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Opinion
Citoyens du monde,
taisez-vous, et pas de blasphème !
Ahmed Amri
Vincent Reynouard
Lundi 9 août 2010
En vertu de la loi Gayssot qui pénalise le négationnisme,
Vincent Reynouard (1) est condamné à un an de prison et 60 000
euros d'amende.
"Antisémitisme. Mot sésame,
mot magique, il dit tout, il condense en un éclair les
affres du monde moderne. A peine proféré, il impose la
circonspection et paralyse la pensée critique. Brandi comme
une menace, il enjoint au silence, comme si quelque chose de
terrifiant et de sacré était en jeu, condamnant chacun à
surveiller ses propos de crainte de blasphémer."
(Bruno Guigue)
Pour avoir écrit ces mots, le Français Bruno Guigue qui
occupait le poste de sous-préfet a été limogé. Et considéré
comme Persona non grata dans les médias et les milieux qui
refusent de s'écarter de la doxa occidentale ou de heurter
un tant soit peu le sionisme, fer inébranlable de ses
garde-fous.
Pour avoir écrit Sarkosy, Israël et les Juifs, Paul-Eric
Blanrue, un autre Français, a été boudé par tous les
éditeurs de son pays, et se faisant publier en Belgique(2)
tous les circuits de distribution en France lui ont été
refusés.
Cela s'est passé dans un
pays laïc, que d'aucuns appellent
berceau des Lumières et du
Droit, et non dans un
royaume à droit divin
ou pays totalitaire.
Pour avoir écrit l'Industrie de l'Holocauste, le juif
américain Norman Gary Finkelstein, fils de rescapés des
camps nazis, a été exclu de l'Université DePaul de Chicago
où il enseignait les sciences politiques. Chaque jour, il
est la cible privilégiée des feux nourris qui attentent à sa
réputation et pourraient bien attenter à sa vie, un jour.
Pour avoir écrit "Le lobby pro-israélien et la politique
étrangère américaine" John Mearsheimer et Stephen Walt,
académiciens américains de notoriété universelle, risquent
de subir le même sort que Finkelstein, à savoir une carrière
et une réputation brisée par le lobby sioniste. Si ce n'est
pire.
Cela s'est passé et se passe aux USA,
démocratie phare,
nous dit-on, et non dans une dictature du tiers monde ou une
enclave de l'obscurantisme
musulman.
Pour avoir écrit L'Holocauste comme culture, le Hongrois
Imre Kertész, qui n'est pas pour autant négationniste,
survivant des camps de concentration et lauréat du prix
Nobel de Littérature en 2002, du seul fait d'avoir osé dire
que le tabou de l'holocauste est une « boule puante morale
qui empoisonne inutilement un air déjà suffisamment vicié »,
et que l'holocauste ne pourrait survivre comme culture qu'à
la condition « d’inventer Auschwitz et de créer Auschwitz »
est considéré par les bons apôtres comme auteur pour le
moins choquant et provocateur.
Noam Chomsky
Pour avoir écrit, signé, conférencé et clamé sur toutes les
tribunes son indéfectible solidarité avec les
révisionnistes, Noam Chomsky, juif américain, linguiste,
philosophe et professeur sollicité et cité dans le monde
entier, est considéré en Israël comme pas moins ennemi que
le pire fedayin ou terroriste qu'on pourchasse en tout lieu,
étant " vu par la droite, mais pas seulement, comme un
déserteur, un traître et un ennemi de son peuple » (Haaretz,
quotidien hébreu, 18 mai 2010).
Pour s'être inscrits dans la ligne de la dissidence juive et
avoir osé démystifier les mythes fondateurs de l'État
d'Israël, juifs, citoyens israéliens ou d'autres
nationalités, sont soumis aux mêmes campagnes de dénigrement
et désignés du doigt comme des antisémites par excellence,
les alliés objectifs de l'ennemi traditionnel d'Israël.
Shlomo Sand
Pour avoir écrit "Comment le peuple juif fut inventé. De
la Bible au sionisme", l'historien israélien et
professeur à l'Université de Tel Aviv depuis 1985 Shlomo
Sand, du fait qu'il réfute la thèse d'un exil juif de
Palestine imposé par les romains, lequel ne serait
qu'une invention chrétienne pour nourrir le mythe du
"peuple errant", du fait qu'il affirme que le peuple
juif n'est pas né il y a 4000 ans mais seulement sous la
plume d'historiens du 19e, est taxé de plus grave que le
négationnisme: c'est le
saboteur de la plate-forme historique soutenant
tous les mythes fondateurs de l'État hébreu. Shlomo Sand
est le négateur du peuple juif. Et il n'est pas le
premier ni le seul. Ni n'en sera le dernier.(3)
Cela se passe en Israël, chez les sionistes, sémites,
juifs, hébreux. Et pas dans un pays arabe ni dans l'Iran
néo-nazi.
Et il faudra citer encore les voix juives arabes errant
en Israël ou ailleurs : Naeim Giladi, juif irakien
émigré en Israël pour la quitter plus tard, quand il
aura découvert que le pogrom qui fut aux origines de son
émigration et celle de milliers de ses compatriotes
était l'œuvre du Mossad, auteur d'un livre à ce sujet «
Scandales Ben Gourion: Comment la Haganah et le Mossad
ont éliminé des Juifs » (Ben Gurion's Scandals: How the
Haganah and the Mossad Eliminated Jews) (4)
Samir Naqash, arrivé en Israël à l’âge de 13 ans, suite
au même «pogrom » et, dès 15 ans, tentant plus d’une
cavale, arrêté, emprisonné et récidivant jusqu’à sa mort
en 2004, en Grande-Bretagne, et qui par réaction au
mensonge sioniste a refusé non seulement d’écrire en
hébreu mais aussi d’hébraïser son nom qu’il a conservé
arabe, comme la nationalité qu’il revendiquait par
ailleurs, se disant partout « juif irakien et arabe ».
Abraham Sefaty qui, lui, est le doyen des prisonniers
politiques dans le monde arabe, marocain et refusant de
suivre ceux qui avaient obéi aux consignes sionistes,
resté sur le sol natal pour se battre aux côtés de ses
frères arabes, auteur de Lutte anti-sioniste et
Révolution Arabe, Écrits de prison sur la Palestine,
L'Insoumis, Juifs, marocains et rebelles, entre autres.
Georges Adda, politique et syndicaliste tunisien, ayant
connu les prisons, les camps de concentration et les
déportations des colonialistes français, et refusant de
cautionner le sionisme en quoi que ce soit, refusant
même l’hospitalité de ses enfants émigrés en France,
resté en Tunisie pour y mourir et être enterré. Adda,
alors même que le président Bourguiba invitait les
Arabes à accepter une paix négociée avec Israël, fidèle
à sa lutte anticolonialiste et n'acceptant pas tel
compromis, refusa de reconnaître l'État hébreu, et
apporta, tout au long de sa vie, un soutien sans nuance
à la libération de la Palestine. (5)
Il en fut de même pour son fils Serge Adda, ex directeur
de TV5 monde mort en 2004, et qui n'a abjuré ni sa
tunisienneté ni son judaïsme ni son antisionisme
radical.
Ces juifs pas moins juifs que Netanyahu, mais d'une tout
autre pensée, morts ou vivants, sont considérés comme
des parias, la peste noire dont le nom seul glace de
peur, justiciables et pendables morts ou vivants si
Israël pouvait le en décider, au même titre que celui
qu’elle garde dans ses cachots depuis 1986, le
"traître", l’objecteur de conscience, le citoyen du
monde Mordechai Vanunu.
Conclusion:
Quand je lis ici ou là que la Loi Gayssot a été faite
pour barrer le chemin à "la peste brune qui revient" je
voudrais juste faire remarquer à bons droit et endroit
que la peste brune est déjà là, plus que terrifiante,
faisant par milliers ses martyrs chez ceux qui osent
dire "non". Ceux qui refusent la stérilisation
systématique du cerveau, d'où quelle vienne, et
n'acceptent pas d'endosser la pensée unique ni
d'obtempérer à sa sacro-sainte dictée.
Il ne s'agit pas de réveiller les vieux démons ni de
collaborer avec les néo-nazis, parce que c'est le
sempiternel son de cloche, en définitive, les mêmes
déclamations et la jérémiade même qui tétanisent chez
beaucoup le moindre nerf de pensée critique, mais de
restituer à Voltaire (si je puis me permettre ce
prosélytisme) ses lettres de noblesse. Penser c'est dire
non (Alain). Et dire non c'est commencer par relire
Voltaire lui-même et Alain! Entendez : les refuser tout
court ! comme réaction instinctive et salutaire, signe
de gratitude et seul moyen d'acquérir, à mon sens, cette
arme d'autodéfense initiale.
En somme, il s'agit de se soustraire à la prise et
l'emprise de toute une machine qui nous broie en chaque
seconde, la pensée dominante du lobby sioniste.
Médiatique ou autre, asservie aux enjeux politiques et
économiques qui sont les siens, et destinée à styler
l'esprit en conséquence dans les boutiques du prêt à
penser.
Dès qu’une brebis galeuse, un égaré, un esprit pas assez
vacciné contre « l'antisémitisme» et son nouveau
synonyme "l'antisionsisme" ose penser sans ce prêt, il
se heurte aussitôt à une cohorte d’intellectuels, de
journalistes, de politiques, de juristes qui sont là
pour lui rappeler la ligne rouge à ne pas franchir.
Penser à contre-courant du prêt à penser est un
blasphème, l'offense suprême au delà de quoi il n'y a
que l'enfer et la damnation, un crime justiciable qui
n'appelle aucune indulgence par les temps qui courent.
Comme il le fut en Europe pendant l'Inquisition. Ou
encore, outre-atlantique, sous la Sainte communauté
puritaine de l'Amérique.
Nous n’en sommes pas loin de Salem, tristement célèbre
pour ses piloris, ni de la chasse aux sorcières qui y
envoyait aux bûchers ses captifs.
La loi Gayssot, aux mains des bourreaux de la pensée
libre dans la France d'aujourd'hui, le prouve encore
avec Vincent Reynouard.
A. Amri
09.08.10
Notes:
1-Ingénieur de formation et militant
négationniste français né en 1969. Marié en 1991, il est père de
8 enfants.
2- Chez Osez Dire, Bruxelles.
3-Né en camps de réfugiés juifs polonais, en Allemagne, lauréat
du Prix Aujourd'hui pour l'an 2009.
4- "Je fais partie des
Israéliens qui ont cessé de revendiquer pour eux-mêmes des
droits historiques imaginaires : si l'on invoque, en effet,
des frontières ou des "droits" remontant à deux mille ans
pour organiser le monde, nous allons le transformer en un
immense asile psychiatrique. De même, si nous continuons à
éduquer les enfants israéliens sur la base d'une mémoire
nationale à ce point contrefaite, nous ne parviendrons
jamais à un compromis historique durable.
Je fais mienne la métaphore de l'historien Isaac
Deutscher, qui a comparé la création de l'État d'Israël à la
situation d'un homme qui saute d'une maison en flammes et
qui atterrit durement sur un autre homme qui se trouve
devant le seuil de la maison, et à qui, bien sûr, est causé
un dommage. Le jugement moral à porter sur l'homme qui a
sauté de la maison est relatif." (Israël : notre part
de mensonge, par Schlomo Sand -LE
MONDE du 04.01.2002 )
5- "Engagé dès l’âge de dix-huit ans dans la lutte au sein
du Parti communiste tunisien dont il devint secrétaire
général adjoint à l’âge de vingt ans, Georges Adda a
toujours veillé à lier patriotisme et engagement aux côtés
des travailleurs et des couches populaires, accordant à la
question des alliances de tous les patriotes – destouriens,
communistes, syndicalistes – une importance vitale. « Tout
au long de son existence, il a fait de son militantisme pour
les causes justes en Tunisie, en Palestine et dans le monde
sa raison d’être, sa manière de vivre à tous les instants.
Et l’on peut dire de lui qu’il a toujours été en quelque
sorte l’homme qui milite comme il respire."
(Éloge funèbre du patriote et militant
progressiste Georges ADDA - Ahmed Brahim, premier secrétaire
du mouvement Ettajdid)
Article publié sur le blog d'Ahmed Amri
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