Opinion
Libye : Quiproquos
et équivoques au menu
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 20 novembre
2011
Il ne doit
pas être du tout content l'émir démocratiseur de la Libye. Lui, qui a
«élu» ceux qui ne veulent plus de lui
aujourd'hui. Car ils estiment, vraiment,
qu'ils ont un pays, un drapeau et un
siège à l'ONU. La prochaine fois, c'est
certain, il demandera à Al Jazeera de
bien choisir les énergumènes qui doivent
être présentés aux peuples, lors des
prochaines «révolutions». Ils devront
même passer par des services habilités
pour jauger de leur gratitude future et
filtrer tout leur entourage dont, et
surtout, les futurs ambassadeurs à New
York. Il y a de quoi. Avant d'avoir bien
réalisé que c'est sa Libye à lui et pas
l'ancienne qui siège à Manhattan, le
représentant de la Libye aux Nations
unies s'en est pris au Qatar. Et comme
c'est pratiquement sa première réaction
d'envergure, elle passe pour avoir été
bien mûrie du côté de la bande de
Benghazi. Sans crier gare, du jour au
lendemain, l'aide de l'Emirat est
devenue indésirable. Quand on déroule le
film libyen depuis février dernier, on
se met à chercher la mouche qui a piqué
l'hurluberlu qui, hier, ignorait jusqu'à
l'adresse du lieu d'où il invective
celui qui lui a permis d'y être.
Maintenant, il parle d'ingérence et la
refuse. Comme quoi, il ne sait pas ce
qu'il veut. A moins de croire que
l'ingérence peut être gratuite et que
ceux qui s'ingèrent se tracent des
limites en fonction d'un seuil de
tolérance de leurs supplétifs. Passons
sur le fait qu'il la légitime pour le
passé et qu'il croyait que les armes et
les troupes que l'émir envoyait en Libye
serviraient juste à faire partir
Mouammar Kadhafi. Peut-être, à ce
propos, que l'émir doit plutôt rire sous
cape, devant la naïveté du quidam
d'hier, bardé désormais de lettres de
créance diplomatiques. Il doit en rire
parce qu'il ne fait que poursuivre son
plan initial de se tailler la plus
grande part possible du pays. C'est
qu'il sait, lui, que rien n'est encore
joué, que la «démocratie» il s'en fiche
comme de sa dernière concubine et que
s'il s'est bougé autant ce n'est pas
pour des clopinettes. En espérant, il se
le dit, que les Etats-Unis lui
laisseront un bon morceau de gâteau. En
Libye même, la veille de la sortie du
représentant mal embouché, l'ex-numéro 2
du CNT/OTAN y va d'autres déclarations,
tout aussi incongrues. Il craint que :
«Le vide politique que connaîtra le pays
conduira à l'apparition des mêmes
personnalités dirigeantes, que ce soit
celles qui officiaient durant l'ancien
régime ou les dirigeants actuels».
Lui-même et son chef, comme tout le
monde le sait, sont sortis de nulle
part. Sa crainte, dit-il, vient du fait
que «cette réalité débouchera sur
l'imposition par des ingérences
étrangères indirectes de personnalités à
l'Etat libyen». Il faut croire, qu'il
croit que l'OTAN devrait se suffire de
l'avoir imposé aux Libyens ainsi que ses
acolytes. En considérant les deux
individus on peut être amené à penser
qu'ils ont peut-être avalé les discours
sur le «printemps» et sur la générosité
d'âme de ces «protecteurs unifiés».
Malgré le carnage à ciel ouvert et le
tapis de cadavres qui leur a été déroulé
pour la marche triomphale vers la
«victoire» et vers la «libération».
Article publié sur
Les Débats
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