Opinion
Libye : la curée
peut-elle commencer ?
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Lundi 24 octobre
2011
Les
«protecteurs unifiés», en se léchant les
babines, commencent à se préparer à la
curée, mais en rangs dispersés. Certains
n'ont pas attendu que le corps de
Mouammar Kadhafi refroidisse pour
prendre leurs marques. Même la vulgarité
de la chose est assumée. «Nous ne serons
ni les derniers ni les plus vulgaires»
nous dit le ministre français de la
Défense, Gérard Longuet. Il est aussi
question de se faire valoir contre les
autres «protecteurs». Pour ce faire,
Longuet ajoute : «Nous n'avons pas eu
d'engagement tardif, médiocre,
incertain. Et nous n'avons rien à nous
faire pardonner». Pour se justifier, il
nous rappelle que «les pays de la
coalition vont probablement adopter des
positions plus bilatérales dans leur
relation avec la Libye. Chacun cherchera
à tirer son épingle du jeu». Il ne se
soucie pas de nous pousser à la nausée,
il se lâche et oublie totalement qu'il
était juste question d'empêcher celui
qui vient d'être assassiné de «massacrer
son peuple». La meute va, ainsi, nous
offrir le spectacle du dépeçage, selon
le principe du chacun pour soi. Chez les
loups et chez les lions, il y a pourtant
une règle, si on peut oser la
comparaison entre ces grands prédateurs
qui obéissent à l'instinct de survie et
des bandits qui se disputent la
dépouille d'une victime. Mais, il est
étonnant que soit oublié le peuple
libyen, qui n'a pas été enterré à ce que
l'on sache. Bien sûr, on ne le voit plus
par millions crier sa colère, parce
qu'il est difficile de le faire sous les
bombes. Cependant c'est aller vite en
besogne que de se mettre à table quand
le maître des lieux est encore là et
qu'il n'a pas fini de dire ce qu'il
pense de la chose. Il en a sûrement des
choses à dire, quand on sait qu'il n'y a
pas de peuple agressé au monde qui se
soit tu, sauf s'il a été éradiqué. Et on
sait qu'il est là, puisque le préposé au
massacre aéroporté, le secrétaire
général de l'Alliance atlantique, Anders
Fogh Rasmussen, déclare que «l'Otan
surveillera de près la situation et
conservera sa capacité à répondre à
toute menace contre les civils». Sachant
qu'il est prévu que la pluie de bombes
s'arrêtera le 31 octobre prochain. Donc,
il y a des «civils» qui peuvent être
«menacés». Inutile de chercher l'erreur,
il n'y en a pas, car on sait qui a été
bombardé à Syrte, Zawiah, Beni Walid,
Tripoli, Brega, Sorman… Il est bien là
le peuple que Rasmussen va surveiller,
pour l'empêcher de «menacer» les civils.
Les mots sont abscons et on n'y peut
rien, à cause de cette résolution 1973
de l'ONU qui les a consacrés, envers et
contre tout, et qui continue de sévir,
même après avoir tué des dizaines de
milliers de civils en les «protégeant».
Tant pis pour ceux qui ont cru que
l'OTAN est venue en Libye à cause de
Kadhafi. Ils en ont pour leurs frais et
on ne cherchera pas à leur expliquer
pourquoi l'OTAN reste quand Kadhafi a
été assassiné. On leur souhaite
seulement de ne pas avoir pris fait et
cause avec l'une des plus abominables
machinations de l'Histoire moderne.
Sinon, ils devront soit faire amende
honorable, soit trouver eux-mêmes les
réponses à donner à ceux qu'ils ont
contribué à tromper.
Article publié sur
Les Débats
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