Opinion
Aïcha Kadhafi ne
fait plus la une
Ahmed
Halfaoui
Des combattants du CNT près de Syrte, le
27 septembre 2011
Mercredi 28
septembre 2011
L'information a fait le tour de la
planète médiatique. Elle est de taille
et doit être traitée toute affaire
cessante. Une citoyenne des Etats-Unis
se trouve réfugiée dans une mosquée à
Syrte. De plus, elle est enceinte de
trois mois et a trois enfants. Si elle
se trouve là c'est parce qu'elle est
mariée à un Libyen, qui se trouve du
mauvais côté. Elle s'était déjà enfuie
d'une autre ville devant les
bombardements de l'OTAN (c'est elle qui
le dit), pour se trouver dans le pire
endroit qui soit. Les bombardements sont
encore pires. La seule journée du
dimanche 25 septembre, il a plu des
bombes durant six heures d'affilée, soit
89 raids. Sur une ville censée avoir été
«libérée» plus de 20 fois, au moins. A
cette heure-ci on ne sait pas si les
bombardiers ont tenu compte de l'appel
de la dame, mais on peut supposer que
les commanditaires vont faire attention.
Car un cadavre comme celui-ci aura
sûrement un impact très fort sur les
bonnes âmes et mettra à mal l'opération
«protecteur unifié». Etant entendu que
les autres, les Libyens, n'ont pas
compté jusqu'ici et ne compteront pas.
Une autre information a fait la une.
Mouammar Kadhafi qui a fait une
révolution et qui a pu régner 42 ans
aurait, pas éparpillé dans le désert
vaste de centaines de milliers de km²,
pas jeté à la mer, mais… enterré dans un
charnier 1 700 personnes à Tripoli. Les
journalistes de CNN (la télé connue pour
son objectivité légendaire) conduits sur
les lieux, «un terrain boueux»,
déclarent n'avoir rien vu que «ce qui
semblait être des ossements d'animaux».
Ceux de la BBC ont cru voir un débris
d'os et des lambeaux de vêtements,
tandis que France 24 qui n'avait pas de
reporters sur les lieux est sûre de son
fait. La chaîne, péremptoire, titre
«plus d'un millier de corps découverts
dans un charnier près de Tripoli», pour
rapporter dans le texte le nombre de 1
700 corps. Notons que 1 700 cela fait
quand même un peu plus que
l'approximation «plus d'un millier».
Mais quand on jubile on ne compte pas.
Cependant, les charniers faits par les
«révolutionnaires» dans la capitale
grâce aux assassinats de masse, dénoncés
par les ONG des droits de l'homme les
plus connues (Amnesty International et Human Rights Watch), n'existent pas,
médiatiquement parlant. Une troisième
information qui n'intéresse pas autant
que les deux précédentes, parce que son
registre est moins attrayant. Il s'agit
d'une portion d'histoire qui talonne la
France officielle depuis près de 50 ans.
Les harkis se rappellent au bon souvenir
de celui qui leur avait promis, en mars
2007, que s'il était élu il
reconnaîtrait leur abandon lors de
l'évacuation de l'Algérie devenue
indépendante. Ce qui équivaut à leur
reconnaître la qualité de «Français à
part entière» qui leur est toujours
refusée, tant qu'ils seront inscrits
comme «indigènes supplétifs» de l'armée
française et non en tant que soldats
français. En ce qui les concerne, ils
avaient pourtant gagné cette qualité, de
la manière la plus louable qui soit, en
offrant leur vie à ce qu'ils avaient
choisi comme patrie. Partis de
Montpellier, le 22 août dernier, dix
d'entre eux sont arrivés à Paris le 22
septembre, dans l'espoir que leur
communauté cesse d'être méprisée. Dans
le même temps ils permettent de juger du
degré de l'ingratitude du colonialisme.
Avis aux «révolutionnaires» du CNT/OTAN.
Article publié sur
Les Débats
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