Opinion
Ghaza : le blocus,
cette violence fondamentale
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 20 novembre
2012
A Ghaza,
pour la personne lambda, l'armée
israélienne bombarde des groupes armés,
des terroristes qui ont la fâcheuse
qualité de disposer de missiles (de
fabrication iranienne, comme il est
toujours important de le préciser) et de
les utiliser contre des «civils
innocents». En dehors du fait notoire de
l'occupation israélienne, pour en savoir
plus, il faudrait, en plus de le
vouloir, chercher avec obstination les
rares témoignages qui ont le bonheur de
parvenir à la lumière. Alors, on peut
avoir la chance de trouver celui d'une
Française qui vit à Ghaza et qui écrit
ceci : «Ghaza est une cage où une
puissance étrangère décide de tout, la
quantité des denrées qui entre ou
n'entre pas, les lieux où les gens
pourront rester en vie et ceux où ils
seront abattus, le moment où ses tanks
entreront arroser quelques kilomètres
carrés de leurs engins explosifs et les
moments où on pourra avoir l'impression
de vivre». Dans cette cage, depuis
l'instauration du blocus en juin 2007,
selon le Bureau des Nations unies pour
la coordination des affaires
humanitaires dans les territoires
palestiniens (OCHA oPt), «34 % de la
population (et la moitié des jeunes)
sont au chômage, 80% de la population
dépendent de l'aide alimentaire, un
camion par jour en sort avec des
produits pour l'exportation, soit moins
de 3% du chiffre de 2005, 35% des terres
cultivables et 85% des eaux pour la
pêche sont partiellement ou totalement
inaccessibles aux Ghazaouis et 85% des
écoles doivent fonctionner en «double
service». Concernant les «violences» et
le «terrorisme», un bilan établi par
l'organisation israélienne de défense
des droits humains, B'Tselem, entre le
19 janvier 2009 et le 30 septembre 2012,
est de 271 Palestiniens tués (dont 30
mineurs) contre 4 Israéliens. Pourtant,
ce sont les Palestiniens qui,
aujourd'hui qu'ils se défendent
sérieusement, sont appelés à «cesser»
les hostilités par les dirigeants
occidentaux, ces champions des droits de
l'homme. A leurs côtés, la Ligue dite
arabe qui leur sert de porte-parole, qui
vient d'être activée par quelques coups
de téléphone de Barack Obama et de ses
vassaux européens et qui est un peu
dérangée, à ce titre, par rapport à sa
mission contre la Syrie. Une fois n'est
pas coutume, elle doit se rappeler la
question palestinienne, malgré elle. Au
nom de son organisation, son président
s'engage «auprès des Palestiniens à
Ghaza et partout ailleurs à les soutenir
pour faire face à cette agression et à
briser le siège», mais ne dit pas
pourquoi cela n'a pas été dit avant,
comment cela va être fait, ne donne
aucun détail et n'adresse pas le moindre
message à Israël et à ses parrains.
L'objectif étant, de toute évidence, de
gagner du temps au profit des plans
impérialo-sionistes dans la région, en
faisant taire la résistance afin
d'éviter la mobilisation de l'opinion
internationale et de revenir à ce
«processus de paix» qui permet au
sionisme de parfaire sa phagocytose de
ce qui reste comme terres
palestiniennes. Les Ghazaouis seront
peut-être ravis de recevoir, enfin, une
délégation, mais certainement comme une
victoire contre l'isolement et le
mépris, comme le fruit de leur
résistance et non parce qu'ils en
attendent un quelconque soutien dû à un
impossible revirement des pétromonarques
vis-à-vis de leur allégeance aux projets
sionistes.
Article publié sur
Les Débats
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