Actualité - RT
Pour une concorde civile d’urgence en
France
pour ne plus faire le jeu des
islamistes
Sébastien Boussois
Des femmes
manifestent pour condamner les
caricatures du prophète Mohammed
publiées par Charlie Hebdo, devant
l'ambassade de France à Téhéran,
septembre 2020
© WANA
NEWS AGENCY
Dimanche 25 octobre 2020
Source :
RT Alors que les
dernières mesures du gouvernement,
décidées après l’assassinat de Samuel
Paty, risquent de polariser davantage la
société, le chercheur Sébastien Boussois
avertit de la nécessité d'apaiser la
situation afin d'éviter un nouveau
conflit.
Depuis les dernières mesures du
gouvernement décidées après l’assassinat
de Samuel Paty, qu’elle juge avant tout
islamophobe et stigmatisante, une
campagne de boycott des produits
français s’est développée dans les pays
arabes du Golfe, parmi lesquels l’Arabie
Saoudite, le Qatar, les Emirats arabes
unis et le Koweït, avec qui la France
entretient historiquement des relations
économiques très fortes. Au-delà de ce
phénomène, le risque de dégénérer vers
une micro guerre civile est plausible.
Il faut apaiser au plus vite la
situation. Et c’est le rôle du président
de la République !
Tout d’abord, il
convient de bien préciser avant tout que
ce mouvement provient essentiellement
d’entreprises plus que des Etats
eux-mêmes, qui n’ont pas d’intérêt
majeur à boycotter un partenaire
économique incontournable depuis des
années, et qu’une telle campagne a
rapidement fait mouche puisque
l’agro-alimentaire hexagonal rencontre
un succès fabuleux dans cette région du
monde. Mais depuis plusieurs jours, les
rayons se vident petit à petit dans tous
les pays du Golfe évoqués. Usant de la
guerre économique, l’arme des forts,
pour protester contre les récents propos
d’Emmanuel Macron jugés islamophobes
ainsi que de la politique menée par le
gouvernement français pour tenter de
faire taire l’islamisme, le hashtag #Boycott_French_Products,
circule sur les réseaux depuis plusieurs
jours et vise avant tout à restaurer une
certaine forme de respect de l’islam que
ces pays jugent violés en France. Depuis
des années, la communauté musulmane en
France prend pour quelques terroristes
qui se sont drapés du costume de
justicier et autoproclamés attachés de
presse de Mahomet. Ce qui est clair :
ils cherchent à semer la guerre chez
nous. Le problème est que l’on ne peut
pas agir inconsciemment en rajoutant de
l’huile et en attisant le feu dans un
pays où il y’a 8,5 millions de musulmans
de culture et de religion. C’est
suicidaire pour l’unité du pays. Lire
aussi Un centre commercial en Arabie
saoudite (image d'illustration).
Macron
et les caricatures de Mahomet : des
produits français boycottés au
Moyen-Orient
C’est pour cela que la
campagne #Boycott_French_Products vise
aussi à dénoncer la promesse quelque peu
dangereuse du président français de ne
pas renoncer à la diffusion des
caricatures de Mahomet de Charlie Hebdo.
Il y a un temps pour tout et il apparaît
regrettable pour bon nombre de Français
aussi que la liberté d’expression soit
actuellement résumée à quelques dessins
somme toute assez vulgaires et
grossiers. Or, au nom de la laïcité, et
de cette liberté d’expression si chère
qui devrait être sans limites, la France
glisse de plus en plus vers un fossé et
dans un risque d’embrasement sociétal,
alors que quelques mots élyséens
auraient pu dans un premier temps, le
temps de l’hommage et du deuil, réitérer
l’importance lexicale de séparer avant
tout islam et islamisme. Il n’y a pas
que le voile et des caricatures pour
gérer la question d’islam en France.
Dans une logique de «concorde civile»,
il paraît essentiel de ménager la plus
forte communauté musulmane d’Europe ne
l’oublions-pas, non pas parce qu’elle
devrait être privilégiée, mais parce
qu’une large partie n’a rien à voir avec
ce de quoi on l’accuse. Le bras de fer
politique contre la société ne peut plus
fonctionner pour ramener la paix, tant
les tensions sont exacerbées depuis des
années. Mais n’est-ce-pas avant tout le
rôle d’un président de la République,
que de veiller à l’unité plutôt que
diviser davantage ? Il y aurait dû avoir
davantage de mots dans ce sens aussi
mercredi dernier. Lire aussi Montage
d'illustration : le président turc Recep
Tayyip
Erdogan
invite Macron à «se faire soigner»,
l'Elysée dénonce des propos
«inacceptables»
Maintenant, nous sommes
en France, et la France n’est pas par
hasard la cible des terroristes
islamistes depuis des années. Tout cela,
ils le savent : la possibilité
d’instrumentaliser les communautés
musulmanes vu le nombre de ses membres,
la loi sur la laïcité qu’ils résument à
souhait à une loi islamophobe, la
présence qu’ils jugent arrogante et
scandaleuse de Paris sur un certain
nombre de terrains extérieurs pour
essayer de lutter en vain contre leur
implantation notamment au Sahel. Ils
savent aussi que la France ne se lasse
jamais de polémiques et de débats visant
à stigmatiser les musulmans, et
cherchent à pousser un peu plus loin
leur emprise locale en se nourrissant
aussi d’une forme de victimisation
parfois excessive de certains d’entre
eux. Mais entre se concentrer sur les
ressorts de l’islamisme violent en
France et mettre en place tout un
arsenal de mesures, dont le délit de
séparatisme qui promet de beaux jours
aux tribunaux et à la jurisprudence, et
risquer de braquer toute une frange
croissante de la population plutôt que
de négocier et œuvrer au renforcement
des institutions de l’islam par exemple
qui pourraient faire ce «ménage» et
renverser la vapeur en réinstillant dans
la société ce qu’il y’a de meilleur de
l’islam des Lumières, il y a un monde.
C’est tout le défi de la France pour les
années à venir que le monde politique
par méconnaissance manque à relever
intelligemment et aujourd’hui, c’est un
peu de Daech qui a déjà gagné et nous ne
nous en rendons même plus compte.
L’organisation islamiste avait prévu,
par quelques attentats, ce qu’il se
passerait et savait pouvoir compter sur
le levier des musulmans, qui
majoritairement n’ont rien à voir avec
elle et nous le savons, pour ébranler
toute la société. Si nous ne revenons
pas à la raison, et si la classe
politique poursuit dans ce déchaînement
des passions polarisantes, c’est bien ce
qu’il risque d’arriver. Et par effet
centrifuge, nous renforcerons la place
des groupes terroristes et leur
excitation pavlovienne à vouloir tenter
de nous détruire. Le problème majeur est
que l’opinion s’est déjà radicalisée, et
que dans ce cirque du pain et des jeux,
le bruit des bottes gronde pour
certains, le risque de basculement dans
une guerre civile n’est plus très loin
pour les autres.
Lire aussi :
Ce combat est celui du sens du monde et
de l'humanité
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Publié le 26 octobre 2020
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