Opinion
Economie nationale
et concepts
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 20 octobre
2012
Selon ce
qu'on peut entendre ou lire comme
discours dominant, l'économie obéirait à
une mécanique simplifiée à l'extrême et
l'économie nationale se meut dans une
île déconnectée du monde. Ce qui pousse
à trouver des causes, non au
sous-développement systémique, mais à la
difficulté du privé et des investisseurs
en général à accéder au crédit. Les
banques au centre de la problématique.
Ainsi, il est aisé de conclure qu'il
suffirait à l'Etat, puisque on ne parle
que des banques publiques, de libérer
les cordons de la Bourse pour que le
pays connaisse un démarrage sur les
chapeaux de roues. Les banques privées
s'autorisant, dans le même temps, à ne
rien risquer sans une totale assurance
d'encaisser capital et intérêt, sans
subir une quelconque critique. Les mots
utilisés sont choisis pour cadrer avec
les conclusions requises, partant pour
imposer les solutions voulues. Au-dessus
de tout serait soit la «bureaucratie»,
soit la «politique», deux ennemies
mortelles du marché et de ses bienfaits,
en tant qu'obstacles suprêmes à leur
expansion. Le marché représentant, en
dernière instance, le moteur du
développement. La boucle est ainsi
fermée et aucune autre explication
alternative ne pourra venir contrer ces
certitudes, soliloque du seul camp des
partisans du libéralisme. Il faut dire
que les positions qualifiées de
«passéistes» qui fleurissaient, quand le
rapport de force permettait de dire haut
et fort que la division internationale
du travail est le facteur fondamental
des «mauvaises performances économiques»
des pays de la périphérie par rapport
aux pays dits industrialisés ou
développés. En ce temps-là, il
apparaissait clairement que la seule
issue était de sortir du cercle de la
dépendance afin de créer les conditions
minimales d'une accumulation dans le
Sud. Tant il paraissait évident que
«l'ouverture», dans tous les sens du
terme, ne pouvait conduire qu'à
l'aggravation de l'extraversion
économique par l'accentuation des effets
de l'échange inégal sur la production
locale et par la destruction des
instruments de contrôle de l'Etat sur
les équilibres socioéconomiques.
L'Algérie faisait partie des nations qui
revendiquaient la mise en place d'un
«nouvel ordre mondial», moins inique. On
sait ce qu'il en a été, avec la victoire
sans partage de grand capital, de son
euphémisme «l'économie de marché».
Coincé, le pouvoir actuel ne sait plus
quoi faire, entre l'appel d'air
populaire et l'appétit insatiable de la
bourgeoisie dans ses segments les plus
entreprenants. C'est à partir de là
qu'il faut chercher à comprendre
pourquoi l'Etat est stigmatisé par
rapport aux capacités financières qu'il
refuse de dilapider. Alors qu'il faut
être heureux qu'il en ait été ainsi,
lorsque le capital industriel national
privé a de plus en plus tendance à
délocaliser sa production ou à servir de
simple
importateur-transformateur-conditionneur.
Ceci établi, il y a certainement une
autre voie à suivre quant à
l'utilisation des ressources
disponibles. Aucun argument n'est
désormais valable pour justifier
l'hostilité à l'émergence d'un secteur
public économique, unique alternative
visible aux errements qui ont dévoyé la
notion même de la valeur travail. Aux
libéraux de démontrer le contraire.
Article publié sur
Les Débats
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