Opinion
Syrie : rien ne va
plus côté OTAN
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 16 août
2012
Rien
n'irait plus dans le cénacle du régime
étatsunien. Il y a toute raison de le
croire, lorsque la sanguinaire Hillary
Clinton subit deux rebuffades qui
déstabilisent son arrogante assurance et
contrarient son élan guerrier. La
première vient de son collègue, le
ministre de la Défense, Leon Panetta,
celui qui aurait été chargé de
déclencher les bombardements contre la
Syrie. Il a tout simplement informé le
monde qu'il n'était pas question de
«zone d'exclusion aérienne» ou «no fly
zone», pour nous rappeler le tapis de
bombes qui a recouvert la Libye sept
mois durant. Pour Panetta, qui rappelle
la possession d'armes chimiques de
dissuasion par Damas, cette option n'est
pas une priorité, alors que la Clinton
en avait fait un point de discussion
avec son supplétif Erdogan en Turquie,
avait dit qu'elle y travaillait. De deux
choses l'une, ou bien la dame agit selon
des automatismes programmés qui doivent
lui faire dire et faire des choses sans
réfléchir ou bien elle s'est, tout
simplement, laissée aller pour conjurer
son dépit personnel de voir que les
«grandes batailles de Damas et d'Alep»
n'ont pas eu lieu. Auquel cas, elle
devrait soit subir, dorénavant, des
réglages qui donnent de la place à la
réflexion, soit être tenue de s'informer
auprès de ses collègues et chef de la
situation. Cela lui aurait évité de
faire une pré-déclaration de guerre. La
seconde rebuffade est la remise en cause
de la «représentativité sur le peuple
syrien» qu'elle a décrétée pour cet
aréopage interlope du CNS. The Guardian,
le journal britannique, révèle qu'il
n'est plus question pour les atlantistes
de le considérer comme tel. Selon ce que
le journal rapporte, les gouvernements
britannique et français auraient décidé
de diversifier leur soutien et de
l'orienter vers des «groupes
d'opposition de l'intérieur de la
Syrie». Cruelle déconfiture, en somme,
de la «démocratisation» à la sauce
atlantiste. Car la véritable raison se
trouve dans l'échec de trouver l'ancrage
militaire que la magouille initiale
devait fournir, grâce à ce qui fut plus
une illusion qu'un objectif mûrement
réfléchi, celui de miser sur des
aventuriers incapables de comprendre
même le rôle qu'ils devaient jouer.
Alléchés par la «victoire» du CNT
libyen, les membres constituants du CNS
n'ont vu que la possibilité de se faire
introniser en Syrie sur les cadavres de
leurs compatriotes. Ils n'ont pas évalué
ce que l'OTAN escomptait d'eux, surtout
après le veto russe et chinois qui
compromettait le scénario de départ.
Parce qu'en fait, sur le terrain, il n'y
a plus grand monde à soutenir, en dehors
des groupes fondamentalistes et des
hommes de main du Qatar et de l’Arabie
Saoudite. Ces deux monarchies, qui
œuvrent, aussi, selon leurs intérêts
bien compris, n'ont pas à satisfaire des
opinions publiques férues de
«démocratie», mais doivent, au
contraire, contrer toute alternative
démocratique. C'est ce qu'elles ont fait
en recrutant leurs propres «opposants»
et en les injectant dans le champ de la
bataille. Faisant en sorte de saper
radicalement toute extension, s'il en
fut, de l'opposition interne et de
pousser les Syriens à prioriser le
sauvetage de leur liberté, de leur
souveraineté et de l'intégrité de leur
pays. Dur sera de leur faire admettre
autre chose.
Article publié sur
Les Débats
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