Opinion
Les tâches de la
Ligue arabe
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 28 mars
2013
Il fut des
temps pas très lointains où ses sommets
et autres réunions de la Ligue arabe
passaient totalement inaperçus, ne
parlons pas des décisions qu'elle
prenait, leur bruit ne dépassait pas
l'enceinte de son siège. Ce statut a
duré des dizaines d'années, durant
lesquelles elle ne servait pas à
grand-chose, en tant que telle. Mais
tout cela est fini, la Ligue a
définitivement gagné sa place sur la
scène, elle a trouvé surtout à
s'employer et est devenu incontournable.
A ce titre, elle caracole désormais en
tête des organisations les plus courues
par les organes de la presse
internationale, chaînes de télévisions
en tête du peloton. Il faut dire qu'elle
fait du bon travail et trouve des
solutions aux problèmes qui se posent à
la «communauté internationale». Dans sa
chevauchée triomphale, grisée par les
bons points qui lui sont attribués, elle
a déjà parcouru un bon bout de chemin en
offrant ses services et sa légitimité à
la «démocratisation» de la Libye. Ce qui
n'était que l'initiation de son nouveau
cours et de son affirmation en tant
qu'acteur dans un «printemps» dont elle
tient les leviers. C'est en Syrie,
aujourd'hui, qu'elle joue sa partie la
plus importante, capitale même. C'est là
que va se déterminer sa capacité à
assumer son nouveau rôle, celui qui lui
a valu la reconnaissance des puissants
de ce monde, qui lui permettent jusqu'à
se comporter par leur procuration. Il
faut, tout de même, rappeler que la
Ligue s'est définitivement débarrassée
de ces nationalismes qui détonnaient
avec la victoire du Monde libre sur le
«communisme réel». Ce sont les monarques
du pétrole qui en tiennent les rênes et
offrent leurs territoires aux bases
étatsuniennes. Un gage de rupture avec
un passé décrié et d'engagement sans
faille dans la refonte du Moyen-Orient
d'abord, du monde ensuite, si possible.
Pour la Syrie, chantier de l'heure, une
décision de la Ligue a été prise. Ce
sera la Coalition de Doha qui va
représenter le pays. Mais nous disions
que la partie est difficile. A l'inverse
de la Libye, ce qui fait office de CNT
n'a pas la qualité de sa copie. Même
après deux versions, la CNS n'est pas au
point. Non seulement elle n'arrive pas à
se faire reconnaître par les
«révolutionnaires», ainsi désignés, mais
ne parvient pas à assurer sa cohésion
interne. Son président vient de
démissionner. On dit que c'est à cause
du fait que les «amis du peuple syrien»
n'ont pas tenu leurs promesses ou parce
qu'il n'était pas d'accord avec celui
qui a été désigné comme «Premier
ministre». Cette démission ne fait pas
l'affaire de la Ligue, surtout à la
veille de l'installation officielle de
la CNS en tant que «représentant de la
Syrie». Il a donc fallu que le
démissionnaire soit rappelé à l'ordre
par le Premier ministre du Qatar. Il
viendra, en définitive, en obtempérant à
l'injonction. La cérémonie est sauvée,
au prix tout de même de l'étalage public
de ce qui devait être maintenu dans les
coulisses. La suite des événements n'est
pas moins ardue, elle est même pire.
Laurent Fabius, le ministre français des
Affaires étrangères, nous esquisse les
tâches à venir de la Ligue. Il dit qu'
«il faut qu'il y ait un rééquilibrage
sur le terrain des forces militaires» et
il souhaite «que l'opposition reste dans
ses limites réformistes». En clair, il
faut que la Ligue fasse en sorte que ce
soit les «révolutionnaires» qui agréent
l'OTAN, qui gagnent contre les autres,
les «extrémistes», et que la CNS arrête
de se déchirer et devienne plus
politique. Que fait l'Algérie là-dedans
?
Article
publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour
|