Opinion
Entre le droit
déclamé et la réalité
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 5
septembre 2011
Les
gouvernements qui ont reconnu les
représentants libyens de l'OTAN,
en tant que «représentants du peuple
libyen», ont fait jurisprudence au
principe du «droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes». Pour autant qu'il
ait été question que ce droit
s'applique, même contre les intérêts
bien compris du «marché». En faisant
comme si cela était vrai, puisque
personne ne dit formellement le
contraire et que les textes de l'ONU ne
sont pas modifiés, il aurait été plus
juste de se contenter de dire que
Kadhafi doit se plier à une consultation
populaire. Dans la foulée, on devrait
rappeler à l'OTAN que les bombes ne
peuvent en aucune manière constituer des
bulletins de vote valides. Les arguments
ne manquent pas, dans l'arsenal de
textes dont son fiers les «grandes
démocraties». Et comme il n'est
toutefois pas trop tard de recourir à
des élections et que ceci serait
même louable, quand on sait ce que
subissent les électeurs potentiels de
Tripoli, de Syrte, de Béni Walid,
du Fezzan et tous les autres qui se font
tuer sur le simple fait qu'ils refusent
de «voter» comme on voudrait qu'ils
«votent». C'est-à-dire faire ce qu'ont
fait les gouvernements à la demande de
la force. Pour ce faire, il suffit
de ranger les bombardiers sur leurs
bases. Après ça, les «rebelles» ne
seront pas durs à comprendre qu'il
leur faut rentrer à la maison, puisqu'il
n'y aura plus de bombes révolutionnaires
pour leur donner les «victoires». Les «Kadhafistes»
seront encore plus faciles à convaincre,
puisque depuis le début le «Guide» a
demandé à l'ONU d'organiser des
élections sous la supervision des
instances internationales. Ce que les
«démocraties» armées ont refusé.
Maintenant ainsi le paradoxe d'une
guerre faite à un Etat sous prétexte
qu'il n'est pas issu d'un suffrage
citoyen, pour le remplacer par un Etat
installé sur des milliers de cadavres et
sur les décombres du pays. Une
problématique qu'il sera ardu
d'expliquer aux enfants qu'on doit
initier à la démocratie. A moins qu'un
jour les maîtres du monde auront
l'honnêteté de dire qu'ils ont divisé
l'Humanité en deux parties. Celle qui a
droit de vivre et celle qui doit servir
ou mourir. Ils doivent le dire y compris
à leurs propres peuples, pour lesquels
ils ont aussi des projets pas avouables
si jamais ils revendiquaient trop fort,
pour la justice sociale. De cette
façon, on sera moins perturbé devant les
cas libyen, palestinien, ivoirien et
ceux qui vont suivre dans la
liste, au gré de la voracité du moment.
Car on sera débarrassé de ces attentions
pleines d'équivoques, qui ne trompent
plus personne, en dehors des criminels
qui les expriment. Bien plus, on se
départira de ce dégoût qu'inspirent les
mensonges, le cynisme et les simagrées
qui sont servis par des femmes et des
hommes dont, au moins, leurs enfants
doivent avoir une haute idée de leur
probité. Ces enfants auxquels on
inculque la sincérité, le respect de la
vérité, de la légalité, de l'intégrité
d'autrui et plein d'autres choses dont a
besoin la société humaine, telles que la
charité, la compassion, la solidarité,
l'assistance aux plus faibles,… Ces
enfants dont certains, les enfants de la
guerre, n'ont que ce mot à la bouche :
pourquoi ? Parce que leurs parents ne
sont pas arrivés à leur expliquer
pourquoi des gens venus de très loin
viennent leur faire du mal, alors
qu'objectivement, selon ce qu'ils ont
appris, il n'y a aucune raison à cela.
Article publié sur
Les Débats
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