Alahed
L’immigration
clandestine provoquée par la situation
critique
dans les pays pauvres
et riches
Akil
Cheikh Hussein
Mardi 22 octobre 2013
Plusieurs événements catastrophiques en
relation avec l'immigration clandestine,
ou illégale, ont eu lieu ces derniers
jours. Des dizaines de Libanais ont
trouvé la mort en tentant de gagner les
côtes australiennes à partir de
l'Indonésie. Quelques jours plus tard,
des centaines d'Africains ont été avalés
par la mer entre Malte et Lampedusa, une
île italienne. Des incidents pareils se
répètent quotidiennement et font plus de
mille morts chaque année sur les
principales voies de l'immigration
clandestine en Méditerranée, dans la mer
des Caraïbes, dans les déserts séparant
les Etats-Unis et le Mexique, dans le
Sahara africain et ailleurs.
Certaines informations ont circulé pour
dire que le naufrage, près de Lampedusa,
du navire transportant des immigrants
pour la plupart africains, aurait été
causé par les tirs des garde-côtes
libyens, ou par des gangs qui s'activent
dans le domaine du trafic d'immigrants
et de la traite des êtres humains. A ce
propos, le gouvernement Ethiopien a
directement accusé Washington et ses
agents disséminés partout dans le monde,
sans autres clarifications, d'être
responsables de cette catastrophe.
Ces quelques données paraissent
suffisantes pour démontrer que
l'immigration clandestine, ou illégale,
est -comme beaucoup d'autres phénomènes
qui, comme le terrorisme, les droits de
l'homme, le développement, etc... occupe
une place de premier ordre sur la scène
internationale- l'une des questions
qu'utilisent les gouvernements
occidentaux non seulement pour faire
passer leurs politiques hégémoniques,
mais également pour paraitre comme étant
ceux qui payent les frais de la misère
qui frappe les pays pauvres partout dans
le monde.
L'idée en vigueur en ce qui concerne
l'immigration clandestine repose sur une
considération soigneusement concoctée
dans les laboratoires occidentaux
d'intoxication médiatique. Selon cette
considération, la pauvreté et/ou la
répression politique et les guerres qui
se déroulent presque partout au
Tiers-monde poussent des millions de
personnes parmi celles qui n'ont pas les
moyens d'émigrer légalement à faire tout
leur possible pour gagner l'un des pays
où les gens jouissent, à ce que l'on
dit, de la liberté et des fruits du
paradis du capitalisme (les Etats-Unis,
le Canada, l'Europe occidentale et
l'Australie).
Cette considération est, jusqu'à une
certaine limite, vraie. Mais elle
néglige des faits comme les effets du
pillage pendant l'ère coloniale sur les
pays du Tiers-monde tels que la pauvreté
et la misère. Celles-ci ont été
aggravées par des décennies
d'indépendance sous des gouvernements
nationaux mais à la solde de l'ancien
colonisateur. Ou, dans les meilleurs
cas, sous des dirigeants naïfs qui n'ont
pas été assez attentifs aux méthodes
sordides utilisées pour reconduire leurs
pays vers une colonisation sous un
visage nouveau. Il suffit de se rappeler
le colossal endettement dont ils ont
épuisé leurs pays, la destruction
systématique de leurs économies par
l'application stricte des dictats des
institutions monétaires occidentales et
la corruption qui a permis à un nombre
réduit de responsables politiques et
autres d'accumuler des richesses
monstrueuses aux dépens de leurs
peuples.
Elle ferme les yeux également sur un
autre fait : La plupart des pays riches,
comme les Etats-Unis, le Canada et
l'Australie, doivent leur existence à
des immigrations illégales de la part
des colons blancs venus d'Europe. Ils
ont exterminé les indigènes et ont
déporté, en recourant à des méthodes
inhumaines, des dizaines de millions de
noirs africains pour travailler en tant
qu'esclaves dans leurs fermes ou usines
qu'ils ont établies dans les colonies.
D'autre part, cette immigration qu'on
taxe d'illégale et que les Occidentaux
font semblant de s'y opposer, se
poursuit malgré les murs, les barbelées
et autres entraves comme le contrôle par
satellites, grâce à l'encouragement des
gouvernements occidentaux en complicité
avec les patrons et chefs d'entreprises.
Ils visent ainsi à combler le vide
démographique résultant de la limitation
des naissances et du vieillissement des
sociétés, mais aussi à employer des
mains d'œuvre sous-payées. Des
statistiques montrent que des millions
d'immigrés clandestins sont bien
accueillis par les patrons car leur
emploi leur permet de se soustraire aux
impôts qu'ils devraient verser au cas où
ils employaient des travailleurs légaux.
Cette politique qui s'exerce
parallèlement au versement d'allocations
familiales à ceux qu'on arrive à
intégrer parmi les immigrés légaux et
illégaux épuise les budgets des pays
occidentaux et contribue à affaiblir les
dépenses publiques. Elle entraine, par
la suite, des crises économiques et
sociales dans ces pays. Il est certain
que la faiblesse de la gauche et son
incapacité de proposer des programmes
radicaux de réforme permet à la droite
raciste et fasciste de renforcer son
influence parmi les couches populaires
et accentue les tensions dans la rue.
Certes, ces situations critiques sont à
l'origine d'une «contre immigration» et
constituent l'un des facteurs qui
poussent beaucoup de patrons à la
délocalisation. Ils émigrent avec leurs
affaires vers les pays pauvres où ils
trouvent des mains d'œuvres à bas prix,
et profitent de taxes allégées et de la
proximité des marchés de consommation.
Elles poussent également beaucoup de
gens ordinaires à émigrer vers les mêmes
pays non pour travailler et investir
mais pour s'implanter définitivement
dans la mesure où un capital raisonnable
suffit pour vivre dans une aisance qui
n'est plus à la portée de leurs mains
dans leurs pays d'origine.
Il n'en reste que le plus grand paradoxe
que représente l'état de faillite
économique qui guette la plupart des
pays occidentaux et qui ne suffit point
pour dissuader les foules venues des
pays pauvres à se jeter dans la mer dans
l'espoir de gagner le «paradis du
capitalisme» ouvert à un avenir sombre.
Source : Al-Ahednews
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