Algérie
Tiquentourine : le
dépit médiatique
Ahmed
Halfaoui

Lundi 21 janvier
2013
Comme il
est de notoriété publique que les
guerres menées par l'OTAN, ou celle de
la Françafrique qui se déroule au Mali,
font l'objet d'une information détaillée
et en temps réel, il était pour le moins
outrecuidant que l'armée algérienne
(ANP) ait été aussi laconique sur les
opérations menées contre les preneurs
d'otages de la base gazière de
Tiguentourine. On peut vérifier tous les
jours l'extraordinaire degré
d'information de la presse française, la
première concernée, par les temps qui
courent. Un déluge de dépêches et de
communiqués se déverse sur les
rédactions et la précision est la
moindre des qualités. On peut, par
exemple, lire dans l'Express que
«Vendredi, au huitième jour de
l'intervention française au Mali, les
forces maliennes déclaraient occuper la
ville de Konna, reprise jeudi aux
islamistes». Ne nous arrêtons pas sur la
source, mais cherchons les détails. Il
n'y en a pas. Dans le même journal, une
déclaration du ministre français de la
Défense, Jean-Yves Le Drian : «Je vous
avais annoncé que nous étions 1.400,
nous sommes maintenant 1.800 sur le
territoire malien, donc la progression
de notre implantation au sol se
poursuit.» Nous pouvons remarquer que M.
Le Drian a été prolixe sur l'état des
lieux. En Libye, il y avait quand même
mieux. Les services de presse de
l'Alliance atlantique offraient ce luxe
suprême, des vidéos toutes faites que
les organes de presse pouvaient
personnaliser à leurs convenances ou
diffuser telles quelles, selon qu'ils
soient soucieux de promouvoir leurs
logos ou non. Cela avait permis de
produire le vacarme médiatique univoque
que le monde a subi durant des mois. Et
puis, il y a cette ANP qui, non
seulement, refuse de laisser passer les
journalistes, mais qui est très avare en
communication sur ce qu'elle faisait et
sur les résultats de son traitement du
problème. Alors que l'événement est
d'une importance planétaire. «Rumeurs»,
«situation confuse» et autres
descriptifs parsèment les espaces
rédactionnels. Passe qu'il n'ait pas été
fait appel aux forces spéciales
occidentales, que l'Algérie se permette
de gérer elle-même la dangereuse et
surtout spectaculaire situation où sont
impliqués des ressortissants de grandes
puissances, il était par contre
inadmissible qu'il y ait, de surcroît,
une omerta «méprisante» de l'opinion
publique, entendre l'audimat des
«grandes» chaînes. Elles se sont bien
vengées en retour en invitant, pour
certaines, des journalistes algériens,
triés selon les critères d'allégeance à
l'atlantisme, qu'elles savaient
empressés de déglutir ce qui peut aller
dans le sens des vents dominants. Qui ne
se poseront pas les questions qui
fâchent, comme le pourquoi du soutien
d'Al Qaïda en Libye et en Syrie et de sa
criminalisation au Mali. Lesquels ne se
sont pas privés d'y aller, à qui mieux
mieux, pourvu que ça devance les
souhaits de qui de droit. Pourtant,
c'était peine perdue, le «régime» n'est
plus aussi isolé qu'il l'était, et c'est
lui qui reçoit les satisfécits sur la
manière dont il a mis fin à l'affaire,
de ceux-là même qui sont l'atlantisme et
la «communauté internationale» réunis.
Article publié sur
Les Débats
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