Opinion
Entre les scories
médiatiques
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 9 février
2012
On vous le
disait, les médias ne reculent devant
rien. Pour la Syrie, comme pour la
Libye, ils se sont aussi tous mis sous
la coupe d'un comité de rédaction
international unifié. Ce comité a une
seule source d'information :
l'Observatoire syrien des droits de
l'homme (OSDH). Mais cette fois-ci,
cette source ne recueille pas l'agrément
de tous ceux qui tentent de faire office
de «représentation» du peuple syrien.
Elle irait trop loin et ferait trop de
gaffes selon le CNS (CNT syrien). Un
organe de ce conseil, la «Commission
générale de la Révolution syrienne»
(CGRS), a annoncé cette semaine qu'elle
rompait avec l'OSDH et son patron,
Oussama Ali Suleiman alias Rami Abdel
Rahmane, accusés de faire du tort aux
«diverses organisations de la révolution
syrienne à l'étranger». D'après le
CNS/CGRS l'OSDH travaillerait à saper
ses bases au profit d'une entité rivale,
l'«Organe de la coordination nationale»,
qui se présente comme étant l'émanation
des «Comités locaux de coordination»,
comités formés par les «informateurs de
l'OSDH». Grâce à cette rivalité, on a pu
apprendre du CNS lui-même que l'Office
manipulait les faits. On peut constater,
ainsi, que contrairement à la
«révolution» libyenne, en Syrie il y a
un fort risque que cela soit plus
laborieux que prévu, sans préjudice de
l'existence d'autres oppositions, dont
le CNDC et d'autres formations, peu
favorables aux thèses
interventionnistes. Parallèlement, les
médias continuent leur équipée sans se
soucier des détails. Au point de faire,
eux-mêmes, de la contre-information. Des
coupeurs de cheveux en quatre, qui ne
veulent pas s'en laisser conter, sont
toujours à l'affût des glissades. Ils
ont en déniché une, très grosse. C'est
I-Télé, filiale de Canal+, qui s'est
ramassée, juste après le veto
russo-chinois au Conseil de sécurité,
bloquant une résolution contre la Syrie.
L'émission concernée s'appelle la
«Grande édition». Il s'agissait de
montrer que le massacre continuait à
Homs. Mais, dans deux témoignages qui
illustraient la situation dans la ville,
deux femmes étaient interviewées qui
dénonçaient les groupes armés et
concluaient leurs interventions par un
«que vive l'armée !» triomphal. Cela
prouve deux choses : la perméabilité de
la chape de plomb sur ce qui se passe
réellement sur le terrain, devant le
flot de mensonges incontrôlés où peuvent
se glisser des images non traitées, et
le mépris relatif à la qualité de
l'information diffusée, qui ne se
préoccupe pas de la vérifier, au risque
de laisser filtrer la vérité. En plus
discret, dans les coulisses onusiennes,
jamais parfaitement hermétiques, s'est
déroulé un dialogue entre le Chef du
gouvernement du Qatar et le représentant
russe. Le premier tentait de persuader
le second d'oublier son veto, contre
forts avantages, puis vers la fin avec
des menaces. Visiblement agacé, le Russe
a alors décidé de clore le débat,
s'adressant à son vis-à-vis, il dit ceci
: «Je voudrais vous rappeler que votre
Etat n'existait pas sur la carte au
temps où la flotte russe voguait dans le
Golfe il y a de cela 2 siècles. Et
rappelez-vous que l'histoire se
reproduit quelquefois sous forme de
comédie, ne soyez donc pas les héros de
cette comédie au moment où le rire n'est
pas de mise dans la tragédie qui se joue
actuellement».
Article publié sur
Les Débats
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