Opinion
France-Algérie :
la cosmétique et les enjeux
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 20 décembre
2012 Si nous fouillons juste un peu la
question dite mémorielle on douterait
très vite qu'elle relève de la simple
idée qu'il suffirait de passer le cap
d'un "passé non assumé". Car l'accès à
la réalité des choses est rarement
immédiat, il faut toujours la chercher
derrière les monceaux d'apparences qui
la recouvrent, pour n'en laisser rien
paraître qui soit concret. Pour cela il
faut d'abord traiter de la colonisation,
pas du point de vue sentimental ou
évènementiel, mais selon le principe est
qu'elle constitue l'une des formes de
domination des peuples, qui ne relève ni
de la chevalerie, ni d'une quelconque
morale. On peut dès lors comprendre
l'inutilité des "mots justes" et du
"regard lucide" et de toutes les
formules diplomatiques qui ne servent
que la cosmétique imposée par un rapport
de force conjoncturel où la canonnière
ne peut être productive. La colonisation
a servi à garantir les intérêts de
l'empire français, elle a été pensée et
exécutée sans état d'âme, c'est un fait.
La colonisation a connu sa fin sans être
remise en cause par ses promoteurs, c'en
est un autre. Jusqu'au bout l'Etat
français a œuvré à maintenir son emprise
sur l'Algérie. Ce n'est pas le remord ou
la mansuétude qui ont provoqué le
retrait de l'occupation et la
reconnaissance de l'indépendance, ce fut
l'ultime assaut des Algériens contre le
crime qui les a imposés, dans une
dernière bataille où ils ont réussi à
démontrer qu'ils avaient définitivement
décidé de se libérer de la servitude. Et
le système géniteur, vaincu, est
toujours là à qui certains naïfs
demandent de la "repentance", en ayant
peut-être espoir de le voir abandonner
une option qu'il porte malgré lui, de
laquelle dépend sa survie et qui
constitue son dernier recours, s'il est
acculé. Comme il commence à l'être et
qu'il tente sous une forme améliorée de
revenir à l'asservissement des peuples.
Sous cet angle la visite de Mr François
Hollande doit être considérée selon ses
objectifs et non son décorum, selon ce
qui la fonde et non les "petites
phrases" qui font baver la presse en mal
de sentimentalisme à vendre. Ce sera
déjà beaucoup qu'il soit dit à Josette Audin et à sa famille où se trouve le
corps de Maurice assassiné par les paras
de Massu-Bigeard. Pour le reste, en
marge du service à la "mémoire", il
faudra plutôt que nos gouvernants
utilisent à fond le contexte
international et la bonne santé
financière de l'Algérie pour négocier au
mieux les relations économiques entre
les deux pays. En se rappelant que la
valorisation de la souveraineté
nationale, chèrement acquise, commande
en priorité de promouvoir le
développement de notre économie et non
de subir le déversement des produits
importés. Disons clairement que si Mr
Hollande a priorisé l'Algérie, causant
une crise gastrique à l'"ami" makhzénien,
ce n'est certainement pas dû à un
quelconque penchant. Pour le doute,
disons que ce n'est pas seulement pour
cela et que c'est probablement, aussi,
pour faire oublier les turpitudes de son
prédécesseur et son insolence . Il y va
de la survie des entreprises de son pays
qui se font balayer tous les jours de
nombre de "marchés".
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|