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Iraq
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Horizon de retrait
Hicham Mourad
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Photo Al-Ahram
Mercredi 27 août 2008
Iraq. Un
accord sur le statut futur des troupes américaines a été
finalisé par les négociateurs, prévoyant un retrait à la fin
2011. Mais plusieurs détails restent en suspens.
C’est « presque » fini. Les
négociations sur un pacte de sécurité iraqo-américain sont
terminées et le projet d’accord, qui prévoit notamment un départ
des forces américaines à l’horizon 2011 selon un négociateur
iraqien, est désormais entre les mains des dirigeants des deux
pays. « A la fin 2011, les troupes américaines se retireront
d’Iraq », a souligné Mohammed Al-Haj Hammoud, chef des
négociateurs iraqiens sur le futur statut des troupes
américaines en Iraq, avant d’ajouter : « Il existe toutefois une
clause stipulant que le retrait peut avoir lieu avant 2011 ou
que la présence peut être prolongée après 2011 en fonction de la
situation ».
Selon M. Hammoud, au-delà de
2011, soit plus de huit ans après l’invasion par les forces de
la coalition, il restera en Iraq « un certain nombre de troupes,
en appui ou pour entraîner les forces iraqiennes. Le nombre de
bases militaires américaines dépendra des effectifs et de leurs
besoins », a-t-il noté.
Mais le premier ministre, Nouri
Al-Maliki, a indiqué que son pays était parvenu à un accord avec
les Etats-Unis selon lequel il n’y aura plus de troupes
étrangères en Iraq après 2011. « Il y a un accord entre les deux
parties pour qu’il n’y ait plus aucun soldat étranger en Iraq
après 2011 », a-t-il affirmé lundi devant des chefs de tribus. «
Les intérêts nationaux de l’Etat nous commandent à avoir un
calendrier précis (sur la fin de la présence militaire) et nous
n’accepterons pas de signer un accord sans un tel calendrier »,
a-t-il ajouté. Les propos de M. Maliki ont été immédiatement
démentis par la Maison Blanche qui a indiqué que les Etats-Unis
n’avaient pas encore trouvé d’accord final avec l’Iraq sur le
statut futur des troupes américaines. « Les discussions
continuent, nous n’avons toujours pas finalisé d’accord », a
déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, Tony Fratto. «
Jusqu’à ce que nous en ayons un, il n’y a pas d’accord », a de
son côté insisté Robert Wood, porte-parole du département
d’Etat, refusant en outre de commenter la date de 2011 avancée
par M. Maliki.
Le premier ministre iraqien avait
demandé des modifications du projet d’accord sur le statut futur
des forces américaines. « Dans l’accord, il reste des points en
suspens qui ne peuvent être approuvés dans l’état et qui
nécessitent des modifications préservant totalement la
souveraineté de l’Iraq », a affirmé dimanche un communiqué du
Conseil Suprême Islamique en Iraq (CSII), dirigé par Abdel-Aziz
Al-Hakim, citant les propos tenus samedi par M. Maliki devant
les responsables de cette formation chiite, une des principales
composantes gouvernementales. Les commentaires de M. Maliki ont
été faits lors d’une réunion avec l’Alliance Iraqienne Unifiée
(AIU), le bloc chiite dont le CSII et le parti Dawa sont les
deux principales composantes.
M. Maliki va encore devoir
convaincre les responsables politiques du bien-fondé du pacte.
Le texte doit être discuté d’abord par le Conseil exécutif, une
instance regroupant le Conseil présidentiel (le président kurde
Jalal Talabani et les deux vice-présidents chiite et sunnite),
le premier ministre et le président de la région autonome kurde
Massoud Barzani. Le projet de loi devra être ensuite voté par le
Parlement puis approuvé par le Conseil présidentiel. Les plus
hostiles au pacte sont les partisans du chef radical chiite
Moqtada Sadr, qui ont manifesté après la prière du vendredi à
Koufa (centre) et scandé : « Nous ne tolérerons pas que l’Iraq
devienne une colonie américaine ».
Les Iraqiens considèrent
cependant comme une victoire le fait d’obtenir un calendrier de
retrait longtemps refusé par les Etats-Unis. Autre point
sensible sur lequel les Iraqiens se sont montrés insistants : la
fin de l’immunité pour les employés des compagnies privées de
sécurité travaillant avec les forces de la coalition. « Dans les
négociations sur le Sofa, le gouvernement iraqien n’a accepté
aucune immunité » pour ces compagnies, a récemment affirmé le
porte-parole Ali Al-Dabbagh. S’agissant de l’immunité des
soldats américains, M. Hammoud a répondu que des comités étaient
« prévus (...) pour examiner les problèmes de violation de la
loi iraqienne par des troupes » américaines.
Objectif et non une échéance
ferme
Après avoir refusé pendant des
années de se laisser lier les mains par des dates trop précises,
le président américain George W. Bush semblait aujourd’hui prêt
à accepter un calendrier de retrait total des troupes
américaines d’Iraq d’ici fin 2011. La Maison Blanche, qui avait
par le passé qualifié de « reddition » face aux extrémistes
islamistes l’acceptation d’un calendrier défini, s’est défendue
d’avoir changé de cap, alors qu’il commençait à y avoir des
fuites sur les détails de l’accord.
Les responsables américains
soulignent que la date évoquée dans le projet d’accord est un
objectif et non une échéance ferme, et que son respect exigera
des progrès continus en matière politique, économique et de
sécurité. « Le président et tous les Américains veulent voir
rentrer les soldats à la maison, mais pas avant que le travail
soit fait et que des progrès supplémentaires soient accomplis »,
a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe.
En outre, l’évocation d’une possible fin de l’occupation
américaine a été rendue possible seulement « grâce aux gains
réalisés sur le front de la sécurité depuis que le président a
ordonné l’envoi de cinq brigades de combat en renfort en Iraq en
janvier » 2007, qui sont depuis rentrées, a-t-il fait valoir. «
La sécurité à Bagdad a permis au gouvernement d’avancer sur le
plan de la réconciliation nationale et de faire certains progrès
politiques que nous souhaitions tous », a-t-il souligné.
Mais les résultats de la
politique du président Bush restent mitigés : elle a certes
contribué à une baisse des violences mais a échoué à transférer
aux Iraqiens la responsabilité de leur sécurité en novembre
2007, comme l’espérait M. Bush, ou encore à faire passer des
législations considérées comme cruciales par Washington pour
unifier le pays et ses trois principales communautés (chiites,
sunnites et kurdes). Les autorités iraqiennes ont récemment
reporté des élections provinciales prévues le 1er octobre et
l’Onu a même émis de sérieux doutes sur la tenue cette année du
scrutin considéré comme une étape majeure pour ramener la frange
sunnite de la population dans le champ politique. Les députés
iraqiens tardent également à approuver une loi sur le pétrole
qui vise notamment à cadrer la redistribution des revenus
pétroliers entre les 18 provinces iraqiennes, un texte que les
Etats-Unis estiment fondamental pour la stabilisation de l’Iraq.
Droits de
reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 27
août
2008 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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