Moyen-Orient
Libye: Un
règlement négocié au grand dam des
insurgés !
Akil
Cheikh Hussein
Mardi 2 août 2011
Relever les
plafonds n'est parait-il pas une
exigence qu'impose la seule crise de la
dette américaine. Elle l'est également
pour ce qui est de l'intervention des
forces de l'Alliance atlantique dans la
guerre libyenne, intervention dont la
durée devient de plus en plus longue.
Cela est reconnu par le chef
d'état-major interarmées américain,
l'amiral Michael Mullen qui a
dernièrement plaidé dans ce sens en
avouant que la guerre de l'Alliance
atlantique se trouve dans l'impasse en
Libye, tout en affirmant que la
stratégie de l'Alliance sera couronnée
de succès, mais à long terme !
Même reconnaissance des faits par le
ministre de la Défense français, Gérard
Longuet, qui a inscrit les frappes
françaises en Libye... dans la "durée".
La distance n'est donc pas
négligeable entre ces échéances trop
futuristes et les fameuses "Trois
semaines" au bout desquelles les
opérations militaires menées par les
forces de l'Alliance atlantico-arabes et
les insurgés du Conseil National de
transition (CNT) libyen, étaient sensées
venir à bout du régime libyen.
Pour sa part, et plus pressé que ses
alliés de l'Atlantique, le CNT avait
dernièrement promis la chute de Kadhafi
pour la fin du mois de Sha'bân et voilà
que le mois de Ramadan débute au milieu
de tractations que le Conseil mène en
vue de se faire une légitimité en se
faisant reconnaitre comme le
représentant unique du peuple libyen.
Une reconnaissance déjà acquise
auprès d'une trentaine de pays membres
ou proches de l'Alliance impliquée dans
la guerre libyenne, dont la France qui
est priée maintenant d'intervenir auprès
de certains Etats arabes afin de les
convaincre de fournir aux insurgés
l'aide nécessaire pour résister aux
attaques des Brigades de Kadhafi.
N'est ce pas un révélateur d'une
situation critique qui accule la
révolution libyenne soutenue par les
plus puissantes armées du monde à
quémander l'aide de certains Etats
arabes qui ont davantage besoin d'être
aidés pour faire face aux révolutions
qui grondent autour d'eux ?
N'est ce pas, au-delà de la détresse
du CNT, un indice de ce qu'on appelait
jadis une haute trahison lorsqu'on voit
les représentants de la révolution
libyenne frapper aux portes -entre
autres- de l'Elysée derrière un Sioniste
français comme Bernard Henry Lévy, le
même qui se charge également d'organiser
les rencontres et les réunions à
l'étranger des représentants de la
prétendue révolution syrienne ?
Bref, et abstraction faite des
discours triomphalistes, les Alliés qui,
depuis des mois, comptent sur la Russie
pour trouver une solution pacifique
paraissent de plus en plus assoiffés de
voir se profiler une telle solution.
Pour sauver la face, ils insistent
sur le départ de Kadhafi. Mais, en vertu
d'une proposition faite par le ministre
britannique des affaires étrangères, ils
lui donnent par la main gauche ce qu'ils
lui enlèvent par la main droite : Cette
proposition qui n'exige plus le départ
de Kadhafi hors de la Libye mais son
seul départ du pouvoir lui donne même le
droit de nommer le chef ou le président
qui lui succéderait. Un détour qui
revient tout droit à le reconnaître
comme le seul dirigeant légitime de la
Libye !
Une autre version de la solution part
d'une proposition apportée par un
émissaire du secrétaire général des
Nations Unies qui consiste à la
constitution d'un Conseil Intérimaire
formé de cinq membres (deux
représentants du CNT, deux Représentants
de Kadhafi et un cinquième représentant
qui sera élu par les quatre autres
représentants pour diriger le pays
pendant une phase intérimaire de 18
mois).
Le colonel Kadhafi devient ainsi
incontournable pour toute solution
négociée. Ce constat s'avère être
d'autant plus solide que la hantise
d'une intervention terrestre à un moment
où, d'après des porte-paroles de
l'Alliance atlantique, le bombardement
aérien devient encore plus inutile dans
la mesure où la mobilité des Brigades de
Kadhafi rend plus difficile le fait de
les localiser.
De plus, on craint le recours des
forces loyalistes à des armes non encore
utilisées dans la guerre libyenne : Cité
par le quotidien Izvestia, l'émissaire
du président russe Dimitri Medvedev,
Mikhaïl Margelov, a affirmé que "Kadhafi
n'a pas encore utilisé le moindre
missile sol-sol, alors qu'il en a plus
qu'il n'en faut".
Cela ne fait que rendre encore plus
délicate la situation des insurgés
libyens dont le plus haut chef militaire
vient de trouver la mort dans des
circonstances obscures qui sèment
beaucoup de doute quant à la conséquence
de leur organisation intérieure.
Remettre à un futur lointain
l'effondrement du régime libyen n'est
donc qu'un jeu de mots auquel s'adonne
l'Alliance atlantique pendant qu'elle
piétine dans l'impasse dont la seule
issue possible ne peut être ouverte que
par Kadhafi si toutefois il accepte de
négocier un règlement pacifique.
Quant aux insurgés libyens qui
continuent de refuser toute solution
n'incluant pas le départ de Kadhafi, ils
ne font que hurler dans le vide. Leur
expérience jusqu'à maintenant assez
amère avec l'alliance atlantique le sera
encore beaucoup plus lorsqu'ils
découvriront qu'ils sont les laissés
pour compte de la débâcle de cette
Alliance dans la guerre libyenne.
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