Opinion
La vérité trouve
toujours son chemin
Ahmed
Halfaoui

Photo: AFP
Dimanche 11
septembre 2011
Ce n'est ni
un anti impérialiste attardé, ni un
trotskyste aigri, ni un nationaliste
paranoïaque qui le dit, c'est le chef
d'un pays, membre de l'Alliance
atlantique qui avoue, cette coalition
qui travaille à faire un sort au
peuple libyen, en prétextant qu'elle le
massacre depuis six mois pour le libérer
d'un «tyran». Sylvio Berlusconi vient de
fiche en l'air toutes les arguties
cuisinées par les pétromonarques arabes
et les «grandes démocraties» pour se
donner le «droit» de massacrer, de
détruire et de soumettre. Le sémillant
Premier ministre italien avoue que le
peuple libyen ne s'est pas soulevé
contre Mouammar Kadhafi. Bien au
contraire, d'après lui, ce peuple aime
son «Guide». Nous y voilà. Le mensonge
n'a pas duré le temps que le travail (le
job dirait Alain Juppé) soit fini. Les
mots de Berlusconi vont peser plus
lourds que les images des millions de
Libyens, criant leur indignation et leur
colère, confinées à l'archaïque
télévision de la Jamahiriya. Les
assassins ne vont pas, bien sûr, se
regarder la pointe des pieds et leurs
vassaux qui ont crié haro non plus.
Mais, les propos du Cavalieri sont une
pièce à charge que l'Histoire retiendra
et qui tôt ou tard sera mise sur la
table d'accusation. Il a ensuite tous
ces journalistes enthousiastes qui se
sont rangés derrière l'épopée
«démocratique» des bombardiers et il y a
encore tous ces jeunes enrôlés dans
l'une des pires infamies contre leur
propre peuple. Ceci pour ce qui concerne
les fondements de la résolution 1973 de
la très respectable Organisation
internationale. Mais, le dirigeant
italien est aussi un redoutable homme
d'affaires et son aveu tardif comporte
nécessairement un calcul précis. Ce
calcul repose tout aussi nécessairement
sur des données, que Berlusconi est bien
placé pour les avoir. Résumons. Il
discrédite l'OTAN et ses comparses, cela
a un coût politique et dans les affaires
on ne dépense rien pour rien. Il méprise
les supplétifs libyens de l'OTAN et ne
leur accorde aucun égard, cela pourrait,
en principe, avoir un coût économique en
cas de «victoire» de ces derniers.
L'Italien aurait donc pris un gros
risque, notamment pour ses propres
intérêts. Réfléchissons. Berlusconi ne
prend que les risques qui valent et ne
fait jamais de plongeon gratuit. Il sait
beaucoup de choses pour se trouver aux
premières loges de la «révolution» en
cours. Donc si nous comprenons bien, il
ne mise plus du tout sur la «victoire»
des bombardiers de l'Alliance, ni sur
leur capacité à installer les sbires
libyens au pouvoir. Gageons que les
coups de téléphone doivent pleuvoir sur
Rome et que les gars de Benghazi doivent
se demander ce qui se joue à leur insu.
Pour ce qui est de ceux qui se sont
alignés au premier coup de sifflet, ils
devraient demander des assurances sur
les garanties qui leur ont été données
sur le dossier libyen. Mais,
ont-ils seulement droit au
chapitre et aux égards qui vont avec ? A
tous, il ne restent que les prières pour
que l'OTAN ne se soit pas trompée et que
Berlusconi ait fait, pour une fois, de
mauvais calculs.
Article publié sur
Les Débats
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