EODE PRESS OFFICE/
VERBATIM
Intervention de Poutine au Club Valdaï :
Vers la fin du Monde unipolaire
Luc Michel
Photo:
D.R.
Samedi 25 octobre 2014
EODE Press Office avec RIA Novosti/
2014 10 24/
www.eode.org
https://vimeo.com/eodetv/
Vladimir Poutine,
ce vendredi à Sotchi, lors de la séance
plénière finale de la 11e réunion du
Club de discussion international Valdaï
(*) :
L'UNIPOLARITE A
OUVERT LA VOIE AUX MANIFESTATIONS DE LA
VANITE NATIONALE
« L'unipolarité a
ouvert la voie aux manifestations de la
vanité nationale pour imposer la volonté
du fort, c'est, au fond, l'apologie de
la dictature », a déclaré le président
de Russie Vladimir Poutine.
« Le moment d'unipolarité a démontré
d'une façon convaincante qu'accroître la
domination d'un centre de force ne
conduit pas à une meilleure gestion des
processus mondiaux. Dans le même temps
elle (l'unipolarité) a ouvert la voie
aux manifestations de la vanité
nationale, à la manipulation de
l'opinion publique, à une répression
grossière de la volonté du faible par la
volonté du fort. Car au fond le monde
unipolaire est l'apologie de la
dictature sur les gens et sur les pays
», a dit Vladimir Poutine.
LES ÉTATS-UNIS
PEUVENT FAIRE JOUER « LE ROLE DE L’URSS
» A L’IRAN, LA CHINE OU LA RUSSIE
Pour les
Etats-Unis, cela importe peu qui va
jouer « le rôle de l’URSS » - l’Iran, la
Chine, ou la Russie. Ce pays essaie
constamment de diviser le monde et
former une image d’un pays ennemi, a
indiqué le président russe Vladimir
Poutine.
« Peu importe qui a le « rôle de l’URSS
», la place de l’adversaire principal,
dans la propagande américaine. Cela peut
être l’Iran, le pays qui développe ses
propres technologies nucléaires, la
Chine, la première économie mondiale, ou
la Russie, une superpuissance nucléaire
», a indiqué Poutine lors de la de la
conférence du Club international de
discussion Valdaï.
Selon Poutine, on voit actuellement de
nouvelles tentatives de « fracturer le
monde ».
« (Nous les voyons entreprendre) des
tentatives de dessiner des lignes de
démarcation, de créer des coalitions
d’après le principe du « contre » et non
pas le principe du « pour », et former à
nouveau l’image de l’ennemi, comme ce
fut le cas pendant la Guerre Froide. Et
en même temps de tenter d’obtenir le
droit d’être le leader, ou d’avoir le
droit de diktat, si vous voulez », a
déclaré le président russe.
LE SYSTEME DE
SECURITE MONDIALE A BOUT DE SOUFFLE
Le système de
sécurité mondiale et régionale est
sérieusement affaibli et morcelé, a
estimé vendredi à Sotchi le président
russe Vladimir Poutine.
"Il n'y a, malheureusement, plus de
garanties ni de certitude que le système
actuel de sécurité mondiale et régionale
soit capable de nous épargner des
bouleversements. Ce système est
sérieusement affaibli, morcelé et
déformé. Les institutions
internationales et régionales de
coopération politique, économique et
culturelle traversent une période
difficile", a déclaré le chef de l'Etat
à Sotchi.
LES SANCTIONS
SAPENT LES FONDEMENTS DU COMMERCE
INTERNATIONAL
Les sanctions
sapent les fondements du commerce
international et les règles de
l'Organisation mondiale du commerce
(OMC), a déclaré vendredi le président
russe Vladimir Poutine lors de la séance
plénière finale du club de discussion
international Valdaï à Sotchi.
"Les sanctions sapent les fondements du
commerce international, les règles de
l'OMC, le caractère immuable de la
propriété privée et le modèle libéral de
la mondialisation reposant sur le
marché, la liberté et la concurrence. Le
modèle dont les pays occidentaux sont
les principaux bénéficiaires. A présent,
ils risquent de perdre la confiance en
tant que leaders de la mondialisation.
Etait-ce nécessaire?", a indiqué
M.Poutine.
Il a rappelé que le bien-être des
Etats-Unis dépendait beaucoup de la
confiance des investisseurs, des
détenteurs étrangers de dollars et de
bons du Trésor américain.
L'OCCIDENT AUX
PRISES AVEC LES CONSEQUENCES DE SA
POLITIQUE
L'Occident donne
l'impression d'être en perpétuelle lutte
contre les résultats de sa propre
politique, qu'il paie au prix fort, a
estimé vendredi le président russe
Vladimir Poutine.
"On a parfois l'impression que nos
collègues et amis ne cessent de lutter
contre les résultats de leur propre
politique. Ils lancent toute leur
puissance pour éliminer les risques
qu'ils créent eux-mêmes, en le payant de
plus en plus cher"
WASHINGTON JUGE
INUTILE DE REFORMER LES RELATIONS
INTERNATIONALES
Le système des
relations internationale avait besoin
d'être repensé, mais les Etats-Unis, qui
se sont proclamés vainqueurs de la
guerre froide, n'ont pas jugé nécessaire
de lancer une réforme, a déclaré
vendredi à Sotchi le président russe
Vladimir Poutine.
"Il fallait procéder à une
reconstruction raisonnable, adapter le
système des relations internationales à
une nouvelle situation. Mais les
Etats-Unis, qui se sont proclamés
vainqueurs de la guerre froide, ce que
je trouve assez présomptueux de leur
part, ont estimé qu'aucune réforme
n'était nécessaire", a indiqué M.Poutine
de la séance plénière finale de la 11e
réunion du Club de discussion
international Valdaï.
Selon le président, les actions
entreprises à l'époque ont aggravé le
déséquilibre des forces sur la scène
internationale au lieu de garantir la
stabilité dans le monde.
LA RUSSIE N'ATTENTE
PAS A LA SOUVERAINETE DE SES VOISINS
Les affirmations
selon lesquelles la Russie cherche à
rétablir un "empire" et attente à la
souveraineté de ses voisins sont
complètement infondées, a déclaré
vendredi le président russe Vladimir
Poutine dans une intervention devant les
membres du club de discussion Valdaï.
"Les affirmations selon lesquelles la
Russie attente à la souveraineté de ses
voisins sont dépourvues de fondement. Je
tiens à souligner que la Russie ne
réclame pas de place exclusive dans le
monde", a indiqué le président. "Tout en
reconnaissant les intérêts d'autrui,
nous voulons que nos intérêts soient
également pris en compte", a affirmé le
chef de l'Etat russe.
LES USA MENACENT LE
SYSTEME DE CONTROLE DES ARMEMENTS
Les actions des
Etats-Unis risquent de provoquer la
destruction du système de contrôle des
armements, a déclaré vendredi à Sotchi
le président russe Vladimir Poutine.
"La destruction système actuel des
traités sur la limitation et le contrôle
des armements est tout à fait possible
et ce sont les Etats-Unis qui ont lancé
ce processus dangereux en se retirant
unilatéralement du Traité sur la
limitation des systèmes antimissiles
balistiques (Traité ABM) en 2002", a
indiqué M.Poutine de la séance plénière
finale de la 11e réunion du Club de
discussion international Valdaï.
Les Etats-Unis "ont ensuite procédé à la
création de leur système global de
défense antimissile. Chers amis et
collègues, je tiens à attirer votre
attention sur le fait que ce n'est pas
la Russie qui a initié ce processus", a
noté M.Poutine.
"Nous revenons à l'époque où seule la
peur, +l'équilibre de la destruction
réciproque+, et non l'équilibre des
intérêts et des garanties réciproques,
retient les pays de s'engager dans une
confrontation directe", a-t-il conclu.
DES "ENGAGEMENTS
MUTUELS" POUR EVITER L'ANARCHIE MONDIALE
Il est nécessaire
de créer un système explicite
d'engagements mutuels, sans quoi les
signes d'anarchie mondiale seront de
plus en plus manifestes, a prévenu
vendredi le président russe Vladimir
Poutine.
"Si nous ne mettons pas en place un
système explicite d'engagements et
d'accords mutuels et si nous ne formons
pas de mécanismes de règlement des
crises, les signes d'anarchie mondiale
ne manqueront pas de s'affirmer", a
déclaré le chef de l'Etat lors de la
séance plénière finale du club de
discussion international Valdaï à
Sotchi.
LES DEMARCHES
IRREFLECHIES MENACENT L'ORDRE MONDIAL
Il faut éviter les
démarches irréfléchies dans la politique
internationale, sans quoi les crises
actuelles constitueront un prélude à
l'effondrement de l'ordre mondial, a
déclaré vendredi le président russe
Vladimir Poutine dans une intervention
devant les membres du club de discussion
Valdaï.
"Nous sommes parfaitement conscients que
le monde s'est engagé dans une époque de
changements et de mutations profondes,
époque où nous devons tous faire preuve
d'un degré élevé de prudence et d'une
capacité à éviter les démarches
irréfléchies. Au cours des années
écoulées depuis la guerre froide, les
acteurs politiques internationaux ont
quelque peu perdu ces qualités. Il est
aujourd'hui nécessaire de s'en souvenir,
sans quoi l'espoir d'un développement
pacifique durable sera une illusion
dangereuse et les bouleversements
actuels constitueront un prélude à
l'effondrement de l'ordre mondial", a
déclaré le chef de l'Etat russe.
ARSENAUX
NUCLEAIRES: POURSUIVRE LE DIALOGUE
La Russie appelle à
poursuivre les entretiens sur la
réduction des arsenaux nucléaires, a
déclaré vendredi à Sotchi le président
russe Vladimir Poutine.
"Nous souhaitons poursuivre les
entretiens. Nous insistons sur des
entretiens sur la réduction des arsenaux
nucléaires. Moins d'armes nucléaires il
y a dans le monde, mieux c'est. Nous
sommes prêts à une discussion sérieuse
et substantielle sur le désarmement
nucléaire", a indiqué M.Poutine de la
séance plénière finale de la 11e réunion
du Club de discussion international
Valdaï. Il a appelé à renoncer à la
politique du deux poids deux mesures.
V.V. Poutine a
rappelé que de nombreuses armes de
précision modernes ont déjà "des
performances comparables à celles des
armes de destruction massive". "Si on
renonce complètement au potentiel
nucléaire, les pays qui créent et
produisent des armes de précision
bénéficieront d'un avantage militaire
évident. Cela détruira l'équilibre
stratégique et risque de déstabiliser la
situation. On sera tenté de porter la
première frappe de neutralisation. Bref,
les risques ne font que s'accroître", a
noté le président russe.
LA RUSSIE EXIGE LE
RESPECT DE SES INTERETS
La Russie ne
prétend pas au leadership mondial, mais
veut que ses intérêts soient respectés,
a déclaré vendredi le président russe
Vladimir Poutine devant les membres du
club de discussion international Valdaï.
"La Russie ne prétend à aucun leadership
mondial. La thèse selon laquelle la
Russie prétend à l'exclusivité est
complètement fausse", a indiqué le chef
de l'Etat russe.
"Nous ne réclamons pas de place
particulière au soleil, mais estimons
que tous les participants de la
communication internationale doivent
respecter les intérêts mutuels. Nous
sommes prêts à respecter les intérêts de
nos partenaires et comptons sur une
attitude tout aussi respectueuse envers
nos propres intérêts", a affirmé
Vladimir Poutine.
LE RISQUE CROISSANT
DE CONFLITS ENTRE GRANDES PUISSANCES
L'éventualité
qu'une série de conflits impliquant des
grandes puissances éclate a brusquement
augmenté, a signalé vendredi lors d'une
rencontre à Sotchi avec les participants
au Club de discussion international
Valdaï.
"Aujourd'hui déjà, l'éventualité de
toute une série de conflits impliquant
directement ou indirectement des grandes
puissances a augmenté en flèche. Non
seulement des contradictions
traditionnelles entre Etats, mais aussi
l'instabilité intérieure de certains
pays constituent un facteur de risque",
a déclaré le chef de l'Etat.
Et d'ajouter que cela concernait
particulièrement les pays situés à la
jonction d'intérêts géopolitiques des
grandes puissances ou à la frontière des
continents culturels, historiques,
économiques ou civilisationnels.
"L'Ukraine est un exemple de ce genre de
conflits qui se répercutent sur le
rapport de forces dans le monde, et je
pense qu'il (ce conflit, ndlr) n'est pas
le dernier, loin de là!", a conclu
Vladimir Poutine.
UKRAINE: ARRETER LA
GUERRE IMMEDIATEMENT
Il est capital pour
l'Ukraine d'arrêter immédiatement la
guerre, après quoi on pourra envisager
un dialogue, a indiqué vendredi le
président russe Vladimir Poutine.
"Le principal est d'arrêter la guerre
immédiatement", a déclaré le chef de
l'Etat.
Et d'ajouter qu'on ne pourrait parler de
reprise du dialogue entre Kiev et le
Donbass qu'après la fin de la guerre.
NDLR : Les
autorités ukrainiennes mènent depuis
avril dernier une opération militaire
d'envergure visant à réprimer la révolte
qui a éclaté dans le Donbass suite au
coup d'Etat de février. Selon l'Onu, les
hostilités ont fait plus de 3.700 morts
et plus de 9.000 blessés parmi les
civils.
Le 5 septembre, les représentants de
Kiev et les dirigeants des républiques
autoproclamées de Donetsk et de Lougansk
ont signé un accord de cessez-le-feu à
Minsk, avec la médiation de la Russie et
de l'OSCE.
Le 19 septembre, les parties ont
également signé un mémorandum de paix
stipulant l'arrêt de l'usage des armes,
le retrait de 15 km des pièces
d'artillerie lourdes depuis leur "ligne
de contact", la création d'une zone de
sécurité de 30 km dans l'est de
l'Ukraine interdisant aux avions de
combat et aux drones de survoler la zone
de sécurité et prévoyant le départ des
mercenaires étrangers des deux camps.
L'application de ces accords se heurte à
des difficultés, car les échanges de
tirs se poursuivent sur le terrain. Les
autorités de Kiev continuent d'employer
des armes lourdes, détruisant ainsi les
infrastructures économiques et sociales
de la région.
UKRAINE: MOSCOU A AIDE IANOUKOVITCH A
FUIR
Moscou a aidé le
président Viktor Ianoukovitch à se
réfugier en Crimée après le coup d'Etat
à Kiev, avant de le transférer en Russie
à sa demande, a annoncé vendredi le
président russe Vladimir Poutine dans
son intervention devant les membres du
club de discussion international Valdaï.
"Je ne vous cacherai pas que nous
l'avons aidé à se réfugier en Crimée, où
il a passé plusieurs jours. A cette
époque, la Crimée faisait encore partie
de l'Ukraine, mais puisque les
événements à Kiev évoluaient très vite
et de manière tumultueuse, il n'avait
aucun intérêt à rentrer à Kiev", a
raconté M. Poutine lors de la dernière
réunion du club.
Selon lui, il était extrêmement
dangereux pour Viktor Ianoukovitch de
revenir à Kiev, où les putschistes
tuaient des activistes du Parti des
régions restés fidèles à l'ancien
président ukrainien.
"L'opinion publique ne le sait pas, mais
des meurtres ont été perpétrés à Kiev et
des personnes ont été brûlées vives. Un
groupe de nationalistes est entré dans
un bureau du Parti des régions, a saisi
des membres du personnel technique et
les a tués avant de brûler leurs corps
dans un sous-sol", a affirmé M. Poutine.
D'après lui, dans ce contexte, Viktor
Ianoukovitch a demandé à être transféré
en Russie.
"C'est ce que nous avons fait", a
indiqué le président russe.
En voyant l'évolution des événements,
les habitants de la Crimée ont demandé à
la Russie de les aider à organiser un
référendum.
Ce dernier s'est déroulé en bonne et due
forme. Près de 97% des participants au
scrutin ont voté pour l'adhésion de la
péninsule à la Fédération de Russie.
POUTINE PRONE UN
ESPACE ECONOMIQUE "DE L'ATLANTIQUE AU
PACIFIQUE"
L'UE et l'Union
économique eurasiatique (UEEA) devraient
mener un dialogue sur la création d'un
espace économique unique s'étendant de
l'Atlantique au Pacifique, a déclaré
vendredi à Sotchi le président russe
Vladimir Poutine.
"Nous saluerions le lancement d'un
dialogue substantiel entre l'Union
eurasiatique et l'Union européenne qu'on
nous a toujours refusé. Et je ne
comprends pas pourquoi, où est le
problème?", a indiqué M.Poutine de la
séance plénière finale de la 11e réunion
du Club de discussion international
Valdaï.
L'Union économique eurasiatique (UEEA)
réunira à partir du 1er janvier 2015 la
Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan,
qui possèdent déjà un territoire
douanier commun (Union douanière). Sa
mise en place achèvera la création d'un
grand marché commun de 170 millions
d'habitants dans l'espace de la
Communauté des Etats Indépendants (CEI).
"Nous croyons qu'il faut discuter de la
création d'un espace unique de
coopération économique et culturelle,
s'étendant de l'Atlantique au Pacifique.
J'en ai parlé à plusieurs reprises et
beaucoup de nos partenaires occidentaux,
notamment européens, ont appuyé cette
idée", a ajouté le président russe.
POUTINE N'A
"JAMAIS" MIS EN DOUTE LA SOUVERAINETE DE
L'UKRAINE
Le président russe
Vladimir Poutine a déclaré vendredi à
Sotchi n'avoir jamais mis en doute la
souveraineté de l'Ukraine.
"Quant à ma position sur l'Ukraine, en
tant qu'Etat souverain, je n'ai jamais
mis en doute que l'Ukraine est un Etat
européen souverain et moderne. Or, il en
va autrement pour l'histoire de la
formation de l'Ukraine dans ses
frontières actuelles, qui a été un
processus assez compliqué", a indiqué le
chef de l'Etat lors de la séance
plénière finale du Club de discussion
international Valdaï à Sotchi.
Et de rappeler que le terme Novorossiya
(nom donné actuellement aux régions
insurgées de l'est ukrainien) était un
nom historique désignant une région
ayant pour capitale la ville russe de
Novorossisk.
NDLR : Refusant de
reconnaître les autorités arrivées au
pouvoir à Kiev suite au coup d'Etat de
février 2014, de nombreux habitants du
sud-est de l'Ukraine ont réclamé la
fédéralisation de l'Ukraine avant de
proclamer l'indépendance de leurs
régions par rapport à Kiev. En avril
dernier, les régions de Donetsk et de
Lougansk ont proclamé des "républiques
populaires" avant de former l'union de
Novorossiya. Kiev, qui ne reconnaît pas
les deux républiques autoproclamées,
mène une opération militaire d'envergure
dans l'est de l'Ukraine depuis la
mi-avril. Le 5 septembre dernier, Kiev
et les insurgés ont adopté un
cessez-le-feu.
SYRIE/LIBYE : LA
POLITIQUE US DECONNECTEE DE LA REALITE
La politique
américaine en Syrie et en Libye est
déconnectée de la réalité, a déclaré
vendredi à Sotchi le président russe
Vladimir Poutine.
"Je considère qu'il s'agit d'une
politique absolument irréfléchie, non
professionnelle et déconnectée de la
réalité", a indiqué M.Poutine de la
séance plénière finale de la 11e réunion
du Club de discussion international
Valdaï.
Selon lui, les Etats-Unis ont armé
l'opposition en Libye et en Syrie sans
réfléchir aux conséquences. "Ils
croyaient nécessaire de soutenir
l'opposition démocratique civilisée en
Syrie. Ils l'ont soutenue et armée et
puis la moitié des combattants de
l'opposition sont passés à l'EIIL. Ne
pouvait-on pas y réfléchir à l'avance?",
s'est interrogé M.Poutine.
Moscou est hostile à cette politique de
Washington. "Nous considérons qu'elle
est erronée et qu'elle nuit à tout le
monde, y compris aux Etats-Unis", a-t-il
ajouté.
NDLR : Le groupe
terroriste Etat islamique (EI), appelé
autrefois l'Etat islamique en Irak et au
Levant (EIIL) sévissait au départ
principalement en Syrie où il combattait
les troupes gouvernementales. Il y a
quelques mois, cette organisation liée à
Al-Qaïda a intensifié ses activités en
Irak. Les activités de l'EI ont provoqué
des milliers de morts civiles et l'exode
des centaines de milliers de réfugiés.
Plusieurs milliers de personnes sont
détenues en otages.
Une situation très tendue persiste en
Libye depuis la chute du régime de
Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Le
pays demeure le théâtre d'hostilités
entretenues par de nombreuses formations
paramilitaires organisées selon le
principe territorial ou tribal. Ces
groupes sont parfois mieux équipés et
armés que la police et se substituent
même à cette dernière dans certaines
régions du pays.
LE MONDE A BESOIN
D’UN NOUVEAU CONSENSUS DES FORCES
RESPONSABLES
Le président
Poutine est sûr que le monde a besoin «
d’un nouveau consensus des forces
responsables ». Il faut commencer à
s’entendre sur les principes et gérer en
commun les risques. L’anarchie ne fera
que se généraliser si un système
cohérent des engagements mutuels n’est
pas mis en place, a souligné le leader
russe en intervenant devant les
participants du club de discussion
Valdaï.
Selon Vladimir Poutine, les États-Unis
tentent de réanimer le schéma de
gouvernance du monde du temps de la «
guerre froide » mais ces tentatives font
juste le contraire.
« La guerre froide » est finie… mais il
s’en est suivie une pagaille », dit
Poutine et ajoute que la structure «
monopolaire » du monde s’est avérée
incapable de faire face aux vraies
menaces comme les conflits régionaux, le
terrorisme, le trafic de drogues, le
fanatisme religieux, le chauvinisme et
le néonazisme. Elle avait au contraire
démontré que « la domination accrue d’un
seul centre de pouvoir n’a pas permis de
mieux contrôler les processus globaux.
La structure monopolaire a ouvert la
voie aux manifestations de la
présomption nationale, à la manipulation
de l’opinion publique et à la suprématie
du plus fort », a conclu Poutine.
LA FIN DU MONDE
UNIPOLAIRE
Finalement, le
monde unipolaire a créé des problèmes
pour l’Amérique elle-même qui si bien
que les États-Unis s’efforcent
maintenant de recréer « une sorte de
monde quasi-bipolaire » comme modèle qui
convient le mieux pour maintenir le
leadership américain. De plus, estime
Poutine, peu importe qui prendre dans la
propagande américaine la place « du
centre du mal » occupée dans le temps
par l’URSS : cela pourrait être l’Iran,
la Chine ou la Russie. « Nous sommes à
nouveau témoins des tentatives de
morceler le monde, de tracer les lignes
de démarcations de forger des coalitions
pour accentuer la confrontation et créer
l’image d’ennemi, fait valoir le leader
russe.
« C’est le début de la période des
divergences d’interprétation et des
réticences quand la légitimité de tel ou
tel régime est fonction de sa loyauté ».
Selon Vladimir Poutine, « nous assistons
à la probabilité accrue de conflits
aigus avec la participation au moins
indirecte des grandes puissances ». De
plus, le risque s’associe désormais non
seulement aux contradictions
interétatiques traditionnelles mais
encore à l’instabilité intérieure
surtout dans le cas des pays situés au
carrefour des intérêts géopolitiques des
grands États ou à la limite de ce qu’on
peut appeler continents culturels,
historiques, économiques et
civilisationnels. « L’Ukraine est juste
un exemple de ces conflits qui se
répercutent sur le rapport de forces
dans le monde et cet exemple est loin
d’être le dernier », a-t-il ajouté.
RETABLIR
L’EFFICACITE DU SYSTEME DES INSTITUTIONS
INTERNATIONALES ET REGIONALES
« Agir sur les récalcitrants en
espionnant ses propres alliés », dit
Poutine et ajoute que compte tenu de la
situation explosive dans le monde, le
renoncement à toutes les règles dans les
relations internationales n’est pas à
exclure. « Ce monde, est-il vraiment
confortable ?, s’interroge Poutine.
Le président russe est sûr qu’il est
parfaitement possible de rétablir
l’efficacité du système des institutions
internationales et régionales si on fait
preuve de volonté politique. Il ne
s’agit pas de transactions locales, de
partage des sphères d’influence dans
l’esprit de la diplomatie classique, ni
d’une domination totale. « Il faut
rééditer l’interdépendance, estime
Poutine. – C’est un bon instrument
permettant d’harmoniser les positions ».
Le leader russe a appelé à tracer la
frontière entre les efforts déployés
pour garantir la sécurité internationale
et l’ingérence dans les affaires
intérieurs des États souverains. « Il
fait définir nettement les limites des
actions unilatérales et les cas où les
mécanismes internationaux s’imposent ».
La question de contenu de souveraineté
devient à peu près primordiale pour la
stabilité du monde.
Il est évident que le débat sur les
critères d’usage de la force est
particulièrement délicat et qu’ils sont
étroitement associées aux intérêts de
tels ou tels pays mais l’absence de
critères intelligibles est autrement
dangereuse. « Le résultat réel ne peut
être obtenu que si les acteurs
internationaux arrivent à s’entendre sur
l’harmonisation de leurs intérêts
fondamentaux et sur les limites
raisonnables de leur action », a fait
valoir Vladimir Poutine.
Selon lui, la
Russie n’a pas l’intention de forger des
blocs ou de s’entraînement dans un
Échange de coups ». « Nous respectons
les intérêts des autres et voulons tout
simplement qu’on tienne également compte
de nos intérêts et de notre position »,
dit le président.
« Le monde s’est engagé dans l’époque
des changements et nous devons tous nous
monter très prudents et éviter les
démarches irréfléchies. Après la fin de
la « guerre froide », les acteurs
internationaux ont en partie perdu ces
qualités. Le temps est venu de se le
rappeler. « L’édification d’un monde
plus stable est une tâche très complexe
qui suppose un travail long et patient.
Nous avons pu élaborer les règles de
coexistence au lendemain de la Seconde
guerre mondiale et avons réussi à nous
entendre dans les années 1970 à
Helsinki. Notre devoir commun consiste à
résoudre ce problème fondamental
aujourd’hui, à l’étape nouvelle du
développement », estime le président
russe.
EODE Press Office / RIA Novosti
(titres et intertitres de la
Rédaction)
(*) La 11e réunion
du club international de discussion
Valdaï a réuni 108 experts, historiens
et analystes politiques de 25 pays. Sa
session plénière finale est consacrée
aux facteurs d'érosion du système actuel
des institutions et des normes du droit
international.
Institué en septembre 2004, le Club de
discussion international Valdaï
rassemble chaque année près de trois
cents analystes politiques de différents
pays et aborde des thèmes dont la
discussion permet aux participants
étrangers de mieux comprendre la Russie.
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https://vimeo.com/eodetv/
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