Rapport - QII
La ville d'al-Quds
en 2012 : analyse de la situation
QII
© TARA
TODRAS-WHITEHILL/AP/SIPA
Dimanche 3 février
2013 Ce rapport rédigé
par l’Institution Internationale al-Quds
décrit les grandes lignes de la
politique de l’occupation au cours
de l’année 2012 vis-à-vis de la
ville – capitale de la Palestine,
des lieux saints et de la population
maqdisie. Celle-ci résiste, seule,
par des moyens rudimentaires, la
crise politique palestinienne pesant
de tout son poids pour empêcher une
quelconque résistance massive et
conséquente. S’ajoute à la situation
palestinienne le silence ou la
connivence de la « communauté
internationale » qui a décidé que la
force militaire pouvait décider du
sort des peuples colonisés, alors
qu’elle abreuve le monde, par les
ondes et les images, de ses exploits
« humanitaires ». Seule la première
partie du rapport a été traduite. L’année 2012 a été
marquée par une accentuation de la
judaïsation de la ville d’al-Quds et
de la mosquée al-Aqsa, que ce soit
par les incursions répétées contre
la mosquée ou la construction
effrénée de colonies dans la ville
palestinienne occupée. Le projet de
judaïsation vise à transformer la
ville en une vlle exclusivement
juive, tant par la religion, la
culture, la langue et la
construction, et à en faire la
capitale de l’Etat sioniste, ou même
la capitale juive du « peuple juif
», du nom de Urshalim. Ce projet
porté par toutes les institutions de
l’Etat est commun à toutes les
formations politiques, il bénéficie
du soutien international et du
soutien de tous les sionistes dans
le monde, juifs ou chrétiens, qui le
financent très largement. De l’autre côté, les
maqdisis tentent de préserver leur
entité et leur existence en tant que
société, en préservant leur
identité, leur langue et leur
culture, tout comme ils tentent de
protéger leurs lieux saints,
musulmans et chrétiens. Leur
résilience n’est ni méthodique, ni
organisée, elle n’est pas portée par
une direction politique et ne
bénéficie que d’un soutien verbal.
Seul le soutien des Palestiniens
vivant dans les territoires occupés
en 48 permet aux Maqdisis de
résister et de défendre leur
présence dans la ville – capitale de
la Palestine.
1 – Sur le
terrain
A – la mosquée
al-Aqsa : lutte autour de
l’exclusivisme musulman
Après avoir réalisé
la difficulté de détruire la mosquée
pour construire un temple juif sur
ses ruines, les milieux sionistes
ont adopté un plan plus « réaliste »
consistant à le partager. Au cours
de l’année 2012, des pas importants
ont été pris dans ce sens. Au mois
de septembre dernier, le député
sioniste Eldad propose la discussion
d’un plan de partage de la mosquée à
la Knesset, ce plan consistant à
réserver 9 heures par jour aux
musulmans dans la mosquée, et 9
heures aux juifs, pendant lesquels
les musulmans devraient sortir de la
mosquée, le vendredi serait réservé
aux musulmans et le samedi aux
juifs. Bien que le président du
parlement sioniste ait préféré
reporter la discussion pour éviter
des tensions, c’est la première fois
que le projet de partage de la
mosquée est dit de manière aussi
claire. D’autre part, les milieux
sionistes oeuvrant pour la
construction d’un temple juif à la
place de la mosquée ont accentué
leur présence dans la mosquée,
quotidiennement, de manière à ce
qu’une telle pratique devienne
normale, en préparation à la demande
d’un « droit » sur la mosquée.
Soldats en tenue militaire,
policiers, services de
renseignement, touristes ou
religieux, tous font des incursions
protégés par la police sioniste.
6881 colons ont mené des incursions
dans la mosquée au cours de l’année
2012, 3950 soldats en tenue
militaire, 284 .906 touristes
étrangers, ce qui fait une moyenne
de 810 juifs ou chrétiens par jour
qui pénètrent dans la mosquée dans
le but de disputer l’exclusivime
musulman sur la mosquée.
Pour compléter le
plan de judaïsation de la mosquée,
les autorités sionistes tentent de
judaïser également tout l’espace qui
l’entoure, la vieille ville
(intra-muros) et les alentours. Un
grand nombre de sites juifs est en
cours de construction autour de la
mosquée. Il a été décidé en 2012 de
construire un bâtiment à caractère
juif à l’extrême ouest de la place
al-Bouraq, et une synanogue, à 200
mètres seulement de la mosquée, un
centre juif à la place du parking
appartenant au couvent des
Arméniens, à l’ouest de la vieille
ville, le centre « Jaafati », en
face de l’enceinte sur de la vieille
ville, un autre centre pour les
visiteurs et l’étude de la Torah à
Selwan, tous ces sites devant
assurer le caractère juif de la
ville palestinienne occupée.
Les forces de
l’occupation visent également la
destruction de la colline des
Maghariba pour modifier tout
l’espace qui entoure la mosquée, du
côté ouest, sud et est, en
construisant une synanogue au-dessus
de l’école historique Tankaziya.
L’occupation a tenté de détruire la
colline en novembre 2011, mais la
réaction populaire l’a contraint à
stopper son projet. La municipalité
sioniste essaie à présent de faire
pression pour briser le gel du
projet. Elle a entamé de manière
progressive sa destruction, dès le
22 mai 2012, mais attend le « feu
vert » du gouvernement pour ôter ce
qui en reste et construire un pont
en fer.
Le projet de
judaïsation de la mosquée al-Aqsa
touche également les souterrains, où
les autorités de l’occupation
creusent le sous-sol, des canaux et
des salles, pour fonder une ville
souterraine juive. Le nombre de
sites de creusement s’élèvait, au
mois de septembre 2012, à 47 sites,
sur les côtés ouest, sud et nord de
la mosquée.
Résistance
Pour prévenir la
prise de la mosquée al-Aqsa, face
aux nombreuses incursions, la
présence continuelle dans la mosquée
fut le moyen le plus usité. Les
cours d’étude dispensés dans la
mosquée, pour les étudiants d’al-Quds
et des Palestiniens de 48, ont
constitué un bouclier de protection.
Lorsque l’occupant a interdit les
cours et empêché les étudiants d’y
parvenir, en délimitant l’âge des
fidèles, ce furent les excursions
des élèves âgés de moins de 12 ans
le seul moyen pour affronter la
présence des juifs dans la mosquée.
Quoiqu’il en soit, la présence
constante de fidèles fut la seule
protection pendant l’année 2012.
Malgré les
pressions, les équipes des Awqaf
sont parvenues à ouvrir à nouveau le
dôme al-Silsila, après l’avoir
rénové avec une participation
turque, et ont poursuivi la
rénovation du dôme du Rocher de
l’intérieur, malgré les
protestations des juifs extrémistes.
B - Les Maqdisis
affrontent les pressions
Les autorités de
l’occupation poussent les Maqdisis à
l’exil « volontaire ». En 2012, les
pressions se sont accrues dans le
sens suivant : – paupérisation des
habitants d’al-Quds, passant de 60%
(2008) à 77% (2010) des familles
maqdisies vivant en-dessous du seuil
de la pauvreté. Les chiffres
indiquent que 75% des familles
maqdisies sont endettées envers la
municipalité de l’occupation, qui
les poursuit pour leur faire payer
impôts et amendes. – La fermeture du
barrage de Ras Khamis le 19/9/2012
qui relie les banlieues au nord
d’al-Quds à la partie de la ville
enfermée par le mur, et la poursuite
de la construction du mur à sa
place, afin de faire du barrage
installé à She’fat une voie de
passage « international » pour
55.000 maqdisis vivant dans les
quartiers nord, ce qui signifie en
clair que les habitants doivent ou
bien se déplacer pour vivre à
l’intérieur de la zone fermée par
les murs ou se passer de leur droit
de vivre dans leur ville. – Les
extrémistes juifs ont mis la main
sur de nouveaux terrains à
l’intérieur des quartiers arabes. La
police sioniste a expulsé les P
alestiniens de maisons à Tour, à
Bayt Hanina et Jabal al-Mukabber
pour les remettre à des colons qui
prétendent qu’elles leur
appartiennent. Ces nouvelles
expropriations s’ajoutent à celles
de Selwan, de Ras el-Amoud et la
vieille ville, où la police de
l’occupation est constamment
présente.
Il faut noter
également la recrudescence des
crimes haineux et des agressions
sauvages de la part des colons
contre les Maqdisis. 17 agressions
ont eu lieu en 2012, la plus grave
étant celle qui a atteint Jamal
Joulani, agressé par 40 jeunes juifs
dans un centre commercial le
16/8/2012.
Les lieux saints
chrétiens ont également été les
cibles des agressions israéliennes.
Des fortes pressions s’exercent sur
le patrimoine de l’église orthodoxe,
qui a été mis sous séquestre,
prétextant les dettes de l’église
envers la compagnie d’eau, alors que
depuis les temps ottomans, les lieux
saints sont dispensés de payer ces
factures.
Du côté des
prisonniers, la grève de la faim des
prisonniers dès le mois de mai 2012
et les mouvements de solidarité,
ainsi que l’arrestation à nouveau du
prisonnier libéré Samer Issawi au
mois de juillet 2012 et la grève de
la faim qu’il mène depuis ce jour
sont les faits marquants de l’année.
La famille de Samer Issawi a été
attaquée et son domicile assiégé par
les forces de l’occupation et la
maison de son frère démolie le 1
janvier 2013.
Le 23/1/2012, le
député maqdisi Mohammad Tawtah a été
kidnappé, ainsi que l’ancien
ministre Khaled Abou Arfa, de la
tente de protestation installée à
l’intérieur du siège du CICR. Ils
sont tous les deux prisonniers.
Résistance
Toutes ces
agressions et pressions sur les
Maqdisis ont suscité un mouvement de
colère le 30 mars 2012
(commémoration de la Journée de la
terre et date de la marche
internationale vers al-Quds). Une
autre mobilisation importante s’est
déroulée au cours de l’agression sur
la bande de Gaza entre le 16 et 20
novembre. Mais des affrontements
quotidiens se déroulent un peu
partout dans la ville occupée,
notamment à Issawiya qui a été le
théâtre de 21 affrontements, où les
Palestiniens ont utilisé les pierres
et les cocktails molotov contre les
forces de l’occupation. A Selwan, 14
affrontements ont eu lieu, et dans
le camp de She’fat, 12
affrontements, dans la vieille ville
11 affrontements, et 10
affrontements au cours de l’année au
barrage de Qalandia. Au total 78
affrontements, sans compter les
opérations d’attaque à l’arme
blanche et autres opérations ayant
entraîné des blessures dans les
rangs de l’occupation.
Au mois de juin
2012, ce fut la vague des incendies
dans al-Quds, où les autorités de
l’occupation ont accusé les jeunes
Palestiniens de les avoir provoqués.
Plusieurs jeunes ont été arrêtés.
C - Le quartier
al-Bustan
C’est le second
quartier d’al-Quds menacé par
l’expulsion massive de sa
population, après le quartier de
Sheikh Jarrah. Les autorités de
l’occupation ont pris la décision en
2009 de détruire 88 immeubles dans
le quartier. La population a eu
recours aux tribunaux pour protester
contre cette décision, tout en
menant des protestations populaires.
Une tente de protestation a été
érigée où se rendent régulièrement
tous ceux qui s’associent à leurs
protestations. Les prières
collectives du vendredi y sont
menées, ce qui a constitué un
véritable frein au projet de
l’occupation. C’est pourquoi
l’occupant à inauguré une autre
politique, celle de diviser les
habitants menacés, en proposant la
destruction de 29 immeubles au lieu
des 88. De plus, les forces de
l’occupation ont visé des militants
du comité de défense de Selwan,
comme le sheikh Moussa Awdeh, qui
fut condamné à trois mois de prison
au cours de l’année 2012, et son
jeune fils Muslim (12 ans) qui a été
arrêté 12 fois. Pendant ce temps, la
municipalité a envoyé au cours de
l’année ses équipes 15 fois de suite
à Selwan pour distribuer et coller
les ordres de démolition ou pour
mesurer les lieux, sans cependant
pouvoir détruire une seule maison
dans le quartier.
La destruction du
quartier al-Bustan dans Selwan est
devenue la « boule de feu » que se
lancent la municipalité de
l’occupation, le gouvernement
sioniste et la Knesset, sans
qu’aucun de ces organismes n’ose
prendre la décision, par crainte
d’une révolte généralisée. La seule
garantie pour protéger le quartier
reste l’unité de sa population et la
poursuite de leurs protestations
populaires.
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