Opinion
L'Algérie menacée
par Hillary Clinton
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 15 octobre
2012
Notre pays, qui ne doit rien aux
Etats-Unis, ni a une quelconque
puissance "démocratique", bien au
contraire, aurait "beaucoup à gagner en
adoptant les changements qui s'opèrent
(autour de lui)". C'est madame Hillary
Clinton qui vient de nous le dire. Notre
pays qui a eu à se libérer de la
barbarie coloniale, soutenue par les
forces de l'OTAN, au prix de centaines
de milliers de morts et de souffrances
insoutenables, a droit à l'outrecuidance
de la dame qui se croit tout permis,
quand il s'agit des ex indigènes. Ici,
on peut avoir une réaction qui peut
aller du pincement au cœur aux cris
d'indignation, devant le silence des
représentants de l'Etat algérien, alors
que la moindre des choses était de les
entendre l'envoyer paître et s'occuper
des dizaines de millions de ses
compatriotes livrés à la misère. Au
moins on aurait aimé les voir lui dire,
poliment, de se mêler de ce qui la
regarde. Et comme si Mme Clinton savait
à qui elle avait à faire, elle délivre
des bons points d'encouragement. "Peut
mieux faire" dit le maître d'école pour
pousser son élève. C'est ce qu'elle a
fait, en partie, en suggérant son
mécontentement: "l'Algérie a beaucoup de
travail devant elle pour atteindre et
consacrer les droits universels et créer
un espace pour la société civile". Le
pouvoir doit donc faire attention. Les
bons points ne sont pas suffisants, il
faut qu'il fasse plus pour que la dame
ne se fâche pas pour de vrai et ne
décide de faire faire les choses à
d'autres et autrement, tel qu'elle
procède sous d'autres latitudes, là où
on n'aime pas qu'on s'ingère dans sa
maison. Pour le moment, elle dit qu'elle
attend la suite, dans cette langue
sibylline, que seuls peuvent inspirer la
perfidie et le cynisme. A moitié
contente, ce qu'elle montre. A moitié
menaçante, ce qu'elle montre aussi, sûre
de faire peur, sûre de faire de l'effet.
Donc pour le moment, et pour le moment
seulement, nous pouvons être
tranquilles. Comme elle a certainement
un barème qui lui permet d'évaluer et de
noter les performances, Mme Clinton a
constaté que nous avons faits "certains
progrès", sans avoir eu besoin d'une
"révolution", elle le dit crûment: "ils
n'ont pas vécu ces révolutions, mais ces
événements récents ont testé leurs
valeurs et leur détermination". A la
bonne heure! On devrait la remercier de
sa sollicitude et ne pas voir qu'elle
doit enrager de ne pas avoir assisté à
la précipitation du pays dans un chaos,
dont il ne se relèverait pas, ouvrant la
voie des champs d'hydrocarbures aux
compagnies étatsuniennes, accompagnées
des GI's. On devrait aussi faire
semblant de ne pas comprendre que ces
propos n'ont pas été plus insultants,
qu'ils ne sont, ni plus agressifs, à
cause du fait que le moment n'est pas
propice à une aventure de conquête.
Faiblesse des supplétifs locaux, d'une
part, expérience syrienne très peu
encourageante et risque militaire
certain de s'engager dans une Algérie au
peuple très au fait des intentions
réelles des "démocraties". C'est
pourquoi les Etats-Unis se contentent du
peu, faute d'avoir le tout, en attendant
des jours meilleurs, en faisant
pression, avec beaucoup de succès du
reste. Ce qui n'est plus possible en
Amérique du sud, l'est en Afrique et
chez ce qui reste comme Arabes et
assimilés comme effet du terrorisme
impérialiste.
Article publié sur
Les Débats
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