
Mercredi 3 février 2010
Etait-il surprenant de
savoir que l’enthousiasme d’Obama pour un règlement juste en
Palestine n’était autre qu’une expression de bonnes intentions
dans le meilleur des cas, ou bien encore un plus de tromperie
envers les Arabes qui veulent être dupés ? Or, il semble que les
Arabes ne ressentent pas qu’ils ont été trompés, bien au
contraire. En effet, de jeunes responsables arabes ont fait des
déclarations à travers lesquelles ils ont exprimé leur
compassion envers Obama qui, selon eux, est victime d’un
environnement compliqué. Or, chez ces jeunes responsables,
l’aide qu’on peut attribuer à Obama signifie la reconnaissance
par les Arabes d’Israël. C’est-à-dire tomber entre les mains de
Netanyahu et donner plus de force à Obama dans sa position
pro-israélienne. La position de ces jeunes responsables peut
avoir une de deux significations : ou bien ils exagèrent dans
leurs bonnes intentions loin de toutes considérations
politiques, ou bien ils se trompent eux-mêmes et trompent les
Arabes en négligeant la nature d’Israël et son projet dans la
région.
De mon côté, j’ai toujours pensé qu’Obama,
qui était loin des cercles politiques étrangers et qui a vécu
dans un contexte de principes juridiques et de postes
non-politiques au Congrès, voulait réaliser un miracle : la paix
avec la Palestine sans fâcher Israël. Ce miracle est, en soi,
absurde puisque c’est toujours Israël qui crée les chances lui
permettant de pratiquer encore plus d’hégémonie sur la région et
d’étendre son projet sioniste. Effectivement, chaque responsable
sioniste qui détient le pouvoir se lance dans une course
acharnée contre la montre pour inscrire son nom au tableau
d’honneur sioniste. Plus il réussit à confisquer des
territoires, à soumettre le monde arabe, à l’éloigner de ses
revendications, c’est-à-dire réclamer des droits palestiniens,
et plus il fait couler du sang arabe et musulman, plus son nom
brille dans ce registre.
Obama a essayé l’affrontement avec Israël et
à baisser les armes de façon humiliante dès le premier
affrontement. Il est le premier président qui reconnaît avoir
échoué à réaliser son rêve, ce qui constitue une excuse
satisfaisante pour les Arabes et les musulmans, puisque les
vagues ont été plus fortes que lui. Est-ce que ceci signifie
qu’Israël a définitivement gagné le combat et a soumis la force
américaine à son profit de façon à pouvoir continuer son projet
dans la région ?
Et si Obama s’est trouvé incapable d’obliger
Israël à accepter une paix qui convient à l’intérêt américain
comme il le dit, pourquoi n’arrête-t-il pas de soutenir
l’oppression israélienne contre les Arabes ? Pourquoi
n’arrête-t-il pas les plans israéliens visant à enflammer la
région ? Quel est le rôle des Arabes dans l’impasse dans
laquelle se trouve Obama ? Est-ce qu’ils ont pensé qu’Obama
allait faire la guerre par intérim sans qu’ils ne bougent de
leur place ? Cependant, en quoi consistait l’aide que réclamait
Obama ? Il réclamait encore plus de concessions : c’est-à-dire
la reconnaissance d’Israël, sans que l’Etat hébreu n’exprime
même une quelconque intention de réagir avec une paix réelle.
En réalité, le nœud du problème n’est ni
Israël ni Washington. C’est plutôt les Arabes qui pensent qu’ils
ont parfaitement accompli leur devoir en proposant une
initiative et qu’ils sont victimes de circonstances plus fortes
qu’eux. Avec cette façon de raisonner, que peuvent faire les
Arabes ? Pour répondre à cette question, il faut avant tout
remettre en cause certaines vérités premières. Avant tout,
est-ce que les Arabes veulent vraiment soutenir la cause
palestinienne ? Est-ce que les Arabes comprennent, de façon
unie, les points pour lesquels il faut lutter dans cette cause
qui est sur le point d’être liquidée totalement ? Et ce, en
considérant que la liquidation signifie la transformation d’un
conflit arabo-israélien en conflit amer entre des parties
palestiniennes, nourri par une impuissance arabe et une
insistance israélienne à effacer tout ce qui est palestinien, le
dernier rempart qui persiste dans cette cause.
La vérité est que les Arabes ont laissé
Israël faire ce qu’il veut sur le champ palestinien. C’est alors
que les Palestiniens se sont divisés et leur sang a coulé alors
que la puissance sioniste a protégé le sang israélien. Et pour
diverses raisons, les Arabes n’ont pas insisté à réaliser une
conciliation palestinienne sérieuse et à employer les cartes de
force contre Israël et les Etats-Unis. Tel-Aviv et Washington
ont détecté le manque de sérieux chez les Arabes. Les Arabes ne
connaissent pas bien les cartes de jeu en leur possession et ne
savent pas comment jouer avec ces cartes capables de changer
l’équilibre des coalitions internationales. Bref, les Arabes
souffrent d’un manque de volonté dans la prise de décisions.
Cette volonté, les Arabes l’ont mise en gage chez leur ennemi en
voulant avoir confiance en ses bonnes intentions. Et c’est ainsi
qu’ils perdent leurs patries.
Abdallah Al-Achaal, Politologue.
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 3 février 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
