Opinion
Et si les Syriens
pouvaient décider ?
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 26 mai 2013
Passons sur
le fait que le gouvernement syrien n'a
pas fait pire que les gouvernements
espagnol, grec, portugais, italien,
français et d'autres, en termes de
paupérisation des populations, par
obéissance servile aux saintes
directives de la finance internationale,
expression institutionnelle de la
libre-entreprise. Passons sur
l'inénarrable statut accordé aux
monarques arabes, promus «démocratiseurs»
de la région. Passons sur les mensonges
déversés à propos des «révolutionnaires»
de l'ASL, érigés en combattants de la
liberté et de la démocratie. Passons sur
la place donnée au sulfureux
Observatoire syrien des droits de
l'homme, désigné seule source crédible
d'information sur la tragédie de
millions d'êtres humains. Passons sur la
nomination par le Qatar, la Turquie et
des «amis du peuple syrien» de
représentants «légitimes» de ce peuple.
Passons sur tous les crimes qui ont
abouti à mettre à feu et à sang un pays
sous prétexte de soutien à une
«révolution» mythifiée, dressée contre
une «dictature sanguinaire». Passons,
encore, sur le mépris de la vérité et
des opinions trompées. Aujourd'hui qu'il
est plus que temps de mettre fin à la
sanglante guerre qui terrorise et
endeuille les Syriens, les prédateurs
refusent toujours de s'avouer vaincus.
Non contents d'avoir épuisé leurs
dernières ressources, face à la vérité
qui s'impose, ils poursuivent, contre
vents et marées, leurs sinistres
desseins. «Nous notons avec satisfaction
que nous avons reçu de Damas un accord
de principe du gouvernement syrien pour
participer à une conférence
internationale», une déclaration du
ministère russe des Affaires étrangères
qui devrait être accueillie par tous
avec joie. Surtout par cette coalition,
qui se verrait offrir une chance
inespérée d'être reconnue et de rompre
avec sa nature fictive, ne trouve rien
de mieux que de plastronner par la
bouche de son porte-parole qui dit
vouloir «savoir s'ils ont vraiment
l'intention de négocier la transition
vers un gouvernement démocratique qui
inclurait le retrait de Bachar Al-Assad».
Une syrienne, vivant en Syrie, embarquée
dans la dite coalition, a réagi
autrement, car elle sait de quoi il
s'agit. Ecoutons une certaine Selma :
«Ils continuent de faire des réunions,
mais la solution n'est pas entre leurs
mains. Ils n'ont aucun pouvoir, pas
d'argent, pas la puissance d'une armée.
Ils ne font que demander de l'aide.
Donc, la solution viendra soit du
président Bachar Al-Assad, soit de la
communauté internationale. Mais pas de
l'opposition.» Si elle dit cela, c'est
qu'il s'en est passé des choses qu'elle
sait sur le terrain où se noue le destin
de son peuple. La «révolution» a perdu
son lustre médiatique, exhibée sa
sordide réalité et perdu le terrain
gagné à la faveur des reculades
diplomatiques de l'Etat syrien, faites
de cessez-le-feu accordés aux missions
d'observation et de retenue dans la
répression. Les «représentants», le CNS
puis la CNS, ne font plus illusion de
représenter quoi que ce soit dans le
pays, pas même les «révolutionnaires» de
l'ALS, sans parler des islamistes d'Al
Nosra. Sauf à affronter le risque d'une
déflagration mondiale, en envoyant les
bombardiers de l'OTAN, il n'y a qu'une
solution possible. Laisser le peuple
syrien décider en toute souveraineté de
ses dirigeants. Le pouvoir en place ne
s'y oppose pas à ce que l'on sait, à
l'inverse de ceux qui veulent lui
imposer le scénario libyen.
Article publié sur
Les Débats
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