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Al-Ahram Hebdo
Un blocage et peu d'issues
Abir Taleb

Photo: Al-Ahram
Hebdo
Mercredi 24 novembre 2010
Palestine.
Palestiniens et Israéliens sont dans l’attente de mesures
américaines que chaque partie espère à son avantage. Mais l’état
actuel des choses n’annonce rien de positif.
Les Palestiniens sont toujours dans l’attente d’un gel de la
colonisation pour reprendre les négociations directes avec
Israël. Les Israéliens, eux, attendent les garanties écrites
promises par les Etats-Unis dans le cadre du plan américain
destiné à relancer les négociations, garanties sans lesquelles
le vote d’un gel de la colonisation n’aura pas lieu.
Telle est la situation actuelle. Une situation propice à des
développements de toutes sortes, dans un sens comme dans
l’autre. Dimanche dernier, au Caire, le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbass, a
affirmé qu’il n’accepterait pas une reprise des négociations de
paix avec Israël sans un gel de la colonisation à Jérusalem-Est.
« S’il n’englobe pas Jérusalem, c’est-à-dire s’il n’y a pas de
gel total de la colonisation dans tous les territoires
palestiniens, y compris Jérusalem, nous ne l’accepterons pas »,
a affirmé M. Abbass. Et de
poursuivre : « Si Israël veut revenir aux activités de
colonisation, nous ne pouvons pas continuer. Il faut que le gel
de la colonisation englobe tous les territoires palestiniens et
en premier lieu la ville de Jérusalem ». M.
Abbass a indiqué qu’il attendait toujours une réponse des
Etats-Unis sur les résultats de leurs efforts pour obtenir ce
moratoire. « Jusqu’ici, rien d’officiel n’est parvenu de
l’administration américaine, ni à nous ni aux Israéliens, que
nous puissions commenter », a-t-il dit.
Le
secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué
samedi soir, après une rencontre avec M.
Abbass, que le comité de suivi de l’organisme panarabe se
réunirait d’urgence dès qu’une réponse américaine parviendrait
aux Palestiniens. La proposition américaine, prévoyant la
livraison par Washington de 20 avions de combat supplémentaires
à Israël, est destinée à préserver les négociations directes. La
semaine dernière, l’émissaire américain, David Hale, a fait part
au président Abbass, pour la
première fois officiellement, d’une série d’idées et de
propositions américaines pour relancer le processus de paix.
Mais M. Abbass a répété dimanche que
les Palestiniens n’avaient « rien à faire » avec l’offre
américaine aux Israéliens. « Nous avons dit aux Américains que
nous n’avions rien à faire avec leur marché. Nous refusons le
fait de lier ces marchés à la reprise des négociations », a-t-il
dit.
Intransigeance sur Jérusalem-Est
Côté
israélien, lors d’un entretien le 11 novembre avec la secrétaire
d’Etat Hillary Clinton, le premier ministre israélien Benyamin
Netanyahu avait accepté d’envisager un nouveau moratoire de 90
jours sur les constructions dans les colonies juives de
Cisjordanie contre une généreuse enveloppe de mesures de soutien
sécuritaires et diplomatiques. Mais plus tard, le bureau de M.
Netanyahu a indiqué que l’éventuel nouveau moratoire ne devait
pas concerner Jérusalem-Est. Netanyahu a en outre affirmé
dimanche qu’il n’avait toujours pas reçu d’engagements écrits
américains lui permettant de faire voter un gel de trois mois de
la colonisation en Cisjordanie par son cabinet, selon un
communiqué. « Si nous obtenons ces conclusions écrites, nous les
présenterons au cabinet et je suis certain que les membres du
cabinet les approuveront car ils sont positifs pour l’Etat
d’Israël », a déclaré M. Netanyahu. Il a également souligné que
les ententes verbales avec les Américains ne prévoyaient pas de
fixer une échéance de trois mois — le temps d’un nouveau
moratoire — aux discussions sur le tracé des futures frontières
de l’Etat palestinien. « Il n’y a aucune demande en ce sens et
aucun engagement. Il n’y a aura pas de discussions séparées sur
les frontières mais (uniquement) sur l’ensemble des questions
essentielles ».
Mais, quand bien même les intentions du premier ministre
israéliens seraient bonnes — ce qui n’est certainement pas
garanti —, M. Netanyahu ne disposerait pas pour le moment d’une
majorité au sein de son cabinet pour faire adopter un gel de la
colonisation.
Le
parti ultra-orthodoxe Shass est en
position d’arbitre. Ses deux ministres exigent que Washington
s’engage par écrit à ce que le nouveau gel ne concerne pas
Jérusalem-Est, à ne pas renouveler le moratoire et à permettre
ensuite le lancement de milliers d’appels d’offres pour la
construction de logements dans les implantations de Cisjordanie.
Si telles sont les garanties américaines, une reprise des
négociations n’aura absolument aucun sens. D’ores et déjà, M.
Netanyahu a rejeté tout moratoire pour Jérusalem-Est. Le blocage
est donc susceptible de se poursuivre encore longtemps.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 24 novembre 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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