Opinion

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Le
rêve brisé d'un Etat palestinien avant 2008
Morsi Attala
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Mercredi 4 juin 2008
Si
les etats-unis étaient sérieux dans leurs incessantes
déclarations confirmant la nécessité de la création d’un Etat
palestinien coexistant aux côtés de l’Etat hébreux, alors
pourquoi insistent-ils à prendre cette position floue au niveau
des conditions draconiennes qu’Israël met en avant sur la table
des négociations ? Des conditions qui sont devenues une
provocation pour les Arabes, et un véritable défi pour toute la
communauté internationale.
Les
Etats-Unis continuent de prétendre vouloir réinstaurer la
confiance entre les Palestiniens et les Israéliens en parvenant
à un accord de paix avant la fin de l’année 2008. A un moment où
le discours politique et médiatique de l’Administration du
président Bush montre que la guerre agressive et atroce que les
Israéliens continuent de déclencher contre le peuple palestinien
est considérée comme une autodéfense et qu’il est donc
nécessaire à l’ombre de telles conjonctures de protéger Israël
politiquement.
Quelle est donc cette logique ou la mentalité qui pourrait
comprendre et assimiler les propos mielleux de Bush sur la
nécessité de créer deux Etats ? Alors que ce qui se passe sur le
terrain montre que le feu vert américain continue à garantir à
Israël une véritable liberté de mouvement dans ses ravages
anti-palestiniens. Israël poursuit aussi ses humiliations contre
les leaders élus en faisant accroître l’esprit de vengeance et
d’animosité devant la possibilité de mettre en place un Etat
palestinien et de jeter les fondements d’une paix réelle dans la
région.
En
réalité, si les Etats-Unis avaient réussi pendant de longues
années à duper le monde arabe par des propos creux et à
satisfaire Israël en le soutenant effectivement sur le terrain.
Il est clair aujourd’hui que l’Amérique se dupe elle-même avant
de duper quiconque si elle croit que ses propos peuvent couvrir
ses actes qui sont plus que jamais divulgués et dévoilés au
grand jour.
Il
est clair et net que les Etats-Unis parlent en ayant recours à
des propos doux et éloquents pour cantonner toute l’impasse
actuelle sous l’intitulé « lutte contre le terrorisme ». Alors
que tous les témoignages confirment que le terrorisme est une
fabrication israélienne par les méthodes les plus atroces et les
plus insolentes et que ses pratiques barbares sont l’un des plus
importants facteurs provoquant les sentiments.
Si
Washington n’arrête pas immédiatement la politique qu’elle
adopte vis-à-vis des Arabes et qui consiste à leur répéter de
beaux mots creux et si elle n’arrête pas son soutien absolu et
illimité à Israël, les discours sur un espoir en un rôle
américain sérieux et décisif seraient une pure illusion.
Cependant, nous devons nous attendre à toutes les éventualités,
parce que le piétinement actuel de l’Administration Bush nous
oblige à prévoir les pires surprises. Des surprises qui nous
rappellent ses propos provoquants et allant à l’encontre de la
justice et de la légitimité internationale, et qu’il a prononcés
devant la Knesset.
Après les propos de Bush devant la Knesset et le Forum
économique mondial à Charm Al-Cheikh (Davos), il ne fait aucun
doute que nous sommes une nation ciblée. Il nous faut alors
reconsidérer et réarranger nos situations, fortifier nos
emplacements et accroître nos capacités. Ceux qui font peu de
cas de nous et prennent à la légère nos droits légitimes doivent
comprendre que nous ne sommes pas une nation d’esclaves. Et que
malgré les facteurs de faiblesse et de carence et malgré les
scènes d’impuissances et de division qui nous ont frappés, les
éléments d’unité et de complémentarité existent toujours et ne
se sont pas effacés.
Ils
veulent que notre nation continuent à gésir sous l’emprise de
l’occupation et d’accepter le fait accompli sans négocier quoi
que ce soit. Et donc il ne faut pas parler du droit de retour,
il ne faut pas ouvrir le dossier de Jérusalem ni penser à
disloquer les colonies israéliennes pour ne pas susciter la
colère d’Israël.
L’actuelle Administration américaine a dépassé toutes les bornes
dans son alignement aveugle à Israël, et à cause d’elle la
nation arabe est passée par de nombreuses difficultés et crises.
Cette Administration a dépassé celles qui l’ont précédée au
niveau de l’insolence et du recours à la politique de deux
poids, deux mesures au niveau de tous les dossiers relatifs au
Moyen-Orient.
Aujourd’hui, il est plus que jamais évident que le rêve d’une
paix qui se réalisera avant 2008 n’est que pure illusion. La
réalité est choquante, mais nous devons l’affronter. A mon avis,
le mouvement de l’histoire est en notre faveur, même si l’état
actuel perdure et quels que soient les déséquilibres de force
qui dominent actuellement.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 4 juin 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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