Palestine
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Piège
infernal
Rania Adel
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Palestine
. Rien ne permet de prédire un futur rapprochement entre
les deux principales factions qui se tournent le dos.
Photo Al-Ahram
Mercredi 29 août 2007
Voir les
Palestiniens transcender leurs divergences et s’unir à nouveau
? C’est un rêve qui s’avère de plus en plus lointain. La
rupture entre le Fatah du président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbass et le Hamas qui impose son pouvoir
sur la bande de Gaza va grandissant, réduisant ainsi les chances
d’une proche réconciliation. Responsables palestiniens et
observateurs l’affirment. Le porte-parole du Fatah, Ahmad
Abdel-Rahmane, a réitéré cette semaine la position de son
groupe : tout dialogue avec le Hamas sera considéré comme une
reconnaissance de la légitimité de son coup d’Etat. M. Abbass
a, à plusieurs reprises, indiqué qu’il conditionnait l’idée
d’un dialogue avec le Hamas à la remise préalable du pouvoir
dans la bande de Gaza, que le mouvement islamiste a pris par la
force le 15 juin dernier, après une semaine de combats avec les
forces fidèles au Fatah, qui ont fait plus de cent morts.
Or, si le Fatah
refuse de dialoguer avec le Hamas, ce dernier estime que si la réconciliation
interpalestinienne est dans l’impasse, c’est la faute au Fatah
qui est soumis à des pressions américaines et israéliennes. Le
chef du mouvement islamiste palestinien du Hamas, Khaled Mechaal,
a affirmé qu’« Israël menace le chef de l’Autorité pour
l’empêcher de dialoguer avec le Hamas » et que « les
Etats-Unis font pression sur toutes les parties dans la région
pour empêcher toute rencontre Hamas-Fatah ».
Deux avis diamétralement
opposés. Ce qui rend difficile une nouvelle unification des rangs
palestiniens. « La dissidence ne sert que les plans américano-israéliens.
On n’a qu’à poursuivre les efforts visant la réconciliation
malgré tous les défis qui se dressent devant nous », dit pour
sa part le porte-parole du Djihad.
Un observateur résume
ainsi la situation. « La situation interpalestinienne laisse à désirer.
Nous sommes devant une situation assez compliquée. D’une part,
le gouvernement Fayyad est soutenu par la communauté
internationale, il multiplie ses contacts avec Israël afin de
gagner la sympathie du peuple palestinien et lui montrer qu’il
agit pour son intérêt. D’autre part, le gouvernement du Hamas
a le sentiment qu’il est combattu et que les critiques fusent de
tous côtés sur lui, plus il est isolé plus il tient à ses idéologies
et plus il prône la poursuite de la lutte armée. Il se sent
choisi par le peuple et n’est pas prêt à délaisser le pouvoir
». Selon ce dernier, la coupure de l’électricité dans la
bande de Gaza n’est qu’un épisode dans l’isolement du Hamas.
Tumultes à Gaza
C’est ce qui
explique les échauffourées qui ont éclaté vendredi entre des
miliciens du Hamas et des partisans du Fatah à Gaza. Les
miliciens du Hamas ont ouvert le feu au-dessus de plusieurs
centaines de manifestants qui s’étaient regroupés après les
prières du vendredi pour participer à un rassemblement organisé
par le Fatah. Les protestataires ont convergé vers un ancien
complexe du Fatah dans la ville de Gaza, désormais occupé par le
Hamas, scandant des slogans favorables au mouvement du président
Mahmoud Abbass, lançant des pierres et des bouteilles vides et
agitant des drapeaux du Fatah. Le porte-parole de la Force exécutive
du mouvement islamiste, Islam Chahouan, a indiqué que les coups
de feu étaient des tirs dirigés en l’air, à titre
d’avertissement. « Nous les avons autorisés à se rassembler
dans la plus grande liberté mais ils ont commencé à scander des
jurons et ont attaqué le centre de sécurité avec des pierres »,
a déclaré Chahouan.
C’est la deuxième
fois en l’espace de quelques semaines que des incidents violents
opposent des hommes du Hamas à des partisans du Fatah. Des représentants
du Fatah accusent le Hamas d’avoir arrêté des centaines de
leurs hommes depuis la prise de contrôle de Gaza. Une centaine
est encore en prison et beaucoup ont été torturés,
ajoutent-ils.
Le Hamas assure que
toutes ces arrestations relevaient de délits de droit commun et
n’avaient aucun caractère politique. Il fait valoir, par
ailleurs, que les forces de sécurité du Fatah ont arrêté un
demi-millier de ses partisans en Cisjordanie. Mais, la pression
visant des journalistes et des opposants politiques semble prendre
de l’ampleur. Des dizaines de journalistes palestiniens ont
participé dimanche dans la ville de Gaza à un sit-in de
protestation contre les pressions que le Hamas exerce sur les médias
depuis sa prise de contrôle de ce territoire à la mi-juin. Plus
de cent journalistes se sont rassemblés devant le siège de l’Union
des journalistes au centre de Gaza, pour protester contre la brève
interpellation vendredi de quatre des leurs par des miliciens du
Hamas. Vendredi, plusieurs hommes du Hamas chargés de la sécurité
ont ainsi tenté de confisquer la caméra d’un reporter de
Reuters TV qui filmait la manifestation.
Les miliciens du
Hamas ont également interpellé un photographe travaillant pour
l’Agence France Presse et un cameraman de la chaîne télévisée
russe Russia Today. Ils ont aussi cassé une caméra de télévision
appartenant à la chaîne en langue arabe Al-Arabiya. Un autre
reporter a été vu en train d’être emmené à bord d’une
voiture du Hamas, mais les hommes armés avaient couvert son
visage, et on ignorait dans l’immédiat son identité.
Un porte-parole de
la milice du Hamas, Saber Khalifa, a affirmé qu’aucun
protestataire n’avait été blessé. Il n’a fait aucun
commentaire sur l’arrestation des reporters. Tentant de ne pas
donner une mauvaise image de son mouvement, le porte-parole du
ministre de l’Intérieur du Hamas dans la bande de Gaza, Ehab
Al-Ghsain, a prévenu que si ce type de violences était avéré,
des sanctions seraient prononcées contre leurs auteurs. En
attendant, les Palestiniens sont pris au piège dans un triangle
infernal : Le Fatah, Le Hamas et Israël, principal bénéficiaire
de ce chaos.
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Hebdo
Publié le 29 août 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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