Opinion
Hillary Clinton va
venir
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 18 janvier
2012
La voilà revenue chez nous ! Hillary
Clinton a débarqué en Afrique cette
semaine. Elle va faire le tour du
propriétaire, en commençant par la Côte
d'Ivoire et son président plus
«certifié» que jamais. Elle fera des
haltes dans trois autres pays : le Togo,
le Libéria et le Cap-Vert. En février,
elle viendra jeter un œil en Algérie. La
dernière fois qu'elle a mis les pieds
sur notre continent c'était pour faire
la leçon aux présidents africains, en
sommet de l'U.A, à propos de l'affaire
libyenne, désormais bouclée. A Abidjan,
la Clinton, plus hilare que jamais, dira
à Alassane Ouattara tout son soutien. A
Monrovia, elle assistera à
l'installation de la présidente Ellen
Johnson Sirleaf pour un nouveau mandat à
la tête du Liberia. On ne sait pas ce
qu'elle fera au Cap-Vert et au Togo. En
Côte d'Ivoire on jubile. Pour le
ministre Bruno Nabagné Koné ce serait la
«confirmation de l'efficacité de la
diplomatie de (son) pays». Histoire de
nous faire oublier comment son chef a
été installé au pouvoir. La presse
d'Abidjan est moins subtile,
news.abidjan.net est aux nues. Il
s'extasie : «Les Etats-Unis ont érigé
l'une des plus imposantes ambassades
ici». L'implantation d'un tel édifice ne
manque pas de messages. Outre le rôle
accru que le pays veut jouer en Afrique,
il montre que «l'oncle Sam» nourrit de
superviser «la sous-région à partir
d'Abidjan». Sur la lancée, on découvre
que les multinationales Cargill et
Archer Daniels Milband (ADM) «injectent
de gros capitaux dans le domaine du
café-cacao» et que, fin décembre,
General Electrics a empoché le marché de
la construction de la 3e centrale
thermique d'Azito, en attendant d'autres
débouchés juteux, en voie de
concrétisation. Ce n'est déjà pas si mal
quand, en Amérique latine, le terrain
est devenu particulièrement hostile.
Haro donc sur notre continent, quitte à
faire grincer des dents les
traditionnels parrains, en empiétant sur
leur chasse gardée. En zappant le
Sénégal, elle semble ne pas tenir en
sympathie Abdoulaye Wade, lui qui a
pourtant tout fait et plus qu'il n'en
faut pour soutenir les bombardements de
l'OTAN en Libye. Il doit se faire un
sang d'encre, car cela n'augure rien de
bon d'être ainsi boudé. Par contre, en
Algérie, l'heure est à se féliciter de
la «qualité des discussions». C'est ce
qu'a exprimé le ministre des affaires
étrangères, Mourad Medelci. Et pour
cause ! Les Etats-Unis ont donné leur
«approbation» aux «réformes
significatives» en cours. Et, par dessus
tout, Hillary Clinton va débarquer à
Alger pour exhiber ce sourire triomphal,
qu'on exhibe ordinairement sur les
champs de bataille, après la victoire.
On ne sait pas ce qu'elle va exactement
nous dire, mais à peu de choses près,
elle va nous dire ce qu'elle veut qu'il
soit fait et puis elle va confirmer
qu'elle soutient la démocratie et que le
peuple algérien devrait en profiter.
Personne ne lui dira, et c'est dommage,
qu'il vaut mieux avoir confiance en
soi-même qu'en cette «alliée» qui se
fiche comme d'une guigne de la liberté
des peuples ou de leur bien-être et
qu'elle devrait commencer par se
préoccuper des dizaines de millions de
ses administrés qui souffrent le martyre
de l'exclusion.
Article publié sur
Les Débats
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