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Nouveau
gouvernement, mêmes défis
Rania Adel
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Palestine
. A peine formé, le nouveau gouvernement d’union
nationale fait face à un certain nombre de difficultés, avec en
premier lieu le refus d’Israël de reprendre les négociations
de paix.

Attendu
depuis des mois, le gouvernement palestinien d’union nationale a
finalement vu le jour sans pour autant apporter avec lui
l’espoir d’une levée totale du boycott international auquel
sont soumis les territoires palestiniens depuis l’arrivée au
pouvoir du gouvernement du Hamas. En effet, au lendemain de
l’investiture du cabinet Fatah-Hamas, Israël a exclu de traiter
avec la nouvelle équipe, tout en soulignant que le président
Mahmoud Abbass restera son interlocuteur, et a appelé la
communauté internationale à en faire autant. Cette position
affichée par le premier ministre israélien Ehud Olmert a été
approuvée dimanche par le gouvernement israélien lors d’un
vote en Conseil des ministres (19 voix pour, aucune contre, deux
abstentions). Le premier ministre israélien a également indiqué
que les discussions avec le président Abbass seraient « surtout
liées aux conditions de vie » des Palestiniens, excluant, pour
le moment, des négociations sur le règlement de paix final du
conflit israélo-palestinien. Une position qui n’est pas étrange
d’un Etat qui n’a cessé de tergiverser à maintes reprises
toute discussion sur le statut final. « Israël avait tant refusé
de traiter avec le Hamas ; et aujourd’hui lorsqu’il y a eu un
gouvernement d’union, il maintient sa position car il ne trouve
pas un prétexte qui lui permet de ne pas mettre le processus de
paix sur les rails. La réaction d’Israël est contradictoire,
comment accepte-t-il de traiter avec M. Abbass tout en rejetant de
traiter avec des ministres nommés par Abbass ? », souligne un
politologue.
Jusqu’à
présent, la communauté internationale avait maintenu un cap de
fermeté à l’égard du précédent gouvernement palestinien,
totalement du Hamas, en exigeant le renoncement à la violence, la
reconnaissance de l’Etat d’Israël et le respect des accords
passés, les trois principes posés par le Quartette (Union européenne,
Nations-Unies, Russie et Etats-Unis).
Tergiversations
occidentales
Pourtant,
dès l’entrée en fonction du nouveau gouvernement palestinien,
les premières brèches sont apparues samedi au sein de la
communauté internationale. La Norvège, un donateur majeur des
Palestiniens, a immédiatement annoncé la reprise de son aide. La
Norvège n’est pas membre de l’Union européenne mais un des
plus importants contributeurs de l’Autorité palestinienne,
ainsi qu’un acteur majeur dans les discussions en vue de
relancer les efforts de paix au Proche-Orient. Des négociations
secrètes à Oslo avaient débouché sur l’accord de paix
historique entre Israéliens et Palestiniens de 1993.
La
Grande-Bretagne, la France et l’Onu ont laissé entrevoir un
possible infléchissement de leur position en fonction des actes
du cabinet de coalition. Mais ni les Etats-Unis ni l’Union européenne
n’ont annoncé de changements notables de leurs positions. Dans
un communiqué publié dimanche par la présidence allemande, les
Vingt-Sept ont réaffirmé leur souhait de « travailler et prêter
assistance à un gouvernement palestinien légitime reflétant les
principes du Quartette ».
Quant
à l’Administration Bush, elle a jugé le discours
d’investiture du premier ministre palestinien « décevant et
incohérent par rapport aux principes du Quartette ». Selon le département
d’Etat, les Etats-Unis continueront de s’adresser au président
Mahmoud Abbass, du Fatah. M. Haniyeh a réitéré, dans son
discours devant le Parlement, le droit des Palestiniens à la résistance
tout en promettant d’œuvrer en vue d’instaurer une trêve
dans les violences. Il a affirmé que son gouvernement œuvrerait
à la « création d’un Etat palestinien indépendant, jouissant
d’une pleine souveraineté sur les territoires occupés en 1967
» sans toutefois parler du droit d’Israël à l’existence aux
côtés de cet Etat. Il a ajouté que le nouvel exécutif
rechercherait « une solution rapide » basée sur un échange de
prisonniers en ce qui concerne le soldat israélien captif dans la
bande de Gaza, le caporal Gilad Shalit, enlevé en juin.
S’agissant
des accords internationaux antérieurs signés par l’OLP, le
gouvernement désigné prévoit de les « respecter » et appelle
à des négociations de paix avec Israël dans lesquelles il
serait représenté par Mahmoud Abbass ; tout accord futur sera
soumis à un référendum national, ce qui suggère que le Hamas
ne disposera pas de droit de veto. Le programme appelle en outre
à prolonger le cessez-le-feu avec Israël tout en « affirmant la
résistance sous toutes ses formes, en particulier la résistance
non-violente à l’occupation ».
La
formulation du programme de gouvernement, finalisé vendredi soir,
a été adoucie par rapport au projet rendu public plus tôt cette
semaine, mais le texte ne comprend toujours pas la reconnaissance
explicite d’Israël pas plus que le renoncement à la violence.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass, issu
du Fatah modéré, a pourtant déclaré samedi devant le Conseil Législatif
Palestinien (CLP) à Gaza que les Palestiniens rejetaient « la
violence sous toutes ses formes » et qu’ils tendaient la main
à Israël « pour parvenir à la paix dans la liberté et l’égalité
».
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