Opinion
Le «Grand Charles»
est fatigué des Libyens
Ahmed Halfaoui
Mercredi 10 août 2011
L'actualité
est riche en émotions. A commencer par
le retour à la maison du porte-avions
Charles de Gaulle, le navire amiral. Le
«Grand Charles» comme on l'appelle. En
souvenir de l'illustre personnage qui
portait ce nom. Le «Grand Charles»
rentre à Toulon où il va être accueilli
en grande pompe, par le gotha de la
classe politique de son pays. Il a bien
mérité cet honneur pour avoir servi
jusqu'à n'en plus pouvoir. Toute arme
redoutable qu'il soit, il est sujet à la
fatigue. Il rentre donc pour se refaire
une santé. Le combat a été rude, des
mois durant, quand on n'avait prévu que
quelques jours, quelques semaines au
plus. C'était plus qu'il n’en fallait,
mais l'engin a tenu bon. Il fallait
faire décoller des avions et les faire
atterrir, des milliers de fois. Coup de
chance personne ne pouvait lui tirer
dessus et il n'a pas subi la moindre
alerte, pas même pour l'exercice,
c'était inutile. Il revient sans une
éraflure. Les avions qu'il porte,
eux-mêmes, n'avaient pas d'autres
problèmes que de prendre l'air, de bien
viser et de délester de leurs missiles
dans la bonne direction, droit sur la
cible. Ils avaient aussi tous les
instruments pour ne pas trop se
fatiguer. A Toulon ce sera quand même la
fête et les guirlandes du triomphe et de
la gloire et pour la coque et pour son
équipage. Ce serait bien de voir,
Hillary Clinton, dans le comité
d'accueil. Elle sait y faire, elle. Avec
son air altier, son hilarité permanente,
expression de cette jouissance de
vainqueur, qu'elle étrenne sur toutes
les tribunes, sur tous les plateaux, là
où elle peut exhiber sa satisfaction
d'être celle parmi ceux qui
accomplissent la dangereuse et
courageuse mission de mater les
«méchants» désignés par la «communauté
internationale». Tant pis s'ils n'ont
pas les moyens de se défendre et qu'ils
ne font que recevoir des bombes sur la
tête, qu'ils soient armés ou qu'ils
soient des civils, du mauvais camp. La
présence de la dame aurait rehaussé
l'aréopage chargé d'être là lorsque le
«Grand Charles» exténué rentrera dans
son port d'attache. Le 12 août sera un
grand jour pour l'héroïque bateau.
Il le sera aussi pour les hommes qui
servaient d'équipage. Parce qu'on dit
que les familles sont très inquiètes.
Elles ne vont plus l'être. Les autres
familles, celles que les avions du
porte-avions écrasaient sous leurs
bombes, on ne nous dit pas si elles sont
inquiètes. On n'en parle même pas. De
toutes les façons, elles resteront à
attendre les bombes qui viendront
d'avions qui changeront simplement de
piste. De plus, savent-elles seulement
d'où viennent les bombardiers et le
savoir les intéresse-t-elles ?
Quelques semaines avant d'aller servir
de support à la destruction de la Libye
et aux massacres des Libyens, notre fier
bateau s'est promené durant quelques
mois du côté du Pakistan. Il était donc
déjà assez fatigué.
Ce qui fait
qu'il va être immobilisé pour un bon
bout de temps, pour lui refaire une
santé. On dit que cela pourrait durer 6
mois. Et il paraît que cela aurait pu
être pire, si le navire avait été
maintenu plus que ça en mer. Il ne
serait pas sorti en 2012. Ils sont
vraiment coriaces ces Libyens, d'avoir
obligé de malmener un tel bijou !
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Publié le 10 août 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur.
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