Opinion
Ambassade US :
l'indiscrétion qui dérange
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 16 mai 2013
Finalement,
à tout comprendre, les Etatsuniens en
poste à Alger, auraient aimé qu'on ne
leur dicte pas ce qu'il faut faire chez
eux, concernant leurs ressortissants.
Ensuite ils n'ont pas apprécié que les
gens sachent ce qui se passe dans les
coulisses de leur diplomatie. Nous
savons cela grâce à la réaction de leur
ambassade à l'égard du communiqué de
presse de l'Association algérienne de la
lutte contre la corruption (AACC). Avant
les fameuses révélations de Wikileaks,
d'habitude, les Algériens ne pouvaient
imaginer et n'étaient pas même au
courant que certains de leurs
concitoyens allaient rendre des comptes,
quémander ou se plaindre dans une
chancellerie étrangère, quand eux savent
le faire directement à travers leurs
grèves, leurs protestations et leurs
émeutes. Ils étaient encore moins
informés sur le contenu de ces
chikayates, censées exprimer leurs
propres attentes. Le secret était bien
gardé, malgré le défilé ininterrompu de
personnalités ou de représentants de
partis politiques ou de la société
civile organisée. Ce dont l'ambassadeur
des Etats-Unis ne se cache pas et en
parle. Il nous dit, en toute
transparence que les "…les diplomates se
réunissent régulièrement avec les
membres de la société civile pour
acquérir une meilleure compréhension de
la diversité des opinions sur la vie
sociale et politique dans le pays où ils
travaillent. Il est l'un des devoirs de
toutes les missions diplomatiques
américaines…d'apprendre des
interlocuteurs du pays d'accueil ". Sauf
que cette fois-ci, un compte-rendu de la
rencontre est livré à la presse. Peu
importe la raison qui a poussé à cette
initiative, mais l'ambassadeur s'est
montré plutôt en désaccord avec les
termes rapportés, en fait, plutôt
contrarié que l'affaire soit portée sur
la place publique. D'autant que et de
surcroît, ce n'est plus le seul
gouvernement algérien qui est cloué au
pilori, mais la Maison-Blanche qui est
appelé à s'occuper des frasques de l'un
de ses administrés. Nous ne savons pas
l'ambiance exacte qui a prévalu lors de
l'entrevue, nous pouvons supposer qu'il
y a eu des sourires polis lorsqu'il a
été question de Chakib Khellil,
cependant nous pouvons être certains que
ce qui n'est pas ce qui est attendu des
" invités ". La démarche étant, pour les
Etats-Unis, d'identifier dans tous les
pays des relais qui encadreront les
sociétés ciblés et porteront leur
stratégie, pas des gens qui se
permettent apparemment de jouer aux
interlocuteurs. Bourde ou volonté
délibérée de ne pas se soumettre au
principe de la diplomatie secrète, le
résultat est édifiant. La porte étant en
principe ouverte, il serait, maintenant,
intéressant de connaître la teneur des
propos échangés lors de toutes les
réunions précédentes. Que tous les
autres disent au peuple algérien ce
qu'ils ont dit et ce qui leur a été dit,
après l'avoir informé qu'ils ont répondu
à l'invitation. Nous en apprendrions
sûrement des choses. Gageons tout de
même que rien de pareil ne se produira
et que l'AACC restera une exception. Car
le silence et l'absolue discrétion qui
ont régné jusqu'ici, en disent long sur
la nature et les objectifs de ce type de
contacts.
Article publié sur
Les Débats
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