Opinion
A l'origine était
Messali Hadj
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mardi 22 novembre
2011
Il y a, à
l'origine, cette collégialité exemplaire
qui a permis de souder des militants
autour d'un même objectif, celui de la
libération du pays du colonialisme. Ces
militants avaient un point en commun,
celui d'une révolte contre le diktat de Messali Hadj, le père reconnu du
mouvement indépendantiste. Ils avaient
pris de la graine d'avoir supporté et
subi un chef qui ne tolérait aucune
contradiction. Da l'Ho étaient de
ceux-là, et non des moindres, qui ont
débordé le zaïm et débloqué le cours de
l'Histoire. C'était en 1953/1954. En
1962, les Algériens libérés de l'enfer
proclamaient la devise : «Un seul héros,
le peuple». C'était aller trop vite en
besogne. Le peuple se suffisait, en
fait, d'exister de nouveau et d'avoir
chassé l'oppression absolue. Il n'a pas
voulu des luttes de pouvoir et les a
dénoncées. Le calme revenu, le peuple a
applaudi Ahmed Ben Bella, ensuite, il a
applaudi Houari Boumediene, beaucoup
moins Chadli Bendjedid. On lui avait
donné ce qu'il n'avait pas. Il a eu un
pays, un drapeau, une nationalité, la
terre, l'usine, l'école, l'université,
l'hôpital et des espoirs. Mais, la
question du zaïm était revenue. Elle
n'en finit pas d'empoisonner le climat
politique. Même si, entre-temps, il est
devenu difficile d'identifier l'individu
et que même Abdelaziz Bouteflika,
ressemblerait difficilement à un chef
sans partage. C'est à cause de cela
qu'on a trouvé un zaïm quasi virtuel
pour les quidams. C'est une entité
éthérée, immanente et toute puissante.
Elle décide de tout, d'une émeute ou
d'une insurrection, comme de sa
répression, d'un mot d'ordre contre le
pouvoir, comme du contre mot d'ordre.
Elle désigne les présidents, les
députés, les maires et jusqu'aux chefs
de l'opposition la plus radicale. On
peut vérifier, il ne se trouvera presque
pas de personnalité politique qui ne
dénonce dans ses adversaires une
créature du Département des
Renseignements et de la Sécurité (DRS).
Rien n'échapperait donc à son contrôle.
Sauf peut-être le Front des forces
socialistes (FFS). Peut-être, parce
qu'ils sont beaucoup moins nombreux à
oser dire que Da l'Ho en serait une
émanation. Da l'Ho, lui-même, fut le
premier à imposer cette grille d'analyse
et à tout expliquer par la main des
«services». Réduisant les événements
politiques qui animent le pays à un
syndrome unique, la manipulation
policière. Da l'Ho doit aussi être le
révélateur ultime des causes de cette
épineuse propension des Algériens à ne
produire que des zaïms ou à n'expliquer
leur vie sociopolitique que par les
provocations occultes. Lui, qui ne
laisse rien au hasard des soubresauts du
parti qu'il dirige et s'en veut la
décision indiscutable. Convaincu de
n'être que le produit de lui-même et
vacciné contre les dangers du zaimisme,
il ne souffre pas de le laisser
s'infiltrer au FFS. Suprême garantie,
issue de la bataille historique qui a
vaincu la bête, il croit sincèrement
qu'il lui faut se garder de lâcher la
bride à quiconque, qui pourrait avoir
des velléités de diktat personnel. Da
l'Ho jouit comme on pourrait le dire de
«l'immunité démocratique», qui lui donne
ce droit souverain d'avoir l'apparence
du zaïm, tout en étant en vérité l'anti-zaïm.
Ceux qui l'ont quitté n'ont pas eu les
capacités intellectuelles et le
discernement suffisant pour comprendre
la complexité du problème que notre
vieux révolutionnaire affronte seul.
Article publié sur
Les Débats
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