Opinion
Après Aïcha
Kadhafi, M6 devrait faire gaffe
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 29 septembre
2011
Il est établi que
tout colonialisme doit disposer de
suffisamment de puissance de feu et
d'une solide base économique et sociale.
Sans cela, il doit saigner ses citoyens
et pressurer ses colonisés pour tenir un
tant soit peu sa position. C'est le cas
du Makhzen qui s'entête dans ses rêves
de grandeur d'un autre âge, quand il
faut plutôt œuvrer à offrir au peuple
marocain des perspectives de paix et
d'expansion économique dans une Afrique
du Nord qui n'attend que l'unité
territoriale et la mise au placard des
velléités hégémoniques que même les
grands de ce monde ne peuvent réaliser
et assumer. Depuis, la pittoresque et
ridicule marche verte et les honteuses
péripéties d'une occupation, passée d'un
mesquin plan de partage à l'acceptation
d'un référendum d'autodétermination pour
aboutir à des manœuvres dilatoires qui
ne tiennent que grâce à la retenue des
Sahraouis et à la complicité de cette
«communauté internationale», férue
sélective des droits des peuples. Au
Sahara, les dizaines de milliers de
soldats et les milliers de «colons»
stipendiés, qui aspirent une bonne part
du budget famélique du royaume, n'ont
pas réussi à modifier d'un iota la
configuration sociopolitique de la
population qui a pris la fâcheuse
habitude de se soulever. Après la
formidable démonstration de l'an
dernier, durement réprimée par la
soldatesque du roi, voilà que les
Sahraouis font encore une fois irruption
sur la scène. C'est à Dakhla, où ceux
qui font office de «colons» se sont
permis de les traiter en tant
qu'«indigènes», en les agressant à
propos d'un match de football maroco-sahraoui,
que des affrontements ont eu lieu. Cela
s'est produit dimanche dernier. Les
«colons» ont été soutenus par des
policiers en civil et protégés par la
glorieuse armée de sa majesté alaouite.
La preuve que la monarchie ne tient le
territoire que par la force. Mais, la
violence commence à bien faire dans la
tête d'un peuple qui s'impatiente
désormais de la duplicité de l'ONU et de
toutes ses «démocraties» qui, pour
certaines, participent au pillage de
leurs ressources en dépit de toutes les
résolutions onusiennes et de la légalité
internationale. A bien y penser, il se
pourrait qu'à force de tirer sur la
corde, le roitelet finisse par faire que
le Polisario, lui-même, ne soit plus en
mesure de vendre ce «processus
de négociations». Il faut, à ce sujet,
prendre au mot les avertissements que
les responsables sahraouis sont en train
de lancer depuis peu. Ils sentent que la
bride est en voie de casser, d'autant
que le pitoyable aspirant à l'empire ne
repose que sur la procuration que lui
offre son allégeance éhontée aux maîtres
de l'heure, inquiet voire terrorisé
qu'il est face à l'idée de renversements
d'alliances, qui laisseraient balayer
son trône à la moindre bourrasque. Le
statu quo observé par les décideurs peut
dénoter de la volonté de ne pas
compromettre cette possibilité. Et si
l'Algérie se mettait à chasser sur les
mêmes terres que le Makhzen ? L'offre
serait par trop inégale pour les maigres
avantages que présente leur «ami le
roi». Au train où vont les choses, on
n'est pas loin d'une issue qui y
ressemble. Isolé, pressé de toutes
parts, le pouvoir algérien peut faire un
pied de nez à M6. Il a bien fustigé
Aïcha Kadhafi. Il peut plus. Le monarque
de l'Ouest devrait faire très attention.
Article publié sur
Les Débats
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