Opinion
50 ans - 1
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 19 octobre
2011
Très peu
d'Algériens doivent avoir lu ce texte ou
seulement en avoir entendu parler. Il
s'agit du «Manifeste des officiers
supérieurs engagés dans les opérations
militaires en Algérie». Ils sont 521
officiers généraux à le signer. Ce qu'il
est bon de savoir : la troupe n'a pas
fait ce genre de travail de mémoire.
Parce que, comme on a pu le constater,
pour la plupart des trouffions, il
est surtout question d'effacer de sa
mémoire un épisode où la gloire n'était
pas de mise. Et ils méritent l'hommage
qui est dû à ceux qui reconnaissent
leurs torts, même s'il leur a été
souvent difficile de désobéir aux
ordres. Mais certains de leurs chefs
persistent et signent avec un acte
écrit, ouvertement militant. «Nous
tenons d'abord à affirmer que ce qui a
caractérisé l'action de l'armée
française en Algérie, ce fut d'abord sa
lutte contre toutes les formes de
torture, d'assassinat, de crimes
idéologiquement voulus et méthodiquement
organisés. C'est cela la vérité et non
le contraire». Il faut attirer
l'attention de ceux qui peuvent y voir
de l'ironie sur le fait que ce préambule
n'a aucunement l'intention de faire
sourire et qu'il dit bien ce qu'il veut
dire. Les assassins, aujourd'hui
généraux, sont fiers d'avoir fait ce
qu'ils ont fait et, de toute évidence,
sont prêts à le refaire si une occasion
se présentait et si leur âge pouvait le
leur permettre. Faute de mieux, ils se
jettent des fleurs et plastronnent : «En
moins de 25 ans, notre génération de
soldats a été engagée, au cours des
guerres de 39-45 et d'Indochine puis
dans le conflit algérien, dans la lutte
armée contre les deux plus abominables
et meurtrières idéologies que l'homme
ait connues: le nazisme et le marxisme».
Les indochinois et les Algériens
n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes
pour avoir agressé la pureté idéologique
et la noblesse civilisationnelle du
colonialisme et d'avoir rejeté ses
bienfaits, au profit de leur scandaleuse
émancipation de «l'indigénat».
L'universitaire français, Olivier Le
Cour Grandmaison, vient bien à propos
nous rappeler que ces illuminés ne sont
pas si isolés que l'on peut le croire.
Le 7 février 2007, à Toulon, un Nicolas
Sarkozy, en pleine euphorie, se laisse
aller sans retenue : «Le rêve européen a
besoin du rêve méditerranéen. Il s'est
rétréci quand s'est brisé le rêve qui
jeta jadis les chevaliers de toute
l'Europe sur les routes de
l'Orient,(...), le rêve qui fut le rêve
de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III
en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve
ne fut pas tant un rêve de conquête
qu'un rêve de civilisation». A
l'entendre, on ne sait pas s'il a eu,
simplement, une bouffée de nostalgie ou
s'il veut entretenir une flamme qui
pourrait être ravivée un jour. Mais
dans les deux cas, il y a de quoi
éveiller les plus graves soupçons, que
vont d'ailleurs confirmer la nature et
la constitution de la Fondation
pour la mémoire de la guerre d'Algérie,
reconnue d'utilité publique par un
décret du 3 août 2010. «Ni politicienne
ni partisane», elle est inaugurée le 19
octobre 2010. Parmi ces membres, trois
généraux, Bernard de La Presle, François
Meyer et Jean Salvan, tous les trois
signataires du Manifeste des 521. La
«mémoire de la guerre d'Algérie», nous
savons sous quel registre ils la vivent
et Sarkozy aussi.
Article publié sur
Les Débats
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