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Nucléaire:
la presse iranienne tire à boulets
rouges
sur la France et Fabius
Al-Manar
Photo:
Al-Manar
Lundi 11 novembre 2013
La presse iranienne a tiré à boulets
rouges lundi sur la France et son
ministre des Affaires étrangères Laurent
Fabius, accusé d'avoir saboté les
négociations nucléaires de Genève par
son intransigeance.
"La France a ruiné son image à
Genève", écrit le quotidien Tehran Times
alors que les discussions entre les 5+1
et l'Iran ont buté selon des diplomates,
sur des exigences de Paris dans la
rédaction d'un accord.
"M. Fabius, on n'oubliera pas",
affirme à la Une le quotidien Hafté-Sobh,
en affirmant que les Iraniens "ont pris
d'assaut la page Facebook" du ministre
français qui participait avec ses
homologues aux discussions de Genève.
"M. Fabius, les Iraniens ne vont pas
oublier votre animosité. Apparemment,
vous êtes devenu la marionnette d'Israël
et de l'Arabie saoudite...", écrit un
internaute dans un message en persan,
repris par le quotidien.
Un autre dénonce "Fabius qui a
soutenu Israël et laisse les Iraniens
soumis à des sanctions qui les privent
de médicaments et de produits
alimentaires".
Selon le quotidien Iran Daily, des
hommes d'affaires iraniens ont décidé de
"reconsidérer leurs relations" avec
leurs homologues français et trouver
"des partenaires plus dignes de
confiance".
Et pour le grand quotidien économique
Donayé Eghtessad, proche du
gouvernement, "la France est la grande
perdante des négociations de Genève".
"La normalisation des relations avec
l'Occident se produira tôt ou tard et le
sabotage de la France desservira
certainement ses intérêts à ce
moment-là", affirme dans le journal
l'économiste Moussa Ghaninejad.
Un autre expert, Massoud Nili,
également proche de l'équipe économique
du gouvernement, affirme que la France
est "à la croisée des chemins". "Si à
cause des obstacles mis par la France il
n'y a pas d'accord, les générations
futures ne pardonneront pas au peuple
français et à ses élites d'être resté
silencieux devant les positions
coûteuses de leurs dirigeants".
Dans le quotidien réformateur Etemad,
un analyste critique aussi "l'attitude
non diplomatique de la France" dans une
tribune, affirmant qu'"en cas de non
accord, la France sera certainement
perdante".
Le chef de la diplomatie, Mohammad
Javad Zarif et son équipe, qui ont mené
durant trois jours des négociations
intensives à Genève, se sont toutefois
gardés de citer la France.
Sur sa page Facebook, M. Zarif, note
qu'"il était possible d'arriver à un
accord avec la plupart des membres du
groupe 5+1, mais (...) une des
délégations avait un peu de problèmes".
Pas loin d’un accord avec
l’Iran même si des questions subsistent,
selon Fabius
Le
lendemain du sabotage de l'accord sur le
nucléaire iranien, le chef de la
diplomatie française, Laurent Fabius, a
estimé lundi que les 5+1 n'étaient "pas
loin d'un accord" avec Téhéran sur le
nucléaire iranien, même si des questions
subsistent dans la négociation qui doit
reprendre le 20 novembre.
"Nous ne sommes pas loin d'un accord
avec les Iraniens mais nous n'y sommes
pas encore", a-t-il dit à la radio
Europe 1, assurant que les Six étaient
"absolument d'accord" sur les termes de
la négociation.
"Il y a eu des progrès c'est évident,
mais il n'a pas été possible d'aller
jusqu'au bout" à Genève, où les Iraniens
et les 5+1 se sont séparés samedi sans
accord après trois jours d'intenses
discussions, a souligné M. Fabius.
"La négociation continue, il y a un
texte qui est sur la table et qui a été
accepté par les 5+1" (Etats-Unis,
Russie, France, Grande-Bretagne, Chine
et Allemagne), mais "il y a deux ou
trois points qui font encore
difficulté", a-t-il poursuivi.
Il a cité le cas du réacteur iranien
à eau lourde d'Arak, produisant du
plutonium susceptible d'être utilisé
pour fabriquer la bombe atomique. "Nous
disons qu'il faut prendre des
dispositions pour que ce réacteur ne
puisse pas être activé comme il était
prévu et qu'il ne puisse pas produire la
bombe", a souligné M. Fabius.
Le ministre a ensuite évoqué la
question cruciale de l'enrichissement de
l'uranium, au centre de la négociation.
"Enrichi à 3 ou 5%, ça ne pose pas trop
de difficulté. Quand c'est à 20%, cela
permet d'aller très vite à 90%" et
d'être utilisé à des fins militaires,
a-t-il rappelé.
"La question qui se pose est
qu'est-ce que les Iraniens vont faire du
stock" d'uranium enrichi à 20% dont ils
disposent déjà. "Nous sommes d'accord
avec nos partenaires pour dire que ce
stock soit démantelé et revienne à 5%",
a-t-il détaillé.
Interrogé sur la position de la
France, qui a adopté dès le début des
discussions une attitude intransigeante
et a été accusée par certains de bloquer
les négociations, M. Fabius a estimé que
"les choses ne se présentent pas comme
ça".
"La France n'est ni isolée ni
suiviste, elle est indépendante et
travaille pour la paix. Nous sommes
fermes, nous ne sommes pas fermés, et
j'ai bon espoir qu'on arrive à un bon
accord", a-t-il dit.
"Si nous n'arrivions pas à un accord
ça poserait un problème considérable
d'ici quelques mois", a-t-il poursuivi.
Et d’ajouter: "l'Iran a droit à avoir
l'énergie nucléaire civile, mais la
bombe atomique, non".
"Vive la France!", tweete le
sénateur américain McCain
En réaction à la position française,
deux influents sénateurs américains,
dont le républicain John McCain, ont
salué dimanche la France pour avoir
bloqué la signature d'un accord sur le
nucléaire iranien à Genève, mais des
experts s'interrogeaient sur les
motivations de Paris.
"Vive la France", s'est écrié, en
français dans le texte, le sénateur John
McCain sur son compte Twitter. "La
France a eu le courage d'empêcher un
mauvais accord sur le nucléaire
iranien", a-t-il déclaré au lendemain de
l'annonce du report d'un accord entre
l'Iran et le groupe P5+1 (Etats-Unis,
France, Royaume-Uni, Russie, Chine et
Allemagne).
Lors de trois jours d'intenses
négociations à Genève, les Français ont
plusieurs fois publiquement dénoncé les
points de blocage et le manque de
garanties dans l'accord intérimaire en
préparation. Ces prises de position lui
ont valu d'être accusée par l'Iran
d'avoir joué les trouble-fête autour de
la table des négociations.
"Dieu merci pour la France, Dieu
merci pour ce refus d'un accord", a
lancé de son côté le sénateur
républicain Lindsey Graham sur CNN.
"Voilà des mots qu'on n'a pas
entendus depuis bien longtemps, mais
laissez-moi vous expliquer: ils (les
Français) sont en train de très bien
prendre la main au Proche-Orient",
a-t-il ajouté.
Le sénateur Graham a expliqué qu'un
texte bipartisane sur l'Iran était en
préparation pour la semaine prochaine au
Congrès, lequel a le pouvoir de décider
les sanctions à l'encontre de l'Iran. Le
Congrès a respecté jusqu'à présent la
"pause" réclamée par le gouvernement
américain, pour laisser le temps à la
diplomatie avec l'Iran.
"Notre but, a fait valoir le
sénateur, est d'obtenir un accord sur le
long terme. Nous ne voulons pas nous
retrouver avec une Corée du Nord au
Proche-Orient".
Le texte de la semaine prochaine au
Congrès comportera quatre exigences,
selon le républicain: "l'arrêt de
l'enrichissement (d'uranium), le
démantèlement des centrifugeuses,
l'arrêt de la construction d'un réacteur
à plutonium et l'autorisation du
contrôle par la communauté international
de tout le cycle iranien (du
combustible)".
"Si un accord remplissait ces quatre
exigences, je serais satisfait", sinon
"le monde le regrettera", a-t-il fait
valoir, rappelant l'inquiétude
d' « Israël » face à la gestion du
dossier iranien par l'administration
Obama.
Mais des analystes à Washington
s'interrogeaient dimanche sur les
motivations de la diplomatie française.
Selon certains analystes, la France
s'est alliée à « Israël » et à certains
pays du Golfe, en allusion à l’Arabie
saoudite.
Le
dossier Iran
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