Opinion
Pétain ressuscité
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 23 octobre
2011
L'Histoire
n'a pas d'état d'âme et ne retient que
les faits. Les mots d'aujourd'hui, qui
couvrent les choses et les empêchent
d'être ce qu'elles sont, n'auront plus
cours. L'Histoire ne fait pas de cadeau
à la propagande. Le jour venu, il ne
sera plus question que de la réalité
dans toute son horreur. Parce que c'est
quand elle est horrible qu'elle est
combattue. Ainsi, Pétain, son
gouvernement et sa Légion des
volontaires français (LVF) ont pu
paraître légitimes le temps de
l'occupation et de la présence de la
puissance nazie. Paraître seulement,
pour s'effondrer quand la force qui les
soutenait s'est effondrée. Un exemple
parmi d'autres qui démontre que le
régime infatué imposé par l'OTAN aux
Libyens ne sera jamais ce que les
grandes puissances et les médias
stipendiés tentent de faire croire.
Pour compenser, si tout va dans le sens
voulu par la stratégie coloniale et si
la résistance armée en cours est
durablement affaiblie, on peut prédire
que seule une dictature ultra répressive
pourra assurer la stabilité requise, ce
que requiert un "climat des affaires"
acceptable pour les entreprises, qui
trépignent dans l'attente des marchés
potentiels. Et il n'y a pas que la
résistance populaire, il y a aussi ces
factions réunies à la va-vite pour
construire un semblant de cohérence au
projet. L'une des voix les plus
médiatiques du CNT/OTAN vient, bien à
propos, augurer du chaos qui se dessine.
Pour autant qu'il ne règne pas déjà.
Voilà un peuple, qui vivait dans une
unité qui transcendait tribus et clans,
qui se trouve plongé dans une tourmente
où des torrents de haine se déversent,
qui feront que la Libye, et pour
longtemps, sera déchirée par la
violence. De plus, la résistance ne sera
pas le seul problème, il y a ces
rivalités déjà inconciliables entre
alliés de circonstance, dont aucun n'est
près de céder un iota de ses
revendications. Les Berbères de Djebel Nefoussa, les Islamistes de Belhadj, les
Misratis et cette kyrielle d'émirs et de
bêtes de guerre, qui vont s'étriper
parce qu'ils ne savent pas d'autres
méthodes de dialogue et ne sont pas
prêts au vivre-ensemble. L'OTAN le
savait et savait que sa "démocratie"
n'était qu'un emballage pour les
simples, pour ceux qui croient tout ce
qu'on leur dit. Son CNT aura besoin
d'elle, parce qu'il ne peut tenir sans
elle. Il a besoin de sa puissance de feu
et de la barbarie labellisée "protecteur
unifié". Personne, encore une fois, ne
pourra et ne trouvera à redire. La
guerre peut être déclarée "finie" après
l'assassinat de Mouammar Kadhafi. Elle
va être transformée, avec la mort de
l'ennemi consacré, en quelque chose
d'autre. L'appellation importe peu. Ce
qui importe est que les gêneurs
soient éloignés des installations
pétrolières et des centres de
commandement. L'important est que le
pétrole se remette à couler et à
rapporter. L'OTAN doit aussi rester
parce que les Libyens doivent comprendre
qu'ils n'ont plus droit aux richesses de
leur pays. Ils doivent être dressés pour
l'économie de marché. Ils doivent
oublier les temps bénis du logement, des
études, des soins médicaux gratuits. Ce
sera difficile, mais ils doivent s'y
faire ou juger que la "démocratie" n'est
pas aussi bonne qu'on le leur avait dit.
Ce sera une autre histoire.
Article publié sur
Les Débats
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