Le Web de l'Humanité
Bush
réaffirme ses liens avec Israël
Pierre Barbancey
George Bush
Jeudi 10 janvier 2008 Proche-Orient
. Le président des États-Unis, qui a entamé un voyage qualifié
« d’historique » pour un règlement israélo-palestinien,
a déjà pris position en parlant « d’État juif ».
Du jamais-vu depuis la visite du pape Jean-Paul II : des
quartiers entiers de Jérusalem ont été fermés. L’armée israélienne
a décrété le bouclage de la Cisjordanie et plus de 11 000
policiers israéliens sont mobilisés pour l’opération « Ciel
ouvert », nom de code de la visite de George W. Bush en Israël.
Accueilli à sa descente d’avion par le président israélien,
Shimon Peres, et le premier ministre, Ehud Olmert, il a aussitôt
réaffirmé les liens qui liaient les deux pays. « Les États-Unis
et
Israël sont des alliés forts. La source de cette force est la
foi partagée dans le pouvoir de la liberté humaine », a
expliqué George W. Bush, ajoutant : « L’alliance
entre nos deux pays contribue à garantir la sécurité d’Israël
en tant qu’État juif. »
En deux phrases le ton du voyage est donné. « Sécurité
d’Israël » et « État juif ». La première idée
est donc que rien ne doit être fait qui compromettrait la sécurité
de ce pays alors que pour certains membres du gouvernement israélien,
c’est la création même d’un État palestinien qui est
dangereux pour Israël. En utilisant le terme d’État juif dès
son arrivée, Bush prend déjà partie sur une question cruciale
et problématique. D’abord parce qu’elle remet en cause, de
fait, le droit au retour des réfugiés palestiniens spoliés de
leurs terres et de leurs habitations en 1948. C’est aussi un
positionnement étonnant : Israël est l’un des rares pays
au monde (si ce n’est le seul) qui ne possède pas de
constitution, justement parce que ses fondateurs n’étaient pas
parvenus à se mettre d’accord sur la nature de l’État.
Le terme État juif ferait d’Israël un État théocratique
au même titre que… l’Iran. L’Iran dont il a également été
question dès les premières minutes. « L’Iran ne devrait
pas sous-estimer notre détermination à nous défendre », a
prévenu Shimon Peres. Il a appelé Bush à aider à « mettre
un terme à la folie » de l’Iran, du Hezbollah libanais et
du Hamas.
Bush buvait du petit-lait et pouvait ainsi marteler la nécessité
de « résister fermement à ceux qui assassinent des
innocents pour atteindre des objectifs politiques ». Et
d’affirmer : « Nous ferons plus que nous défendre
contre l’extrémisme, nous rechercherons une paix durable. Nous
voyons une nouvelle chance pour la paix, ici en Terre sainte et
pour la liberté dans toute la région. »
Un discours qui aura certainement du mal à passer dans une région
qui souffre d’abord de l’occupation et de son cortège de
morts. L’occupation de l’Irak par l’armée irakienne, qui
tue des civils chaque jour. L’occupation des territoires
palestiniens par l’armée israélienne et les colons, qui tue
aussi pratiquement chaque jour. Or, pour ces morts palestiniens,
pour cette souffrance occasionnée par le bouclage des villes et
des villages, Bush n’a pas un mot.
Malgré les déclarations des uns et des autres, personne ne se
fait d’illusions sur les résultats de ce déplacement.
Condoleezza Rice, la secrétaire d’État, qui fait partie de la
délégation US, ne croit pas en une possible « percée »
lors de ce séjour. Elle a fait remarquer que George W. Bush avait
expliqué qu’il comptait surtout aider Israéliens et
Palestiniens à dessiner une « vision clairement définie
qui contraste avec celle des terroristes et des assassins ».
La veille de la visite du président américain, Ehud Olmert et
Mahmoud Abbas sont convenus d’accélérer les négociations et
de charger leurs représentants de négocier directement les
questions fondamentales au coeur d’un éventuel règlement,
comme la souveraineté sur Jérusalem, le retour des réfugiés ou
le tracé des frontières. Mais on voit mal comment des évolutions
seraient possibles tant le climat sur le terrain est tendu. Bush
doit rencontrer Mahmoud Abbas et Tony Blair, l’envoyé spécial
du « quartette » (États-Unis, Russie, Union européenne,
ONU, parrains de la Feuille de route) dans la région, vendredi.
© Journal l'Humanité
Publié le 11 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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