Opinion
Les droits de
l'homme et l'argent
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 20 juin
2013
Ceux qui se sont
méfiés dès le début de cette «société
civile», trop médiatisée ici et là-bas,
pour être honnête, ont finalement eu
raison. Ceux qui dénonçaient le
financement des ONG par des
démembrements des gouvernements
occidentaux à travers de sulfureuses
institutions (National Democratic
Institute-NDI, National Endowment for
Democracy-NED, Freedom-House et
consorts), bien engagées dans les
«démocratisations» en cours, un peu
partout, en dehors des pays atlantistes,
avaient aussi raison. La preuve, ce
scandale, qui vient de se produire à la
Ligue algérienne des droits de l'homme
(LADDH). A ne pas confondre avec celle
dirigée par Hocine Zahouane, dont elle
constitue une scission reconnue par la
FIDH, et qui est boycottée par la presse
«démocratique» au point d'avoir disparu
du paysage des médias. Tout a commencé
quand des membres de la Ligue ont publié
une déclaration «afin de ne pas être
complice (d'un) manquement à l'éthique
et à la gestion démocratique» de leur
organisation. Ceci en réaction à
l'opacité sur l'origine et la gestion
d'un pactole de plus de 20 millions de
dinars et sur la «teneur du don fait par
la délégation européenne, présente pour
la surveillance des élections
législatives…». Les questions concernent
une année et demie de gestion. L'un de
ceux qui veulent être mis au courant des
affaires, Kamel Dine Fekhar, est
édifiant dans sa déclaration, «…nous ne
savons pas d'où est venu cet argent et
comment il a été dépensé». Tout
simplement. Le site TSA a pu avoir une
réponse laconique de l'ancien secrétaire
général qui dit qu'il n'a pas de
commentaire à faire à la presse et que
la «question… sera réglée en interne».
Mais l'activité tonitruante de la LADDH
éclaboussée rend ses propos irrecevables
au sein de l'opinion. Surtout que l'un
des derniers chevaux de bataille a été
la lutte contre la corruption et
l'exigence de la transparence dans la
gestion des affaires publiques. A tout
le moins, alors, il est impératif que
les choses soient clairement livrées, en
conformité avec les prétentions
affichées. Ce qui risque de ne pas être
assumé, puisque, selon les frondeurs,
l'actuel président préfère aller «vers
une assemblée générale constitutive dans
l'urgence afin de fuir les explications
sur la question de la gestion
financière». Et ils ont cette phrase qui
tue, en s'adressant à leur président
d'honneur, «pour rappeler les principes
sur lesquels a été bâtie la ligue dans
l'adversité féroce de ceux qui n'aiment
que les ligues compréhensives qui
serviront de rampe de lancement aux
opportunistes de tous bords». Ont-ils
seulement réalisés le poids des mots ?
Apparemment non, sinon «l'adversité
féroce» n'aurait pas été citée, pas plus
que la «rampe de lancement aux
opportunistes de tous bords», qui veut
qualifier les adversaires. Car pour un
tel résultat en termes d'évitement de
l'opportunisme, il semble bien que
l'adversité supposée n'a pas été, loin
de là, une garantie. Le bénéfice du
doute peut être toutefois permis,
jusqu'à ce que soient confortées les
accusations, même si leurs sérieux
attendus renforcent la conclusion au
tripatouillage.
Article publié sur
Les Débats
d'Algérie
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