Opinion
Syrie : nouvelle
donne ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 22 février
2012
Le
«printemps» syrien va probablement se
faire entre Syriens. Le chef de l'armée
des Etats-Unis, le général Martin
Dempsey, nous en bouche un coin. Il dit
qu'il est «prématuré de prendre la
décision d'armer l'opposition en Syrie»
et «met au défi quiconque d'identifier
clairement ce qu'est le mouvement
d'opposition en Syrie actuellement». De
toute évidence, le monsieur n'est pas en
phase et se fiche de l'être avec les
«amis de la Syrie» et avec les médias
qui, eux, savent ce qui se passe et qui
est le mouvement d'opposition. Il faut
deviner que le général dont
l'implication est autrement plus risquée
et coûteuse que celle des
propagandistes, s'informe ailleurs que
chez le gars de l'OSDH planqué à Londres
et ne s'amuse pas. Pour être plus
explicite, il s'épanche : «Il y a des
informations selon lesquelles Al-Qaïda
est impliqué et qu'ils cherchent à
soutenir l'opposition. Je veux dire
qu'il y a plusieurs intervenants et que
chacun essaye de jouer sa partition
propre pour renforcer sa position». Il
en rajoute une couche : «La Syrie est
une arène en ce moment où tous les
divers intérêts essaient d'intervenir».
Dommage qu'il n'en dise pas plus que ce
qu'il sait réellement, mais à la bonne
heure ! On apprend de source sûre que la
situation est loin d'être aussi nette
que l'on veut nous faire accroire.
Notons qu'à aucun moment il n'a fait
allusion à un bombardement dont seraient
victimes des populations civiles. Ainsi,
on comprend pourquoi les bruits de botte
se sont particulièrement faits discrets
et pourquoi le Tunisien chargé de parler
au nom de la «communauté internationale»
répète à qui veut l'entendre qu'il est
contre une intervention militaire.
Pathétiquement, il dit qu'il ne veut pas
d'un scénario à l'irakienne. Il aurait
pu tout autant se référer au cas des
voisins Libyens, propulsés dans une
effroyable situation de non-droit. Dans
la foulée, il est intéressant de
constater les effets de l'euphorie
va-t-en guerre sur les journalistes des
médias engagés dans l'affaire. Un
éditorial d'un quotidien algérien en
plein dans la verve «printanière» a fait
une fleur à Hitler, en le déclassant
dans le palmarès des criminels de guerre
et en plaçant devant lui Bachar El Assad.
L'argument de l'auteur se veut
convaincant : Hitler n'a pas tué des
Allemands, il a tué «des juifs, des
tziganes et d'autres peuples», Bachar a
tué des Syriens. C'est pour dire qu'on
ne sort jamais indemne si on ne fait pas
attention à ne pas se laisser porter
allègrement par les vents dominants. Le
plus sûr est de ne pas devancer l'appel.
Quand on est dans ce type de
disposition, il faut marcher au pas et
rester à l'écoute des décideurs, surtout
qu'ils sont autant imprévisibles que la
Bourse qui dicte leurs politiques. Le
mieux, toutefois, serait bien évidemment
de se méfier de toute opération qui
enthousiasme ceux dont on sait les
sentiments à l'égard des indigènes, se
voudraient-ils «démocrates», comme il
sied pour entrer dans leurs bonnes
grâces et se donner l'illusion de s'être
émancipé à leur regard. Les Syriens
quant à eux vont élire leur premier
Parlement qu'ils souhaitent
représentatif. Ils nous diront peut-être
s'il valait mieux cela qu'un CNT largué
par l'OTAN. Pour les Libyens nous
connaissons la réponse, y compris de la
bouche des «révolutionnaires».
Article publié sur
Les Débats
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