Opinion
Qui protège-t-on à
Syrte, Bani Walid...?
Ahmed
Halfaoui

Le siège
de l'OTAN
Lundi 19
septembre 2011
Maintenant
qu'il n'est plus question de «protéger»
Benghazi ou plus largement les «civils»,
maintenant que Nicolas Sarkozy et James
Cameron sont allés goûter leur moment de
triomphe à Tripoli et à Benghazi, à quoi
servent les bombardements contre Bani
Walid, Syrte et d'autres localités, dont
les habitants appellent la société
mondiale à leur secours. Pour ceux qui
savent que depuis le début il n'y avait
ni civils à protéger ni révolution à
prémunir d'une aviation, invisible du
reste, ces bombardements sont justifiés
par le refus des Syrtiens et des Bani
Walid de se soumettre à l'OTAN. On parle
de milliers de morts, qui viennent
s'ajouter aux dizaines de milliers des
frappes précédentes. Dans les médias,
aucune image, aucun témoignage, de ces
«pro- Kadhafi», sortis du champ et
déshumanisés. Qui sont-ils, pourquoi
résistent-ils ? On le saura bien un
jour, quand il ne sera plus question que
de faire le bilan des victimes. Des
«pro- Kadhafi», cela devrait avoir une
consistance. Mais on ne nous la donne
pas. Ce qui importe est de les associer
à celui qui est censé représenter
l'ultime menace. Certains médias font
mieux, pour eux l'OTAN «bombarde
Kadhafi», les enfants, les femmes, les
hommes, qui reçoivent le feu et l'acier
du ciel n'existent pas. Dans leurs pays
le moindre bobo ameute des régiments de
psychologues au chevet des victimes, des
cellules d'écoute se mobilisent, les
témoignages de sympathie pleuvent. Les
Libyens ne font pas partie de la même
Humanité. Ils sont un obstacle à
l'équipée prédatrice. Dans les deux
villes martyres, ils ont leur dignité
comme baume qui les protège de
l'effondrement. Et tout démontre qu'ils
ne se laisseront pas faire, jusqu'au
bout des forces qui leur restent. Ce
faisant, ils démasquent, chaque heure
qui passe, l'horrible imposture. Ce
faisant, ils démontrent que l'OTAN, si
elle impose ses supplétifs, aura bien du
mal à régner pacifiquement sur un pays
où gronderont des torrents de haine.
Elle doit le savoir, puisqu'elle y va de
toute sa hargne chargée de mépris et de
racisme contre ces irréductibles qui ne
font, pourtant, que défendre leur pays
contre une agression barbare. Ils sont
au moins 500 000 à être encerclés,
privés d'eau, de médicaments et
d'électricité et soumis aux bombes des
avions qui ouvrent la voie à des
«révolutionnaires» alibis. Avec la
complicité scandaleuse de tous ceux qui
se sont emparés du monopole des droits
de l'homme. Le crime est transformé en
mission libératrice de gens qui ne
veulent pas être libérés. Tant qu'à
faire, ils sont ignorés. Il n'y aurait
que leurs oppresseurs qui résistent. Là
on ne nous explique pas comment ces
derniers tiennent depuis des mois et
pourquoi on ne trouve pas grand monde
pour applaudir le «nouveau pouvoir» en
dehors des plans serrés des caméras. La
vérité est que le monde est entré dans
une nouvelle ère où il devra affronter
ses pires démons. Point de place pour le
faible, point de place pour les justes,
seuls les rapaces s'invitent au banquet
où ils veulent mettre eux-mêmes la
table. Vivront des miettes qui tombent
ceux qui feront preuve de servilité. Ce
que les Libyens ont compris en poussant
à la folie sanguinaire l'Alliance
atlantique.
Article publié sur
Les Débats
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