Opinion
Le vrai visage des
«amis de la Syrie»
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 24 octobre
2012
Aucun média, aucun analyste ne
s'est étonné de la puissance de feu
développée par les groupes armés en
Syrie. Ceci peut importe qu'il soit
d'une importance capitale en matière
d'information, que l'on sache l'état des
forces en présence et qui fait quoi sur
le champ de bataille. Après le tableau
idyllique, servi aux bonnes âmes, qui
met en scène l'armée d'un régime
sanguinaire qui massacre des civils sans
défense, on avait glissé sans transition
vers une «révolution» armée, sans que
l'on s'arrête sur la faisabilité de la
chose. Aucune question sur la soudaine
transmutation d'une contestation,
présentée comme pacifique, à une
véritable machine de guerre, se
confrontant parfois d'égal à égal avec
l'une des armées les plus puissantes du
Proche-Orient. La thèse d'une soudaine
émergence d'une force militaire,
surarmée et à l'approvisionnement quasi
intarissable, ne dérangeait pas
l'intelligence des faiseurs d'opinion,
tous décidés à maintenir la version d'un
peuple désarmé, soumis à une féroce
répression. Pire, malgré les images qui
ont fini par filtrer et par démontrer,
ce faisant, la nature des «manifestants»
et leur mode d'action, la propagande
n'en démordait pas. Le peuple syrien,
exposé aux exactions et aux crimes des
groupes armés, n'avait pas voix au
chapitre. Afin que le plan initial, même
devenu boiteux, continue de servir
d'argument à la mobilisation de la
«communauté internationale» et,
étonnamment, à une «gauche» convaincue
d'un «printemps», dont elle ne finira
pas d'assumer des conséquences, qui sont
déjà à l'œuvre en Libye. Pourtant, dès
les presque débuts de l'histoire, des
indiscrétions faisaient état d'une
implication de certaines forces
occidentales, de premier plan, dans
l'alimentation du conflit, désormais
ouvert entre un Etat souverain et une
agression étrangère appuyée par une
partie de la population du pays et des
mercenaires acheminés d'ailleurs. A ce
titre, le 23 novembre 2011, le journal
français le Canard enchaîné rapportait
que les agents de la Direction générale
de la sécurité extérieure (DGSE)
française étaient impliqués dans la
guerre, que la grande presse qualifiait
de «printemps». En décembre suivant, un
député s'interrogeait sur la présence du
Commandement des opérations spéciales
(COS) en Turquie et au Liban. Comme rien
ne peut être dissimulé longtemps, la
vérité a pu être dévoilée. Le
déploiement des services français avait
pour objectif de soutenir les bandes
armées, en action en Syrie, par des
actions de formation sur les matériels
de guerre qui leur étaient fournis, en
matière d'instruments de transmission et
d'armement lourds. Apparemment, dans une
savante division du travail, la Central
Intelligence Agency (CIA), à partir du
sud de la Turquie, organise et assure le
transit des armes vers leur destination.
Les services secrets allemands, eux,
sont chargés d'espionner les mouvements
de troupes de l'armée régulière syrienne
et de fournir les renseignements à la
«rébellion», par l'intermédiaire des
services étatsuniens et britanniques.
Ces derniers opérant leur propre
collecte de données militaires à partir
d'une base chypriote. Ce qui est
essentiel en termes d'apport aux
combats. Le drame pour les apprentis
sorciers est que toute cette aide
profite en grande partie aux groupes
djihadistes. Sauront-ils, le cas
échéant, gérer le chaos ?
Article publié sur
Les Débats
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