Opinion
Fin de cycle pour
un certain socialisme
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Lundi 8 avril
2013
Les
Français, du moins la majorité crédule,
viennent de s'apercevoir définitivement
que leurs socialistes sont de
redoutables affairistes et non pas ces
militants imbus des valeurs
républicaines et engagés pour
l'émancipation de la classe ouvrière et
des couches populaires opprimées par le
capitalisme. Le chef du parti
socialiste, croyant pouvoir atténuer le
choc causé par les révélations sur le
profil social de son état-major et sur
le peu de scrupules que peuvent avoir
ses élus, a décidé de les obliger de
publier leurs états de fortune. Fruit
d'un manque de perspicacité ou du
désarroi, cette mesure a aggravé le
malaise politique et semé la panique
dans les rangs des dirigeants d'un
parti, dont la réputation reposait
fondamentalement sur la conviction du
Français lambda de leur proximité
économique avec les plus pauvres.
Conscients des conséquences désastreuses
de l'étalage public du patrimoine
personnel de députés censés incarner
l'expression de la France d'en bas, les
concernés sont consternés à l'idée de
devoir ensuite expliquer l'origine de
leur richesse. Ils sont tellement
désemparés qu'ils le disent à qui veut
les entendre. Il faut dire que beaucoup
de choses vont changer dans la
perception de la population du
socialisme officiel. A commencer par la
prise de conscience des raisons qui ont
fait que rien n'ait changé dans les
faits, entre la démarche de Nicolas
Sarkozy et celle de François Hollande.
Alors que les déterminants fondamentaux
du scrutin ont porté sur ce sujet. Du
coup, l'implosion du PS est à l'ordre du
jour. Cette formation, fourre-tout de
tendances de «gauche» aux lignes
vaporeuses, capables de fournir des
passerelles confortables vers les
positions les plus antipopulaires,
commence à vivre des déchirements où le
sauve-qui-peut n'est pas la moindre des
motivations. Surtout que l'occasion est
belle de se démarquer d'une gouvernance
désastreuse et sans issue, en dehors de
celle d'un affrontement quasi inévitable
avec les victimes des mesures scélérates
opérées sous la dictée de l'oligarchie
financière internationale. Même à ce
propos, il se trouve des opportunistes
qui exploitent cette piste en tentant de
rejeter la responsabilité sur le
partenaire allemand, chef de file du
Traité de Lisbonne et de la stratégie austéritaire. Ainsi, hormis les états
d'âme individuels de caciques menacés
dans leur confortable carrière, des
groupes dits minoritaires se préparent à
la sédition. La crise est aussi
présentée, par les partisans de l'unité
des rangs, comme étant d'ordre moral,
une piètre façon d'éviter le débat
fondamental sur l'ancrage politique du
PS, quand ce débat court déjà au sein de
la population. Chose que semble avoir
comprise certains qui vont droit au but
: la remise en cause de la politique
économique gouvernementale. Sauf que
rien n'est moins simple et que ce n'est
pas parce que les masques sont tombés
que le miracle d'un retour vers Jean
Jaurès, vers le socialisme, sera
possible. On ne peut corriger le
résultat d'une longue évolution faite de
compromissions, de reniements et de
duplicité, durant laquelle le PS ne
faisait qu'entretenir l'illusion des
idéaux fondateurs de ce que fut sa
matrice originelle.
Article
publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Politique
Les dernières mises à jour

|