Opinion
Les «amis» qu'il
faut
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 3 avril
2012
Journée de la terre, journée ordinaire
en Palestine. L'armée sioniste tire sur
les manifestants. Et alors ? Quoi de
plus normal. La presse, comme d'habitude
parle d'affrontements. Cela dure depuis
des dizaines d'années et tant qu'il y
aura des Palestiniens, les sionistes en
tueront. Les sionistes qui ont le
monopole de la souffrance et un pays
qu'ils volent encore et dont ils
connaissent, seuls, la carte. Enfants,
ils apprennent que les Palestiniens sont
des gêneurs qui doivent disparaître. Ils
en ont expulsés par centaines de
milliers, ils en ont tués, mais le
compte n'y est pas encore. Ils leur
appliquent la loi martiale, les
compriment dans des ghettos et
contrôlent leur moindre promenade. Et
honni soit qui mal y pense ! Israël ne
ressemble à rien qui puisse exister, ce
n'est même pas un Etat. C'est un projet
global auquel le monde doit se
soumettre. Conformément à ce statut,
Israël est admis comme conscience
universelle, en tant que Morale
immanente, et les Palestiniens comme des
barbares, des infrahumains. A l'école on
apprend que ces derniers préfèrent leur
misère et que leur " fuite ", a résolu
un terrible problème démographique. Mais
Israël n'est pas raciste, c'est une "
démocratie " qui passe son temps à se
défendre, et pour ce faire il faut tuer,
fusse en gros, les Palestiniens qui "
mettent en danger son existence "et
personne ne doit oser dire quoi que ce
soit sur le sujet. Par exemple,
Catherine Ashton, haute représentante
pour les Affaires étrangères de l'Union
européenne, a oublié ce principe, dans
l'une de ses très rares envolées
humanistes, dont voici la teneur : "
Quand nous pensons à ce qui s'est passé
aujourd'hui à Toulouse (...), quand nous
voyons ce qui se passe à Gaza… ". Elle
en a eu pour son outrecuidance et fut,
immédiatement, entrée dans ses petits
souliers. Elle ne s'est pas rendu compte
qu'elle avait fait "le parallèle entre
le massacre ponctuel d'enfants (...) et
les frappes chirurgicales, défensives,
contre des terroristes qui utilisent des
enfants comme boucliers humains". La
pauvre diplomate a la honte de sa vie et
jure que ses propos "ne faisaient pas le
moindre parallèle entre les
circonstances de l'attaque de Toulouse
et la situation à Gaza". Elle a dû se
dire qu'il valait mieux s'occuper de la
Syrie, dont le peuple a les " amis "
qu'il faut, plutôt que des enfants
palestiniens qui ont les amis qui ne
font pas le poids. Elle s'y est
d'ailleurs mise, pour reprendre ses
esprits. Elle a tonné, littéralement :
"Nous sommes déterminés à soutenir (les)
efforts pour mettre un terme à la
violence et aux violations des droits de
l'homme…", elle aurait dû ajouter ceci :
"là où l'on peut se permettre d'en
parler". Quant aux Arabes et assimilés
qui se sont pressés d'arriver à Istanbul
pour faire plaisir aux amis d'Israël, il
est exclu de leur demander pourquoi ils
ne se bougent pas aussi frénétiquement
en tant qu'"Arabes", pour ceux qu'ils
présentent comme étant leurs frères et
qui attendent depuis longtemps qu'ils se
souviennent d'eux. Surtout que le peuple
syrien, lui, leur signifie tous les
jours qu'il ne veut pas d'eux comme "
amis ".
Article publié sur
Les Débats
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