Opinion
Syrie :
l'agitation impuissante
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 4 septembre 2013
Nous serions en pleine dérision si le
risque d’une tragédie humaine de grande
ampleur n’était pas présent. Philippe
Tesson écrit dans le point que « le
désaveu de Cameron par son Parlement et
la volte-face d'Obama ont modifié les
données de la situation et laissent
Hollande seul sur le champ d'une
bataille qu'il a conçue et annoncée,
mais qui n'a pas commencé et ne
commencera peut-être jamais. »
Mais Toute honte bue le président
français, au lieu de digérer calmement
sa déconvenue de supplétif éconduit,
veut persister à « persuader » des
partenaires à « punir » la Syrie. Par là
même nous pouvons mesurer la gravité de
la situation où il se trouve, marquée
par les échéances politiques et sociales
qui se profilent dans les semaines qui
viennent. Ne pouvant faire la guerre
seul, comme le dernier stratège peut le
savoir, il se fait le relais de
l’ »opposition syrienne » en se
transformant en cyberactiviste. Il fait
diffuser sur Internet une «note de
synthèse nationale de renseignement» qui
« prouve » que « le 21 août
2013, le régime syrien a lancé une
attaque sur certains quartiers de la
banlieue de Damas tenus par les
unités de l'opposition, associant moyens
conventionnels et usage massif d'agents
chimiques». Ce à quoi le directeur
de Marianne, Jean-François Kahn répond,
dans une polémique avec la directrice du
Monde, plus guerrière que jamais. Il dit
ceci, entre autres piques : « Bachar
al-Assad est absolument capable d'un tel
forfait. Quand ? Au moment, juste au
moment, où les inspecteurs de l'ONU
arrivent à Damas, et cela à 10 km de la
capitale syrienne ? Aucun doute ?
Admettons... ». Et M.Kahn n’est pas
le seul à moquer un pouvoir français
plus mal à l’aise que jamais et d’autant
plus dangereux qu’il a le comportement
de la bête blessée. Heureusement que le
bémol de l’impuissance est là pour
réfréner la frénésie criminelle.
François Hollande veut « convaincre des
partenaires ». Lesquels ? Pas les
Britanniques qui ont vu leur parlement
voter contre le crime. Pas les Allemands
plus soucieux de leurs intérêts
géostratégiques européens (la Russie est
à côté et la géographie est importante
en cas de dérapage). Pas les Italiens de
même. Alors qui d’autre ? C’est tout
simple, il veut simplement démontrer au
grand chef, Barak Obama, qu’il se
maintient à ses côtés, faire en sorte
qu’il ne se décourage pas et, peut-être,
l’aider à persuader le Congrès d’aller
casser du syrien. Ici, nous ne pouvons
nous empêcher de penser à ce que peut
bien en penser le Potus, qui ne doit pas
raccrocher son téléphone rouge avec
Moscou et Pékin, pour trouver une sortie
honorable, du moins, moins coûteuse pour
son pays. Et les choses vont se
compliquer, d’ici que les élus
étatsuniens rejoignent leurs sièges pour
écouter Obama leur expliquer sa « ligne
rouge ». Car les choses bougent. Les
Syriens d’abord qui vont constituer des
boucliers humains autour des « cibles »
des missiles assassins, autour de leur
armée aussi. Ensuite ce sont tous les
épris d’humanité qui se mobilisent
contre la barbarie et les peuples du
Moyen-Orient ne seront pas les derniers
à démontrer aux prédateurs que rien ne
peut se faire sans eux.
Article publié sur
Les Débats
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