Opinion
Satisfecit et
table ouverte
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 24 février
2013
Les
satisfecit ont plu sur l'Algérie. Ils ne
proviennent pas de n'importe qui, des
Etats-Unis, en tête des Etats qui louent
le pays, après son isolement et son
inscription sur la liste des pays
candidats au «printemps». L'Algérie
revient donc de loin pour figurer
désormais parmi les favoris de la
«communauté internationale». Derrière
cette embellie de son image, il y a, par
exemple, que «l'Algérie est le leader
régional qui dispose des capacités
permettant de coordonner les efforts des
pays du Sahel face aux menaces de
sécurité transnationales». C'est le
préposé au poste chef du commandement
militaire américain pour l'Afrique (Africom),
le général David Rodriguez, qui a dit
cela au Congrès. Rien pour rien,
pourrait-on conclure. Ceci expliquant
cela, sans savoir ce qui peut bien avoir
été conclu sur le plan militaire, et qui
relève des «secrets d'Etat». Et puis, il
y a le contentement français, dont on
sait deux choses. La première consiste
dans les facilitations à l'intervention
au Mali, la seconde dans l'ouverture
débridée du marché algérien, qui permet
pas mal de choses aux investisseurs de
l'Hexagone, même de fabriquer de la
confiture chez nous. Et puis il y a
l'exploitation du gaz de schiste,
interdite en France et décriée de par le
monde «civilisé», qui a été permise par
nos gouvernants, alors que dans l'Etat
de New York, un moratoire a été
reconduit sous la pression de milliers
de manifestants. Andrew Cuomo, le
nouveau gouverneur, élu grâce à l'argent
des pétroliers, voulait libérer les
permis d'exploitation. Il devra, pour se
faire, produire une étude sur l'impact
potentiel de la fracturation hydraulique
sur la santé réalisée par le département
de la Santé de New York. La bataille
continue. Rien de tout cela en Algérie.
L'Etat ne rend pas de comptes sur ce
type de sujets. Sur le moyen terme, la
résistance au crime contre
l'environnement risque de s'étendre aux
Etats-Unis, champions dans le secteur.
Les fermiers et les propriétaires
terriens, qui ont loué des superficies
aux foreurs, en paient déjà le prix.
Leur eau est polluée leur air est
imprégné d'hydrocarbures cancérigènes.
S'ensuit une prise de conscience qui
inversera, tôt ou tard, l'épopée qui est
partie de Pennsylvanie grâce à la
complicité du gouverneur Tom Corbett,
dont on dit qu'il a bénéficié d'un
million de dollars de la part des
entreprises impliquées, au profit
desquelles il a délivré des milliers de
permis. Sombre perspectives, si ne se
profilent pas des sources de profit
moins contraignantes. Lesquelles sont
disponibles en Algérie, où le Parlement
a voté une loi sur les hydrocarbures
modifiées pour la circonstance et où,
pour le moment, les voix contraires sont
assez peu nombreuses pour constituer un
sérieux obstacle au saccage des
territoires convoités. Le prix payé pour
que se tempère la menace d'aujourd'hui,
en attendant d'en payer d'autres au fur
et à mesure que l'appétit grossira. Et
il va grossir pour une table qu'il
voudra de plus en plus ouverte. Jusqu'à
ce que se posera la question d'arrêter
les frais, à un prix nettement supérieur
aux précédents.
Article
publié sur
Les Débats
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