Opinion
Alliance verte :
fraudez-nous la victoire !
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mardi 20 mars
2012
Il y a une vingtaine d'années les
«Frères» étaient déjà dans les bonnes
grâces des Etats-Unis et de leurs
satellites. Tout le monde devrait se
rappeler cette insistance à faire de la
place aux «islamistes modérés», ce
conseil-injonction aux autorités
algérienne de l'époque, qui, d'une façon
ou d'une autre, a porté ses fruits. Les
Frères ont pu goûter aux délices du
pouvoir et… de l'émancipation sociale.
Ils devinrent députés et ministres, se
familiarisèrent avec la notoriété et
rejoignirent la jet-set algérienne.
Leurs électeurs leur avaient confié le
soin d'instaurer la «solution»,
c'est-à-dire l'Islam, dans la gestion de
la chose publique. Mais le pouvoir donne
des vertiges et extirpe radicalement des
racines, pour ne plus laisser que la
crainte de ne pas y retomber. Nous avons
donc eu une «Alliance présidentielle»,
avec les «islamistes modérés» dedans.
Cela a duré, au point de nous les faire
oublier en tant que tels. Et puis les
Etats-Unis ont remis cela et les veulent
plus haut qu'ils ne sont. Leur gandoura
a pris tout d'un coup du volume. On les
a vus soutenir le bombardement des
Libyens qui refusaient le diktat et
ronger leur frein devant le veto
russo-chinois sur la Syrie. On les voit,
aujourd'hui, menaçants, avec un culot
incommensurable. Ils se voient seuls au
pouvoir, avant que les Algériens n'aient
voté. A les entendre on ne peut
s'empêcher de suivre leur regard. Ils
semblent montrer clairement l'argument
de la «communauté internationale».
L'Alliance verte «se retirera avant le
rendez-vous électoral dans le cas où il
y aurait des preuves de fraude
électorale et laissera, par conséquent,
le pouvoir seul face aux populations».
C'est ce que l'on peut entendre chez les
futurs ex-partis «religieux» au pouvoir.
Une façon ma-ladroite de proposer qu'on
les installe sans passer par les urnes.
Il y a bien eu le CNT et il a failli y
avoir le CNS, doivent-ils se dire. Alors
ils font dans ce qu'on appelle
l'invocation ou l'allusion. Ils n'osent
pas dire : «Fraudez et donnez-nous la
victoire», mais c'est tout comme, ils
l'ont fait dans un message au code
médiocre. Cela promet donc pour la suite
des événements. Les «islamistes modérés»
ont épuisé la «solution» qui, il faut le
dire, est devenue obsolète en Algérie.
Ils n'ont plus de contact avec la masse,
depuis qu'ils ont migré vers les
hauteurs de la réussite, qu'ils ont
troqué le turban pour la haute coiffure,
la tunique pour le costume-cravate et la
barbe folle pour la barbichette taillée
au millimètre. La religion, ils l'ont
quand même gardée pour le décor. Et s'il
n'y a pas fraude vont-ils faire du
tintouin à n'en plus finir, avec des
«populations» qui n'auront pas voté
comme il faut ? C'est ce qu'ils
affirment. Entre-temps, cela leur évite
que l'on s'intéresse à leur bilan de ces
dix dernières années et au programme
qu'ils comptent appliquer à la société.
Mais cette sortie a du bon. On sait,
désormais, de quel côté surveiller la
fraude. Car si cela se trouve, il se
pourrait bien que le bruit est fait pour
détourner les regards d'un deal conclu
en catimini, pour répondre aux
desiderata du «printemps», la feuille de
route en vigueur pour les Arabes et
assimilés.
Article publié sur
Les Débats
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