Opinion
Matrix déstabilise
les partis
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 2 juin 2012
Les
élections législatives sont passées, le
Parlement installe ses quartiers, le
«printemps» n'a pas eu lieu, décevant
les prévisionnistes, et l'Algérie a, de
ce fait, disparu des écrans. Sur ce
sujet, du moins. Mais certains partis
sont secoués par des batailles
organiques et s'agitent bruyamment de
l'intérieur. Ce qui permet à la presse
d'avoir quelque chose à présenter à ses
lecteurs, amateurs de politique. Au tout
début, ce sont le FLN et le RND qui ont
occupé le devant de la scène, tous les
deux mettant en lumière les luttes qui
mettent en jeu leurs directions
respectives. Puis ce fut le tour des
Frères, dont la couleur de leur
«Alliance» n'a pas été d'une grande
utilité en matière de «printemps», de ne
pas être d'accord sur l'attitude à avoir
vis-à-vis de l'APN et de la possible
continuité gouvernementale de certaines
de leurs figures. Jusqu'ici on reste
dans les divergences naturelles. Ensuite
c'est le FFS qui fait irruption dans les
unes des journaux, à cause de
l'indiscipline de certains cadres,
pourtant sortis du chapeau de Dal'ho
qui, d'illustres inconnus qu'ils
étaient, en a fait ce qu'ils sont : des
vedettes au verbe haut, courus des
médias. Le patriarche n'a pas apprécié
et les a fait suspendre. Comble de
l'ironie, l'argument massue de Dal'ho de
tout expliquer par les «cercles du
pouvoir», le «DRS» et autres officines
occultes, lui est retourné par ses
propres disciples. Ils n'ont pas
d'autres explications que celle-ci. Ils
n'ont pas d'autre grille que celle de
voir «Matrix» partout, dans tout ce qui
se passe. Dal'ho, force est de le
constater, ne les pas aidés à voir en
dehors de ses fantasmes, il serait donc,
lui-même, victime de manipulation, lui
que l'on croyait immunisé contre les
«services». «Matrix» travaille à faire
phagocyter le FFS par le «pouvoir»,
c'est la seule vérité qui tienne.
D'ailleurs, le FFS ne serait pas le
seul, une autre formation, engagée par
son chef dans la fronde contre les
élections du 10 mai subirait le même
traitement. Ses députés, qui ont payé en
millions de dinars le droit de faire
partie des listes, se sont rebiffés et
ont désavoué le chef. Ce que n'importe
quel quidam peut comprendre est
compliqué par les partisans de la thèse
«Matrix». Les élus réfractaires ne
peuvent pas être de simples clients qui
refusent, légitimement comme ils le
disent eux-mêmes, de mettre en jeu le
mandat qu'ils ont acquis grâce à une
mise faramineuse. Ils sont, forcément,
sous influence. Ainsi vont nos
analystes, dans le dernier des soucis
est d'aider à comprendre le monde.
Ainsi, de même, se placent des plumes
qui nagent dans la facilité et la
paresse intellectuelle, tout en
profitant à bon marché de la médiocrité
qu'elles contribuent à répandre et à
faire perdurer. Ainsi, enfin, sévissent
les propagandistes qui nient les
capacités de la société algérienne à
générer ses propres mécanismes, du fait
qu'elle serait totalement «sous
contrôle». Ce texte, il faut s'y
attendre, sera attribué à «Matrix», car
il propose de chercher, plutôt, la
réalité des choses et leur intelligence
propre.
Article publié sur
Les Débats
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