Opinion
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La
médiation égyptienne pour une trêve à Gaza
Wahid
Abdel-Méguid
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Mercredi 2 juillet 2008
La
trêve que l’Egypte a réussi à conclure entre Israël et le Hamas
a ouvert la porte à l’arrangement d’un dialogue national
palestinien. Ce dernier pourrait à son tour ouvrir la porte à un
changement de l’équation palestino-israélienne et sauver la
cause palestinienne qui, un jour, était la principale cause des
Arabes.
Cette cause était au départ un conflit bilatéral. Par la suite,
elle est devenue un conflit tripartite. En effet, les
Palestiniens dont les terres et les droits ont été violés se
sont divisés en deux clans. Chaque clan accuse l’autre d’avoir
violé la légitimité. De l’autre côté, la partie usurpatrice et
colonisatrice, à savoir Israël, est désormais en position de
force bien qu’elle apparaisse plus faible qu’auparavant dans la
balance régionale.
Les deux clans
palestiniens en conflit sont depuis plus d’un an dans un match
nul bien que chacun d’eux sache parfaitement qu’il ne peut faire
flancher l’autre. De plus, l’un des deux clans est entré dans
des négociations improvisées avec Israël. Des négociations qui
ne sont régies par aucune règle ni ne sont basées sur les
précédentes négociations. Ce clan a prétendu pendant des mois
qu’il négociait sérieusement avant de réaliser, un peu tard, que
la promesse de George Bush sur l’Etat palestinien n’était qu’un
leurre. Il n’avait pas besoin de tout ce temps pour réaliser
cela, car l’Administration américaine qui a présenté l’idée de
deux Etats pour deux peuples ne possède aucun crédit lui
permettant d’être prise au sérieux.
Quant à
l’autre clan, à savoir le Hamas, il a continué à adopter son
discours défavorable sans entreprendre d’action de résistance.
En fait, cette résistance se limite au lancement de missiles
primitifs sur le sud d’Israël. Par la suite, il a utilisé cette
« résistance » comme moyen de pression pour réaliser la trêve.
Il a ainsi réalisé une première dans l’histoire de la lutte pour
la libération nationale qui peut être simplifiée dans un emblème
implicite : « Nous continuerons la résistance si vous n’acceptez
pas la trêve (ou plutôt l’accalmie) ». C’est ainsi que la
résistance est devenue pour la première fois dans l’histoire
palestinienne un moyen de parvenir à la trêve et non seulement à
la libération.
C’est ainsi
que les deux clans palestiniens antagonistes se sont surpassés
dans la fabrication de l’illusion et dans sa propagation. L’un
au nom des négociations et l’autre au nom de la résistance.
Bien que tous
les ponts aient été coupés entre les deux clans, l’Egypte a
continué à les aider. En effet, chacun a campé sur ses positions
et s’est abstenu de prendre un seul pas dans la direction de
l’autre, même si c’était pour sauver le peuple de Gaza étranglé
par l’embargo imposé par Israël. Il est vrai que la réouverture
du passage de Rafah ne contribue que peu à alléger cet embargo,
car tous les autres passages se trouvent sous la domination
d’Israël. Cependant, les deux autorités de Gaza et de la
Cisjordanie ont adopté une nonchalance étonnante face à la
souffrance de plus d’un million de Palestiniens. Par conséquent,
il a été impossible de parvenir à une entente sur la manière de
gérer ce passage jusqu’à ce qu’il devienne possible de
réappliquer l’accord de 2005 et de rouvrir le passage.
Cette entente
n’est devenue possible qu’à la lumière de l’accord d’accalmie
qui encouragera les deux clans à agir de manière plus positive
avec le mouvement égyptien. En effet, l’entente entre les deux
est indispensable pour rouvrir le passage et par conséquent
compléter les éléments de l’accord de la trêve.
Les chances de
rétablir les ponts entre les deux clans sont aujourd’hui plus
grandes. Chaque clan est entré, d’une certaine manière, dans
l’étape de la dissipation des illusions. L’autorité de la
Cisjordanie est maintenant prête, pour la première fois depuis
la séparation, à trouver une solution qui ne soit pas précédée
par l’annulation du renversement opéré par le Hamas. Il semble
aussi que certaines directions du Hamas ont commencé à réaliser
qu’il était difficile de préserver cette situation sans pertes
qui pourraient être énormes pour leur mouvement.
C’est ainsi
que chaque clan avance ses intérêts personnels aux dépens des
intérêts de la question palestinienne. Ce changement donne une
plus grande chance au mouvement égyptien qui veut se lancer dans
l’accord d’accalmie pour réaliser des résultats palpables sur le
plan du dialogue interne que plusieurs médiations ont échoué à
faire bouger.
La majorité de
ces médiations étaient palestiniennes. Elles émanaient d’autres
factions comme le Front populaire ou le Front démocratique, d’un
groupe d’hommes d’affaires ou bien d’éléments modérés du Fatah
et du Hamas à l’étranger. Sur le plan arabe, le Yémen a lancé
une initiative autour de laquelle les deux parties se sont
divisées dans l’explicitation de la première clause. Cette
clause invitait à rétablir la situation à Gaza d’avant le 14
juin 2007.
Il semble que
les illusions commencent à se dissiper dans les deux clans. Ce
qui prédit des jours meilleurs où les obstacles seront moins
importants. En effet, les deux clans se sont engagés à mettre un
terme à la guerre médiatique entre eux. Si ce dossier se ferme
vraiment et si ce pas est suivi par la permission aux cadres et
aux partisans des deux clans de revenir à l’action conjointe,
ceci permettra peut-être l’amélioration du climat, la
dissipation du brouillard et l’instauration d’un minimum de
confiance. Toutes ces mesures sont indispensables pour fixer
l’accalmie à Gaza et l’étendre à la Cisjordanie dans six mois.
Partant, il
est indispensable que le mouvement égyptien avance dans la
période à venir sur deux lignes parallèles, celle de l’accalmie
et celle du dialogue national. Alors que l’Egypte a réussi à
réaliser un progrès important sur la voie de l’accalmie, le
dialogue national demeure encore un projet naissant sur lequel
il faut travailler, car il représente la dernière chance pour
sauver ce qui reste de la cause palestinienne.
L’accalmie qui
est indispensable pour la protection du peuple de Gaza peut ne
pas être stratégiquement rentable si elle n’est pas liée à la
reprise du dialogue. Ce dialogue doit se baser sur une concorde
et sur un nouveau projet national.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 2
juillet 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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