Algérie
En marge de
Tinguentourine
Ahmed
Halfaoui

Mardi 22 janvier
2013
Le peuple algérien, objet de toutes les
attentions, n'en rate pas une pour
décevoir ceux qui trépignent de le voir
"révolutionner", au lieu de vivre dans
la soumission à ce "pouvoir". Il n'est
pas question, précisons le, qu'il se
révolte contre le néolibéralisme qui
grignote chaque jour ce qui subsiste de
ses acquis socioéconomiques, mais juste
de se rallier à ceux qui proposent une
"démocratie" au contenu vaporeux. Son
dernier délit est d'avoir réagi contre
l'offensive des médias occidentaux
contre l'armée algérienne (ANP). Touché
dans son amour-propre, le peuple a
montré sa capacité à ne rien tolérer qui
touche à l'intégrité de l'Algérie, son
pays, sa terre, particulièrement visée
par ces temps de reconquête coloniale du
terrain perdu. Cela n'a pas plu à
certains analystes locaux, "opposants"
de leur état, qui font les beaux jours
des médias de là-bas, en mal de supports
à leur travail de propagande contre ce
qui représente toujours une blessure
historique. Alors que l'affaire de
Tiguentourine a connu le dénouement que
l'on sait, avec les drames humains qui
s'ensuivirent, nous avons pu apprendre
que des reproches acerbes ont été
adressés aux organes de presse
occidentaux, coupables d'avoir réveillé
le nationalisme des Algériens, ce qui
serait un phénomène favorable au
"pouvoir". Dans un contexte différent,
nous avons eu, à peu de chose près, la
même attitude vis-à-vis de
l'extraordinaire engouement à l'égard de
l'équipe nationale de football qui, lui
aussi en son temps, aurait profité au
"pouvoir". De fait, la chose devient
entendue. Le nationalisme ou le
patriotisme du peuple dérange au plus
haut point sa "démocratisation". Pris
dans son acception littérale, le
nationalisme dans le sens d'une réaction
à une menace impérialiste transcende
toutes les contradictions internes, qui
deviennent secondaires. De ce point de
vue, les attaques médiatiques étrangères
contre l'ANP ne pouvaient être perçues
qu'en tant qu'agressions insupportables
contre le pays. Les médias occidentaux
auraient donc commis une erreur, alors
qu'ils auraient dû peut-être consulter
nos analystes sur la meilleure méthode
d'éviter l'animosité des Algériens et de
les "détourner" de ce qui doit être leur
ennemi : le "pouvoir". Mais à décrypter
l'analyse, on se prend à réaliser que
c'est le nationalisme qui, en soi, pose
problème et que le "pouvoir" se définit
in fine non plus en tant que pouvoir
réel mais en tant que matérialisation de
ce nationalisme. Une sorte
d'identification instrumentale glissée
dans la sémantique usitée. Le pouvoir
réel n'ayant aucune fonctionnalité dans
l'argumentaire. Sinon le lien entre les
deux serait incompréhensible. De ce
fait, la lecture coule de source. Le
pouvoir visé se confond avec la
propension des Algériens à être hostiles
aux manœuvres extérieures, même sous
leurs oripeaux locaux. Le mieux se
trouverait dans la détérioration du
sentiment national, dans son anesthésie,
au moins dans son contournement. C'est
la conclusion qui se dégage des
reproches faits à la presse d'outre-mer,
en particulier. Les Algériens doivent
être amenés à aimer cette presse qui
porte la bonne parole et non s'en
défier. Ils doivent accepter le discours
qui a fait son œuvre, ailleurs, dans le
démantèlement de toute résistance aux
forces du marché, au lieu de développer
des alternatives qui les remettraient en
cause.
Article publié sur
Les Débats
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