Opinion
Le terrorisme
intellectuel bat de l'aile
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 7
septembre 2011
Le premier
étonnement passé, de réaliser qu'elles
ne sont plus seules sur la place, les
quelques plumes boursouflées de
l'arrogance que procure la notoriété
acquise à l'outre-mer et bardées du
monopole de la démocratie, se lancent à
l'assaut des intrus qui viennent
malmener leur discours. Leur arrogance
est telle qu'il ne leur vient pas à
l'idée que la contradiction ne peut
exister sans être le fait de sbires du
pouvoir. La vérité est que de plus
en plus d'intellectuels algériens
commencent à se libérer de cette pudeur
qu'ils ont de ne rien dire, qui puisse
heurter les gens, qui hier faisaient
partie de leur cercle, de ne rien écrire
qui puisse les mettre à l'index, qui
puisse les assimiler à l'ultime
«infamie» de «rouler pour le pouvoir» ou
d'avoir rejoint les «relais du DRS» en
écrivant dans des «journaux de service»
versus les journaux «indépendants» (de
qui ?). Cette libération est laborieuse,
ils se cherchent des yeux, s'interrogent
et se lâchent par petits bouts. Ils sont
tous plus ou moins opposants, plus ou
moins libres penseurs, plus ou moins
démocrates ou libertaires, plus ou moins
opprimés, plus ou moins exclus de la
distribution de la rente, plus ou moins
marginalisés par la bêtise dominante,
qui bride l'intelligence et qui
désertifie le paysage culturel. La
bêtise qui offre à une flopée de
plumitifs le statut d'intellectuels ou
de démocrates, parce qu'ils disposent
d'espaces que d'autres n'ont pas. Mais,
le monde a changé en mal et les menaces
se précisent, qui ne laissent plus à
s'encombrer de détails philosophiques.
Un danger mortel menace le pays, son
peuple et son indépendance. Ce danger
est d'autant plus grand qu'il trouve des
bases internes. Ceux qui ont rompu le
cercle les premiers, se sont érigés en
directeurs de conscience avec un certain
succès. Ils ont réussi à tétaniser toute
velléité de dénonciation de l'ingérence
étrangère, sous l'accusation de trahison
d'on ne sait quel pacte. Certains
d'entre eux, hier choisis et triés par
le pouvoir qui en a fait des
milliardaires, affichent ouvertement les
sympathies qu'ils ont vis-à-vis des
menées étrangères. Depuis quelques mois
ils réclament l'ingérence, se font les
porte-parole des pressions occidentales,
prennent à leur compte jusqu'aux
exigences des supplétifs libyens de
l'OTAN, dont ils louent l'exemple.
Depuis quelques jours ils s'attaquent à
ceux que l'historien fast-food de
plateaux télés, Benjamin Stora,
appellent les «anti-impérialistes
attardés». Avec la «révolution»
libyenne, tout s'accélère, quand un
confrère a osé poser la question du «qui
est qui», devant les applaudissements
nourris constatés ici adressés à une
sanglante entreprise coloniale.
Désormais, explicitement, le choix est
clair et se pose ainsi : défendre son
pays ou laisser le néocolonialisme faire
son œuvre de peur d'être taxés de
soutenir le pouvoir, le DRS et tutti
quanti. Les jeunes n'ont pas attendu.
Comme ils en ont l'habitude, ils savent
y faire quand il s'agit de s'exprimer.
Ils foncent et ont secoué la léthargie
ambiante. Leurs attaques massives et
efficaces contre Al-Jazeera ne
sont pas à prendre à la légère et tant
mieux si on dit qu'ils sont manipulés
par le DRS (il est fort le DRS pour
activer des dizaines de milliers
d'internautes). Car eux savent qu'ils
sont plutôt animés de la dignité contre
l'agression. Le comité de rédaction
mondial, dont la tête de pont arabe est
cette chaîne suivie de feuilles locales,
vient de le savoir. En faisant irruption
sur la scène, ils ont montré qu'ils
étaient des acteurs plus conséquents que
tous les manipulateurs honteux. C'est
aussi une façon à eux de démontrer qu'en
Algérie il n'y a pas un pouvoir en
haut et des opposants attitrés en bas et
rien entre les deux, qu'un peuple soumis
appelant la «communauté internationale»
à son secours.
Article publié sur
Les Débats
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