Opinion
Le grand Frère
turc et ses parrains
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 3 juin
2013
Après avoir été le modèle chanté à
l’intention des Arabes et assimilés, le
gouvernement de Rajab Tayeb Erdogan
n’est plus dans les grâces de la «
communauté internationale » et du comité
de rédaction mondialisé. Désormais il
peut être désigné sous la voulue
infamante dénomination de « pouvoir
islamo-conservateur », qualificatif
réservé jusque-là à d’autres indigènes.
Belle dégringolade de l’AKP du piédestal
où il croyait se pavaner. Savoureux
rappel à l’ordre des Frères qui se
croyaient promus par les maîtres du
monde comme fer de lance
idéologico-politique de l’offensive
printanière de l’OTAN. « Nous
appuyons …les protestations pacifiques
…mais peut-être que nous aurons plus à
dire au cours des prochains jours »
a dit la porte-parole de la diplomatie
étatsunienne, Jennifer Psaki, qui
dénonce la répression policière qui a
prévalu lors des manifestations qui ont
agité la Turquie. Une déclaration qui
ouvre des perspectives inquiétantes.
Etant donné que les Etats-Unis révèlent
qu’ils sont sur le qui-vive, qu’ils
attendent que la situation s’aggrave et
qu’ils se préparent à cela. L’Union
européenne n’est pas en reste, et tient
à « rappeler à la Turquie
l’importance des droits humains
fondamentaux, y compris la liberté
d'expression et la liberté de réunion ».
Les ONG droitdelhommistes, aussi, ne
manquent pas à l’appel. Avec elles, les
principaux protagonistes de la partition
jouée à propos de la Libye et de la
Syrie sont donc au complet. Comme s’ils
appréhendaient une « révolution »,
qu’ils ne souhaitent pas rater. Nous
pouvons déjà les entendre parler de «
laïcs » et ne donner la parole qu’à ceux
qui vont dans ce sens, alors que rien ne
permet de conclure à quelque orientation
que ce soit. Sauf ce refus de voir
saccagé le parc Gezi, au profit d’un
projet contesté. Avec ça, M.Erdogan doit
avoir de sérieuse raison de s’inquiéter.
Il ne doit surtout plus croire que les
urnes qui l’ont porté au pouvoir sont
une protection. Surtout qu’il connaît
bien ses parrains atlantistes, lui qui
est au premier plan dans la «
démocratisation » de la Syrie. Si cela
ne lui suffit pas, il n’a qu’à observer
ce que sont leurs réactions quand ça
manifeste chez eux. En Grèce, en
Espagne, en Grande-Bretagne, aux
Etats-Unis, ils ont fait comme il a fait
lui et ils referont la même chose si
nécessaire. Ce qui signifie que leur
rappel à l’ordre n’a rien à voir avec le
souci de défendre les manifestants
turcs. S’il n’est pas au courant, il
peut jeter un coup d’œil sur l’article
de Naomi Wolf (The Guardian du 25
Novembre 2011).
Le titre est « The shocking truth about the crackdown
on Occupy »,
soit « La choquante vérité sur la
répression des Occupy ». Il pourra y
lire comment sont traités les libertés
et les droits civils. Il pourra lire ce
que la police étatsuniennes fait aux
manifestants pacifiques et aux
journalistes. Mais ce qu’il devrait
faire c’est d’appeler tous les
dénonciateurs et leur poser la question
qu’il faut. Il commencerait par leur
demander pourquoi ils ne se dénoncent
pas entre eux, ensuite il leur
demanderait une explication sur le fait
qu’ils auraient le droit de tabasser et
pas lui. Il sera plus vite éclairé sur
son statut. Pour le reste, beaucoup sont
curieux de savoir ce qui se passe dans
sa tête, après cette douche glacée.
Article publié sur
Les Débats
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