,
14h-16h ; séance 3,
16h15-18h15.
Contact et inscription :
universite-populaire[@]iremmo.org.
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